(génocide en Palestine, élections législatives avec forte malchance que l’extrême.droite soit majoritaire)
Mon handicap.
En ce moment, je sens fort en quoi être moi est handicapant. Et cela ne se voit pas. La situation mets cela en exergue.
Deux de mes ami.e.s (sur pas beaucoup plus) sont inatteignable parce qu’iels militent. Moi je milite de bric et de broc, comme je peux avec mon énergie de casserole cassée. Parce que je n’arrive pas à rester les bras ballants, c’est une urgence en moi. Même si certains jours je n’arrive plus rien à faire.
Je me sens exclu. Ce n’est pas nouveau, ça fait partie de l’histoire de ma vie. Mais d’une manière différente. Je ne suis pas capable de sociabiliser de la même manière que la plupart des gens. Je suis très fatiguable. J’habite loin de la ville. Je n’ai pas de smartphone. J’ai des obligations et des luttes familiales. Je n’ai pas de groupe, ni même de binôme dans cette lutte. Il faut dire que je suis solitaire aussi. Et que mon énergie très fluctuante n’aide pas à m’organiser avec d’autres.
Alors, même quand ce n’est pas volontairement blessant, oui, quand on me dit qu’au début, elle ne connaissait personne, qu’avec unetelle elle est allée en manif et a parlé avec les personnes pendant après les manifs. Que je n’ai qu’à contacter par mail. En fait, moi je n’ai même pas l’information des manifs. Je n’ai pas eu de réponses par mail. J’ai de la peine à parler avec des gens que je ne connais pas. Je ne sais pas bien comment fonctionnent les réseau. Je n’ai pas de binôme. Alors je suis quand même blessé.
Je me sens incompris et pas pris en compte dans l’intégralité de ma personne. Je crois que la personne n’a pas compris que j’avais des handicaps et il n’y a pas de temps libre pour que je le lui explique. Et je ne sais pas comment lui en parler pour qu’elle comprenne mais ne se sente pas attaquée, parce que ce n’est pas ce que je souhaite.
Je suis seul. Isolé. Je voudrais ne pas l’être, mais ce n’est pas évident. Pourtant je ne lâche pas. Je fais les choses à ma hauteur. Ce que je peux. Je m’informe. Je suis allé à quelques manif. J’ai donné plusieurs centaines d’euros en dons pour de l’aide en Palestine, au Soudan, au Congo, à des personnes en galère. J’ai acheté des drapeau de plusieurs pays. L’un est accroché à ma fenêtre. Un autre recouvre la fenêtre arrière de ma voiture. J’ai écrit pour informer ma famille et me suis reçu de la violence de ma tante. J’ai parlé à mon voisin qui voulait voter blanc. Pour les législatives, j’ai imprimé près de 500 tracts avec mon imprimante que j’ai mis dans des boîtes aux lettres, presque toutes, pendant que j’avais cette énergie. J’ai liké des post, reposté sur facebook – parce que sur ordinateur, je ne peux pas sur insta. Écris sur mes groupes. Envoyé un sms aujourd’hui à la presque quasi-totalité de mes contacts en prenant le risque d’en froisser par cet acte.
Personne ne me force. J’aimerais juste que ce soit pris en compte.
Aujourd’hui je me suis effondré parce qu’une de ces contacts m’a répondu - d’une manière même pas méchante mais qui m’a activé je ne sais pas exactement pourquoi - de ne plus lui envoyer ce genre de message (pour précision, je suis pour le fait de dire non et d’exprimer quand on n’est pas d’accord, c’est le principe du consentement, le problème ici n’était pas le fait mais la formulation – et ce n’était pas un problème venant de la personne mais qui me touche moi du fait de mon expérience personnelle, que la personne en question ne connaît pas). Ce que je vais respecter, bien sûr.
Je suis désespéré. Je fait tout ce que je peux pour que l’extrême-droite ne passe pas. Je n’ai pas peur pour moi en premier je crois (il faut dire aussi que j’évite d’y penser. Parce que quand j’y pense, oui, j’ai peur. Pas forcément pour tout de suite. Mais d’ici quelques années...).. Juste je veux pouvoir espérer. Pour tout le monde. Pour le monde entier. Je veux pouvoir espérer qu’on puisse continuer à acquérir des droits. Qu’on puisse aider les autres peuples, les autres. Que les morts cessent et non pas augmentent.
Je suis convaincu que ça passe par du lien. Alors je souffre du manque de lien, du manque de soin de ces deux ami.e.s. Et je ne peux même pas leur en vouloir. Je sais dans quelle énergie du désespoir iels sont aussi, dans quelle lutte, dans quel épuisement iels sont. Je suis triste.
Ce soir, je voudrais partager les résultats avec une ou quelques personnes, être entouré, ne pas être seul. Mais je sais que je suis aussi en état de saturation, que je ne peux pas être en présence d’un grand groupe de personnes, encore moins un gros événement.
Je suis fatigué, épuisé, apeuré, triste et en colère. En désespoir, en anxiété. Et je suis quand même là. J’ai envie de partager mon amour.