Des buffles paissent dans une ancienne décharge fermée (pour l’instant) en septembre 2007, à neuf kilomètres de Salerno.
Après six jours de crise sanitaire en Italie, la Commission européenne est satisfaite des mesures prises par les autorités dans la péninsule et au niveau du marché extérieur. Le retrait des étalages de la mozzarella de buffle contaminée, l’intensification des contrôles et des inspections dans les fromageries et auprès des élevages ont convaincu l’UE. Nina Papadouliko, la porte-parole du commissaire pour la Santé, a confirmé que « pour parler de vraie nocivité pour l’homme les taux de dioxine doivent être 5 à 10 fois supérieurs aux limites imposées et ce n’est pas le cas ici ».
La France, comme l’Allemagne et le Japon, a déjà rouvert ses portes après le blocage, pendant quelques heures, d’un des produits les plus apprécié du « made in Italy ». Le marché français représente 22% des exportations de mozzarella AOP (Appellation d’Origine Protégée) et cette décision est un soulagement pour les éleveurs et les producteurs du secteur qui ont déjà perdu au total 30 millions d’euros. Les résultats des 80 échantillons de lait en cours d’analyse tombent au compte-gouttes. 8 échantillons ont déjà été contrôlés positifs. Ce sont au total 112 établissements qui font l’objet de perquisitions et 50 d’entre eux sont encore sous saisie, en attente des résultats.
Mais la majorité des éleveurs voit un retour à la normale difficile même en cas de contrôle négatif. Selon eux les consommateurs font le lien direct avec les tonnes de déchets déversées dans les campagnes et dans les rues des provinces de Campanie ces derniers mois. Nicola Cecere, un éleveur de Caserta, affirme « qu’il n’y a aucun rapport entre la dioxine et les déchets ». Le lien entre les deux n'est pas confirmé. Cependant, les images de la vidéo ne sont pas rassurantes.
Le reportage de La Repubblica du 28 mars 2008 confirme que certains éleveurs sont victimes de la proximité des centres de compostages de déchets et de « mystérieux feux de nuit ». Maria Pennachio, qui possède un élevage de 300 têtes à San Tammaro, pense que ce sont « des ordures » qu’ « ils » brûlent toute la nuit depuis plusieurs années et de façon abusive. Depuis, son élevage est sous contrôle et apparaît sur la liste noire du procureur de Naples. Elle attend encore le résultat des analyses.
En Campanie, la Camorra (mafia locale) est propriétaire de nombreux terrains qui peuvent servir au stockage provisoire ou définitif des détritus. La pègre locale possède également des entreprises de transport qui s’occupent de récupérer les déchets urbains et de les transporter jusqu’aux incinérateurs ou aux décharges. Une possible collusion des pouvoirs économiques mafieux explique peut-être l’optimisme du boss Francesco Schiavone, propriétaire d’une entreprise qui figure elle aussi sur la liste noire de la mozzarella à la dioxine. Le chef cammorista pense que « les carabiniers peuvent faire des erreurs dans les analyses ». Et d’ajouter sur un ton agressif : « j’ai fait des analyses privées et tout est en règle ».
La Commission européenne continuera de collaborer avec le gouvernement italien pour mettre en place un plan de contrôles en deux phases : le premier dans les villes de Caserta, Avellino et Naples, le deuxième dans le reste de la région