Silvio Berlusconi marque encore une page de l’histoire dans l’affaire des déchets en Campanie. Le sourire triomphant, le président du Conseil italien se félicite d’avoir « résolu la crise des déchets ». Silvio Berlusconi n’en est pourtant pas à son premier éclat de voix. Cela fait quatorze ans que cette situation de crise persiste dans la province napolitaine et que les gouvernements se sont succédé, sans jamais parvenir à une solution définitive. Pour le moment le centre de Naples est propre, mais dire que tout est fini n’est pas suffisant.
Le Cavaliere se targue d’être le grand sauveur : « Nous avons maintenu la promesse des 58 jours : Naples et la Campanie sont de nouveau propres et occidentales malgré le désastre qui, grâce aux images de la télévision, avait détruit notre réputation dans le monde. Beaucoup avaient parié que le gouvernement n’aurait jamais réussi, mais ils ont eu tort. Nous avons réussi une mission qui était impossible. » Silvio Berlusconi, dans son élan de triomphalisme, en profite même pour donner des leçons d’altruisme en remerciant ceux qu’il n’hésitait pas à fustiger lors des dernières campagnes électorales : le maire de Naples, Iervolino, et le président de la région Campanie, Bassolino.
Sur les cinquante mille tonnes de déchets qui polluaient la région, il n’en reste que deux mille dans la périphérie de Naples. Une avancée remarquable, mais cette première bataille n’est pourtant pas terminée. L’urgence des incinérateurs constitue le deuxième front auquel doit s’attaquer désormais Silvio Berlusconi. En effet, la région napolitaine manque cruellement d’incinérateurs aux normes et le président du Conseil pense qu’il faudra trois ans pour résoudre ce problème. L’insuffisance d’usines de traitement est un des facteurs responsables de la crise d’hier. Pas assez d’incinérateurs donc des déchets qui s’accumulent. Le troisième front, et de loin le plus préoccupant, reste la crise sanitaire. Après quatorze ans d’abandon des ordures dans les campagnes, les sols présentent des taux anormaux de dioxines.
Des mesures pour lutter contre la mafia qui pratique le trafic illégal de déchets ont déjà été prises. L’antimafia a séquestré huit décharges illégales qui appartiennent à la famille mafieuse des Casalesi. De nombreuses entreprises du Nord de l’Italie, en déversant leurs déchets dans le Sud, entretenaient un circuit d’affaire avec les mafieux. Dix-sept personnes font l’objet d’une enquête pour camorra et désastre environnemental et dix appartiennent à la même famille. La guerre contre les mafias continue, mais les sols restent souillés.