Elle traversera l'Atlantique à la voile.
Greta Thunberg se rendra au sommet pour le climat, le 23 septembre prochain à New York, à bord d'un voilier super écolo. Une coque de noix de 18 m, bardée de panneaux solaires et d'hydrogenerateurs, propriété de la famille régnante de Monaco. Hors de prix mais zéro émission de carbone. La preuve que la recherche et la technologie sont l'avenir du monde. Mais pas de tout le monde ? Vous n'êtes jamais contents !
Pire: vous êtes jaloux car l'icône Greta Thunberg, 16 ans et demi, c'est frais, c'est plein d'énergie (verte)... et ça marche.
En janvier dernier, le forum de Davos, rassemblement annuel des élites politiques et économiques mondiales, lui a déroulé le tapis rouge. L'ado au visage fermé et son discours apocalyptique ont fait forte impression. Elle a été très applaudie. Vas-y, Greta, fais-nous mal, c'est bon ! Et surtout ça ne tire pas à conséquences.
Tout comme son passage remarqué à l'Assemblée nationale le 23 juillet. Invitée par Matthieu Orphelin, député LaREM, Greta Thunberg a fait passer sur les 170 parlementaires venus l'écouter le frisson de la peur. On en frémit rien que d'y penser.
Petit flottement quand à une question sur le CETA, le traité de libre-échange avec le Canada, la passionaria de l'écologie a déclaré n'avoir aucune opinion sur le sujet. Il ne faut pas tout mélanger. Sainte Greta ne se mêle pas des affaires du monde. Sa maman, chanteuse célèbre en Suède, et son papa, homme d'affaires, lui ont bien fait la leçon. Les discours, ça va, mais la politique, c'est pour les adultes. Classée X. La politique, c'est le porno de l'écologie néolibérale, ne te salis pas avec ça !
Quelques minutes après le départ de Greta, l'Assemblée nationale a ratifié le CETA. A une écrasante majorité. CQFD.
Car Greta Thunberg a un message caché. Oui, la planète est en danger, et nous aussi, forcément. Oui, il y a urgence. Mais la recherche et la technologie sont la solution. Pas question de renoncer au commerce international en relocalisant la production, par exemple. Ou en interdisant illico les pesticides. Il ne faut pas toucher au modèle techno-industriel. Et surtout pas au néolibéralisme, qui représente l'apogée de la civilisation. Il suffit juste d'investir beaucoup d'argent pour que les élites puissent continuer à vivre "normalement", par exemple à faire joujou sur les sept mers avec des yachts irréprochables. On en bave d'envie...
Et c'est pas fini. Car le bas peuple, le vulgum pecus comme dirait Macron, doit, lui, se serrer la ceinture. Se déplacer à la nage, par exemple. Excellent pour la santé. Ou à trottinette, quand toutes les lignes de train secondaires auront été supprimées.
Et manger les cochonneries à bas prix qu'on interdit chez nous mais dont le Canada et les Etats-Unis sont autorisés à nous gaver avec la bénédiction de l'Union européenne. Cochonneries importées par avion bien sûr. Mais Greta Thunberg n'aura jamais aucun avis sur la question.
Elle est bien trop occupée à nous faire peur.