Justin Scheck et Thomas Gibbons-Neff, The New York Times, 28/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Ils se sont précipités en Ukraine par milliers, beaucoup d’entre eux étant des USAméricains qui ont promis d’apporter leur expérience militaire, de l’argent ou des fournitures sur le champ de bataille d’une guerre juste. Les journaux locaux ont salué leur engagement et les donateurs les ont soutenus à hauteur de millions de dollars.

Aujourd’hui, après un an de combat, nombre de ces groupes de volontaires se battent entre eux et sapent l’effort de guerre. Certains ont gaspillé de l’argent ou pratiqué l’imposture militaire. D’autres ont joué les caritatifs tout en essayant de tirer profit de la guerre, comme le montrent les archives.
Un lieutenant-colonel de marine à la retraite originaire de Virginie fait l’objet d’une enquête fédérale usaméricaine sur l’exportation potentiellement illégale de technologies militaires. Un ancien soldat de l’armée de terre est arrivé en Ukraine pour ensuite trahir et passer à la Russie. Un homme du Connecticut qui a menti sur son service militaire a publié des mises à jour en direct du champ de bataille - y compris sa position exacte - et s’est vanté d’avoir facilement accès à des armes usaméricaines. Un ancien ouvrier du bâtiment concocte un plan visant à utiliser de faux passeports pour faire entrer clandestinement en Ukraine des combattants pakistanais et iraniens.
Et dans l’un des cas les plus curieux, l’un des plus grands groupes de bénévoles est mêlé à une lutte de pouvoir impliquant un homme de l’Ohio qui a faussement prétendu avoir été à la fois un marine usaméricain et un manager assistant de LongHorn Steakhouse [une chaîne de malbouffe carnée, NdT]. Le litige porte également sur un incident vieux de plusieurs années survenu dans le cadre d’une émission de télé-réalité australienne.
De tels personnages ont leur place dans la défense de l’Ukraine en raison du rôle d’intermédiaire joué par les USA : l’administration Biden envoie des armes et de l’argent, mais pas de troupes professionnelles [ça reste à voir, NdT]. Cela signifie que des personnes qui ne seraient pas autorisées à s’approcher du champ de bataille dans une guerre menée directement par les USA sont actives sur le front ukrainien, souvent avec un accès non contrôlé aux armes et à l’équipement militaire.
De nombreux volontaires qui se sont précipités en Ukraine l’ont fait de manière désintéressée et ont agi avec héroïsme. Certains ont perdu la vie. Des étrangers ont secouru des civils, aidé des blessés et combattu férocement aux côtés des Ukrainiens. D’autres ont collecté des fonds pour acheter des fournitures essentielles.
Mais dans la plus grande guerre terrestre qu’ait connue l’Europe depuis 1945, l’approche do-it-yourself [démerde et bricolage]ne fait pas de distinction entre les volontaires formés et ceux qui n’ont pas les compétences ou la discipline nécessaires pour apporter une aide efficace.