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Billet de blog 2 août 2019

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Un Italien chargé de mission à Matignon

L'italien Sandro Gozi vient d'être nommé chargé de mission à Matignon pour les Affaires européennes. Une procédure légale mais encore jamais utilisée en France. Les Italiens sont furieux et crient à la trahison. Chez nous, silence radio. C'est étrange car cette nomination est révélatrice de ce qu'elle est : la mise en place d'une Europe supranationale.

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Le 30 juillet l'Italien Sandro Gozi, 51 ans, a fait son entrée à Matignon comme chargé de mission aux Affaires européennes. C'est une première.

Sandro Gozi sera-t-il le Mazarin d'un faux Soleil crépusculaire ? Appelé au secours pour lui redonner un peu d'éclat ? Que nenni ! L'ancien secrétaire d'État aux Affaires européennes du gouvernement Prodi n'a que faire de la France. Il défend l'Europe.

Il sera d'ailleurs chargé, selon Matignon, du renforcement économique, industriel et social de l'Union européenne. On appréciera au passage la hiérarchie des priorités.

Sandro Gozi fut dix ans le collaborateur de Romano Prodi à la Commission européenne. C'est un parfait apparatchik qui sait de quoi il parle. Depuis quinze ans d'ailleurs il dispense la bonne parole européenne à Science Po, dont il est diplômé, ce qui lui donne un vernis parisien de bon aloi. Un vernis seulement.

Car il est surtout, depuis 2018, président de l'Union des Fédéralistes européens. Un regroupement de convaincus qui militent pour la fin des Etats-nations et l'avènement d'une Europe supranationale. Autrement dit un lobbyiste politique.

Il vient ainsi renforcer la stratégie macronienne de liquidation de l'Etat, dont Aurélien Taché, député LaREM, a souligné l'objectif lors des dernières élections européennes : transférer à l'Europe la plus grande partie de ce qu'il reste de la souveraineté française. C'était chez Ardisson le 3 décembre 2018.

Il est dommage que cette déclaration n'aie pas eu la publicité qu'elle mérite. Mais ça peut se rattraper.

La nomination à Matignon de Sandro Gozi n'est que provisoire. Élu en 22e position député européen sur la liste de LaREM, il doit attendre le départ des eurodéputés britanniques après le Brexit pour récupérer un siège au Parlement. En attendant il est payé par le contribuable pour une durée indéterminée.

Cette nomination a choqué en Italie, où  Sandro Gozi  est accusé de trahison. C'est lui faire un mauvais procès.

Ce pur produit de l'oligarchie européenne n'est soumis à aucun conflit de loyauté. Ni Italien ni Français, il vit déjà dans un autre espace : celui des TGV inter-mégapoles, des zones piétonnieres interchangeables de Gibraltar à Helsinki, de l'anglais devenue langue d'usage... Partout chez lui car retrouvant partout les mêmes repères. Comme les mêmes plaques minéralogiques illisibles et uniformes d'un bout à l'autre du Vieux continent.

Dans quelques mois Sandro Gozi ira siéger sur les bancs du Parlement européen pour défendre et consolider la construction européenne. En faisant fi des révoltes qui refusent depuis quatorze ans cette Europe-là.

La suite de l'histoire est facile à imaginer.

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