Il y a six ans, la journaliste italienne Francesca Borri (Bari, 1980), avait rencontré pendant cinq jours le leader du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar, et s’était entretenue avec lui. Au cours de leurs échanges, Sinwar souligne que l’échange de prisonniers est un élément important de tout accord avec Israël et affirme qu’il n’est pas intéressé par la poursuite des combats, mais « cela ne veut pas dire que je ne me battrai pas si c’est nécessaire ». L’entretien a été publié par le journal israéliien Yedioth Ahronoth le 10 mai 2018. On peut lire à la suite de l’entretien une brève conversation récente de Borri avec la Radio publique nationale des USA .- Fausto Giudice, Tlaxcala

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Francesca Borri, Yedioth Ahronoth, 10/5/2018
Quand je dis que j’ai rencontré Yahya Sinwar, la première question est toujours : et où ? Dans un tunnel ? Non, dans son bureau. Mais aussi dans d’autres bureaux, en visitant des ministères ou un magasin, une usine, un hôpital, dans des cafés, dans des maisons ordinaires de familles ordinaires. Pendant une heure ou trois heures. En tête à tête ou non. Pendant cinq jours. J’ai été libre de parler de tout, et avec tout le monde, le reste du temps. Sans aucune restriction. Et je n’ai jamais eu peur. Jamais. Je n’ai jamais eu de raison de me sentir en danger.
Nous avons obtenu cette interview après de longues négociations. C’est normal, en effet, d’autant plus que ces dernières années, j’ai passé la majeure partie de mon temps à couvrir la Syrie et que j’avais en quelque sorte perdu mes contacts avec le Hamas. J’ai donc été aidée par d’autres Palestiniens, en premier lieu par un dirigeant de longue date qui n’appartient pas au Hamas, bien au contraire : il vient de la gauche. Mais il est l’un des intermédiaires des gouvernements d’union nationale. Et l’union nationale, ici, c’est ce que tout le monde veut.