Les faits : Mardi 13 octobre à Romainville, la famille Diassiguy, qui vit depuis 25 ans dans le bâtiment J de la cité Gagarine avec neuf enfants se fait expulser de son logement. Pourtant, la dette de loyer a été payée. Le 2 octobre, la Préfecture du 93 a accordé le concours de la force publique. Depuis mars 2015, la famille paie l’intégralité du loyer et c’est maintenant au bailleur de demander à la CAF de verser rétroactivement les APL depuis leur suspension, et de signer un “protocole Borloo”.
Une expulsion violente. À 9h30, le commissaire et 40 gendarmes lourdement équipés ont chargé sans sommation les habitants et les militants installés devant la porte. Ils ont blessé le fils aîné et M. Boughanmi, voisin et vice-président de l'association SPOUTNIK. Il a été arrêté puis relâché grâce à la mobilisation des habitants. Afin de procéder à l'expulsion, les forces de l'ordre cassent les vitres de la porte d'entrée et enfoncent la porte du logement.
Une intimidation politique ? Lors du rassemblement de soutien à la famille le mercredi 14 octobre devant la mairie, beaucoup d'habitants relevaient l'étrange coïncidence entre cette expulsion violente - qui n'est pas la première - et le mécontentement affiché des habitants de la cité face au projet de rénovation construit et pensé sans eux.
Des faits à la fable du Parisien. Voici l'article paru dans le Parisien du 14 octobre :
« Selon l’office HLM, la famille composée de neuf membres avait une dette de loyer s’élevant à 9 220 €. Selon la maire divers gauche, Corinne Valls, menacée dans une vidéo amateur de l’expulsion, cette famille était en surnombre dans le logement et, du coup, source de gêne et désagrément pour le voisinage. »
La journaliste du Parisien, visiblement contrainte par un nombre limité de caractères pour écrire son article, transforme neuf enfants en « neufs membres » qui, vivant ici depuis toujours, se retrouvent à la rue. Elle n'oublie pas, cependant, d'affirmer que la victime, "menacée" par les classes dangereuses, est bien madame le maire. Maître de la logique, M-P. B. instaure "du coup" un lien de cause à effet entre une famille nombreuse et le "désagrément pour le voisinage". Elle aurait presque pu y ajouter « le bruit et l'odeur »... Ce même voisinage a pourtant manifesté avant-hier soir et a fait fermé la mairie hier... Logique !
« Selon des habitants émus de la situation, soutenus par Droit au logement (Dal) et des opposants à Corinne Valls, la famille aurait apuré ses dettes. Face à la forte mobilisation des riverains, depuis quelques jours, les représentants des forces de l’ordre ont dû intervenir en nombre. »
Mais cette mobilisation des habitants (récupérée par de sombres "opposants") n'est pas politique. Selon la journaliste, créer une association (SPOUTNIK) pour lutter contre un projet anti-démocratique n'est qu'une simple manifestation émotive. Si la culture politique n'est visiblement pas un critère de sélection pour écrire au Parisien, une parfaite maîtrise de la conjugaison et une certaine richesse lexicale sont vivement recommandées : "aurait apuré"... Quel suspens, quel talent ! Retour à l'indicatif, mode permettant d'exprimer l'inscription dans le réel, et apparition du verbe "devoir" lorsqu'il s'agit de la répression policière : la logique de M-P. B. frappe encore... On entendrait presque le bruit des matraques.
« Le face à face a été plus que mouvementé. Dans sa colère, un homme soutenant la famille, a porté un coup avec son porte-voix à l’un des fonctionnaires, le blessant légèrement à l’œil. Ce dernier aidé de ses collègues a répondu en interpellant fermement l’agresseur, également légèrement blessé dans l’altercation. »
"Colère" et bas instincts des habitants face à une police mesurée en position de légitime défense... Encore une fois, c'est LOGIQUE car c'est le peuple qui réprime le pouvoir d'État et non le pouvoir d'État qui réprime le peuple.
Contrairement à la propagation d'un discours dominant réactionnaire qui nie la réalité, la conclusion sera dénuée d'effet de style : Avant-hier, une famille se retrouve à la rue. Hier, 14 octobre, manifestation de solidarité apaisée de 150 personnes devant la mairie et dans la rue, 13 camions de CRS, une quarantaine d'officiers en tenue et armés. Mais d'où vient la violence ?