Ce n'était plus qu'une question d'heures. L'annonce d'une alliance dès le premier tour des élections municipales à Paris entre écologistes, communistes, socialistes et ex-insoumis n'a pas vraiment surpris le 17 décembre au matin.
L'idée germait depuis quelques mois déjà, l'ombre de Rachida Dati planant au dessus des têtes roses, rouges et vertes. Car c'est bien la candidate de la droite qui fut malgré elle l'élément déclencheur de l'union de la gauche. Car elle est le symbole d'une droite trumpisée qui n'a pas honte d'ouvrir la porte à une union avec l'extrême droite. Le symbole aurait été trop grand, Paris, la capitale, la ville Lumière, qui tombe aux mains de la droite extrêmisée qui discute avec le RN, qui ne déclare pas ses bijoux à la Haute Autorité de la Transparence de la Vie Publique, qui décime les fonds dédiés à la Culture, qui ne protège pas assez le musée le plus visité au monde. L'alliance de la gauche paraît alors logique, et elle prend encore plus de sens quand on sait qu'elle n'est pas vaine car il est possible qu'elle l'emporte.
Pourquoi sans LFI ?
Mais un détail est cependant gênant. Pourquoi sans LFI ? Car malgré des positions controversées de Jean-Luc Mélenchon, les électeurs insoumis aspirent eux aussi à une renaissance du NFP. L'explication du fait que les Insoumis ne fassent pas partie de cet attelage ? Sûrement car même si le PS aurait bien voulu s'allier avec les Insoumis, ces derniers auraient certainement décliné l'offre, comme dans toutes les autres villes de France déjà dirigées par des édiles de gauche (Marseille,Lyon, Grenoble...).
Cela s'inscrit très probablement dans la stratégie pour la présidentielle du mouvement de Jean-Luc Mélenchon qui a déjà dit non au processus de création d'une primaire commune de la gauche, le "Front Populaire 2027", processus enclenché par Lucie Castets, ancienne candidate du NFP à Matignon et soutenu par Marine Tondelier, Olivier Faure, François Ruffin, Clémentine Autain...
À un parti près (le PCF), cette coalition allant de la gauche dite "radicale" à a gauche dite "de gouvernement" pourrait donner de l'espoir aux électeurs de gauche.
Si cette primaire, qui devrait avoir lieu début octobre, se tiendra vraiment, tout l'enjeu pour ce "nouveau nouveau front populaire" sera de récupérer les voix des Insoumis, qui feront basculer l'élection entre la qualification ou non de Mélenchon, qui aurait moins de chance de l'emporter face au RN ou d'un candidat commun du reste de la gauche au second tour.
Mais il faudra aussi pour le Front Populaire 2027 un "cap clair", celui d'une gauche qui ne se reniera pas une fois au pouvoir, sans quoi elle paraîtra comme inutile au bonheur et au progrès de la société.
Tout l'enjeu sera aussi que le PS ne décide pas au dernier moment de soutenir Raphaël Glucksman, candidat de centre-gauche qui s'est dit opposé à la primaire, ce qui engendrerait un effondrement du "nouveau nouveau front populaire".
Mais il est du devoir de la gauche de se parler, d'échanger, de discuter, de construire, "de Poutou à Hollande" pour rallumer une lueur d'espoir au bout d'un tunnel qui semble infini. L'alliance aux municipales en est la première pierre.