Adi Cohen, Haaretz, 24/5/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
« Nous aimons vraiment Israël, mais trop c'est trop » : 56 000 Israéliens ont reçu la nationalité portugaise ces dernières années, et 15 000 vivent déjà dans ce pays européen, dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure.

La Praça Luis de Camoes à Lisbonne. Photo : Maria Eklind
Au milieu des paysages verdoyants d'une petite ville endormie, à huit kilomètres de Porto, au Portugal, un nouveau cimetière juif a été inauguré au début du mois, plus de 500 ans après sa destruction par l'Inquisition. L'événement s'est déroulé le jour même où Israël commémorait ses soldats tombés au combat ; des dizaines de membres de la communauté juive de Porto ont assisté à la cérémonie, ainsi que des rabbins venus de tout le pays baigné de soleil.
Ils étaient tous là pour marquer la renaissance d'une communauté qui avait été expulsée du Portugal et qui se développe et prospère aujourd'hui, en grande partie grâce aux 150 000 Israéliens qui ont demandé la nationalité portugaise au cours des dernières années. Au moins 56 000 de ces demandes ont déjà été approuvées, et des dizaines de milliers de demandes supplémentaires attendent encore l'approbation des fonctionnaires du ministère portugais de la Justice.
Certains des participants à cet événement symbolique, de manière surprenante ou non, étaient destinés à se retrouver quelques heures plus tard lors de l'une des diverses célébrations de la Journée de l'indépendance israélienne organisées ce soir-là, que ce soit à Porto, à Coimbra ou lors de l'événement principal à Lisbonne, où ils ont dansé sur la musique de la chanteuse israélienne Einat Sarouf.
Des milliers de jeunes Israéliens, célibataires, couples et familles, qui se sont installés au Portugal ces dernières années, ont également été invités à ces événements. Cela reflète une tendance qui s'est accélérée au cours des derniers mois, en particulier à la lumière des bouleversements politiques en Israël, qui ne semblent pas près de s'atténuer.
« Lorsque je suis arrivé ici en 2007, j'étais comme un pionnier, l'un des premiers Israéliens à Porto. Je tournais la tête si j'entendais de l'hébreu dans la rue », raconte Eliran Graedge, agent immobilier et propriétaire d'un restaurant rapide méditerranéen de poisson, qu'il a ouvert près du quartier historique de Porto le même week-end de la fête de l'indépendance. « Aujourd'hui, c'est un monde complètement différent ».
Ces dernières années, le Portugal est devenu un pôle d'attraction pour les Israéliens. Au début, c'était parce qu'il était facile d'en obtenir la citoyenneté : En 2015, le Portugal a déclaré que tous les descendants des Juifs portugais qui ont été expulsés du pays il y a plusieurs siècles étaient éligibles. Ensuite, ou même en parallèle, l'intérêt croissant des investisseurs israéliens pour le marché immobilier portugais. Plus récemment, le nombre croissant d'Israéliens à la recherche d'une alternative aux troubles politiques locaux et au coût élevé de la vie les a également attirés dans le pays.