Non pas que la presse britannique de caniveau nous ait habitué à une déontologie journalistique hors normes. On se serait cependant attendu à ce que le correspondant parisien du tabloïd boueux, à défaut de décrocher le téléphone et demander à Jean-Luc Mélenchon de confirmer ou d’infirmer l’information [sic] selon laquelle il invitait les manifestants de premier mai à s’armer de barres de fer, ou alors de vérifier auprès d’un humain ayant une connaissance minimale de la langue française si ce qu’il lisait correspondait vraiment à ce qu’il croyait y comprendre, que le journaliste sache au moins manier internet de manière à taper, « bras de fer » dans une fenêtre de recherche, et d’en attendre la traduction qui, et cela pourra étonner Peter Allen (déjà repéré par un collègue qui pratique même le peterallenwatch) ne signifie pas « barre de fer »! Peu importe! Que la diffamation commence!
Le tout accompagné d’une photo de Mélenchon parfaitement adaptée au traitement parodie-vampire par d’éventuels gais lurons du Front national, qui ont cette habitude aussi puérile qu'inintéressante de trafiquer les images surexposées du co-président du Front de Gauche pour en faire des zombies staliniennes, et autres défigurations d’un gout douteux. Sous la photo, quelques mots qui assassinent la profession journalistique en même temps qu’elles condamnent le candidat : « Inciting violence: Left-wing presidential candidate Jean-Luc Melenchon (pictured) has called on protesters to 'bring iron bars' as right wing rivals gather in Paris tomorrow”
Je vous offre la traduction, car contrairement à Peter Allen, je sais traduire : « Incitation à la violence : Candidat présidentiel de gauche, Jean-Luc Mélenchon (en photo) a appelé les manifestants à « amener des barres de fer » alors que ses rivaux de droite se rassemblent à Paris demain. »
Assez inquiétant tout ça. Et où donc, et quand, Jean-Luc Mélenchon aurait-il formulé une demande assez contraire aux habitudes républicaines du personnage? Cela aurait-il pu nous échapper entre deux vers d'Hugo, entre Éluard et une réference au commandement intégré de l'OTAN, entre le révolution citoyenne et la planification écologique? La question, posée par voie de commentaire dans le site du Mail restera sans réponse. Des nombreux commentaires laissés pour expliquer à Allen que non, un bras ce n’est pas une barre, qu’il n’y a aucune trace dans la presse française de tels propos, qu’il n’y a pas eu d’incitation à la violence formulée par Jean-Luc Mélenchon, aucun ne sera publié. Sur la page de l'article on peut voir quatre commentaires, dont le dernier fait l’éloge de Marine Le Pen.

Qu'on se le tienne pour dit: les lois britanniques sont assez défavorables aux personne accusées de diffamation. À bon entendeur, salut!