En Italie seulement 47% des femmes travaillent, elles sont très peu à occuper des postes importants, les médias diffusent souvent une image stéréotypé de leur corps, le droit à l'avortement et l'accès à la procréation assistée sont sans cesse remis en question.
De nombreuses jeunes filles considèrent normal le fait d’utiliser leur corps pour se faire une place dans le monde du travail et le pays détient la 71ème place sur 135 dans le classement sur les différences entre les sexes selon un rapport du Forum Economique Mondial. Voilà le rapport homme-femme dans l’Italie d’aujourd’hui. Mais où est donc passé la parité ? Qu’a-t-on fait des luttes féministes des 1960 et 1970 ? Et les nouvelles générations ? Elles semblent insensibles au problème. Dans son dernier livre « Pensare l’impossibile. Donne che non si arrendono » la journaliste Anais Ginori trace un chemin aux multiples réponses. Son livre n’est pas une officine de données statistiques, ni un compendium du féminisme moderne en Italie et encore moins un pamphlet du machisme à l’italienne. La journaliste raconte des histoires d’hommes et surtout de femmes. Les premières pages de son ouvrage nous entrainent au Nigéria, premier pays exportateur de prostituées vers le « marché » italien. Puis Anais Ginori s’entretient avec un réalisateur de films pornos, l’inventeur des « scene di stupro ». Une rédactrice publicitaire et le collectif féministe de l’université La Sapienza nous livrent leur analyse de la condition des femmes dans la péninsule. Anais Ginori donne aussi la parole à Emile-Etienne Beaulieu (le créateur de la pilule RU486), Emma Bonino, Daniela del Boca, Luisa Muraro, Sofia Ventura ou encore Lorella Zanardo. Les pages défilent et toujours une même question revient à l’esprit : comment a-t-on pu en arriver là ? Le débat en 2010 devrait porter moins sur les différences entre les femmes et les hommes que sur les différences à travers la parité. Bref, le constat est alarmant puisqu’on en vient même à parler d’involution des droits des femmes. L’illustre figure du féminisme italien Sibilla Aleramo rêvait de voir ses « filles » libres et indépendantes elles sont aujourd’hui réduites à pure monnaie d’échange. La journaliste raconte comment est née son livre. Bloquée avec ses deux enfants dans les embouteillages, elle allume la radio. Le journal de 13h retransmet les écoutes téléphoniques de Gianpaolo Tarantino, l’homme qui fournissait les prostituées à Palazzo Grazioli, la résidence romaine de Silvio Berlusconi. Le proxénète raconte que pour réussir dans la vie il faut des femmes et de la cocaïne. Dans ce petit message neutre politiquement Anais Ginori note le subtil parallèle entre les femmes et la drogue. Les femmes réduites à simple marchandise. Pour la journaliste 2009 est l’année zéro de la femme : les call-girl, les « show girls » candidates aux élections européennes, les déclarations de Silvio Berlusconi sur les menstruations d’Eluana Englaro ( en état végétatif à l’époque) « signe qu’elle peut toujours avoir des enfants » notait le président du Conseil, etc… Anais Ginori parle avec clarté et lucidité de ce problème et trouve même les mots pour dire l’espoir qu’elle a dans la société. Car reprendre la révolution interrompue n’est pas une illusion. Une autre journaliste italienne, Concita di Gregorio, disait : « Nous sommes à un point de non-retour, si nous le dépassons il nous faudra plusieurs dizaines d’année avant de pouvoir faire marche arrière ». « Pensare l’impossibile. Donne che non si arrendono », di Anais Ginori ; Fandango, Roma, 2010, pag. 154, 14 euros.Billet de blog 27 mars 2010
Les femmes: une nouvelle marchandise italienne
En Italie seulement 47% des femmes travaillent, elles sont très peu à occuper des postes importants, les médias diffusent souvent une image stéréotypé de leur corps, le droit à l'avortement et l'accès à la procréation assistée sont sans cesse remis en question.
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