Gianfranco Laccone, ClimateAid.co.uk, 3/8/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Je ne sais pas si les déclarations d’António Guterres (SG de l’ONU) - « Plus de faim et de migrations du fait de l’urgence climatique. Nous devons agir maintenant » -, au lendemain du sommet “Faim Zéro” de la FAO, seront d’une quelconque utilité, alors que même la voix du Pape sur ces questions semble se perdre dans le vide. Le fait est que cette semaine, les inquiétudes concernant l’évolution de la guerre en Ukraine ont pris une place plus importante dans les médias (c’est la seule raison pour laquelle le blocus commercial des céréales a fait la une), dépassant même les préoccupations concernant le changement climatique : dans ce cas, après la semaine caniculaire, en Italie, le dicton populaire semble s’être réalisé : “Passata la festa, gabbato lo santo !” [La fête passée, adieu le saint].

Seul le front négationniste semble pouvoir faire la part des choses, sous l’aile noire de la conspiration : le changement climatique, la faim, la guerre, les migrations et le commerce des céréales sont des thèmes bidons, qui ne servent qu’à détourner l’attention de la réalité. Mais on ne sait pas ce qu’est cette réalité, et même la nostalgie d’une époque mythique meilleure semble se perdre dans le ressentiment à l’égard des générations passées, coupables de ne pas avoir laissé un héritage positif.
Malheureusement, les grands problèmes ne sont pas le résultat d’une conspiration qui, si elle existait, pourrait encore être déjouée en sauvant l’humanité comme dans les films de science-fiction, mais une réalité qui a longtemps été sous-estimée par les gouvernements qui ont caché la poussière de la pollution et de la production de CO2 sous le tapis du “progrès”, en espérant que les choses se résoudraient ensuite d’elles-mêmes. Aujourd’hui, les problèmes arrivent tous en même temps et ne seront pas résolus par des interventions individuelles spécifiques ; il faut s’attaquer à l’ensemble des problèmes, en établissant des priorités quant au lieu et au moment de l’intervention, mais en tenant compte de tous les aspects. Cela décourage les institutions et pousse les gouvernements à la guerre : quoi de mieux que le “tous contre tous” lorsque la colère monte et que l’on ne sait pas quoi faire ?
La situation du commerce des céréales, depuis l’embargo commercial mis en place sur le gaz dans le cadre du conflit en cours jusqu’à la fin de l’accord sur les céréales entre la Russie, la Turquie et l’Ukraine, est un cas exemplaire du mouvement irrationnel des acteurs politiques.
Après l’invasion de l’Ukraine, l’OTAN a demandé des représailles commerciales par le biais d’un embargo sur le commerce du gaz, ce à quoi la Russie a répondu en bloquant les ports et en mettant fin au flux commercial de céréales de l’Ukraine vers le reste du monde.