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Billet de blog 10 septembre 2019

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PMA pour toutes : la boîte de Pandore

La PMA pour toutes les femmes semble faire consensus mais le débat n'a jamais été ouvert. Est-on d'accord pour que la collectivité finance cette PMA via la Sécu ? Pour faire d'un acte médical un acte sociétal ? Pour supprimer la paternité de la filiation ? Pour établir un droit à l'enfant ? Prochaine étape : la GPA.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Concernant la PMA universelle qui viendra en débat à l'Assemblée le 24 septembre, il est indispensable de poser enfin les questions de fond.

Selon les sondages, 65% des Français y sont favorables. Mais les mêmes sont-ils d'accord pour financer cette universalisation, afin que n'importe quelle femme se fasse inséminer ? Car le remboursement est prévu par la Sécurité sociale.

Par ailleurs la législation actuelle considère la PMA comme un acte médical. Elle concerne les couples hétérosexuels qui ne peuvent pas avoir d'enfant pour des raisons médicales diagnostiquées. Avec la PMA universelle on passe à un acte sociétal. Un médecin doit-il effectuer un acte non médical ? Ce serait une première. 

Y a-t-il un droit à l'enfant ? Silence radio (et télé).

Autre aspect de la chose : la PMA universelle dissocie radicalement sexualité et procréation... à des fins de procréation. Dans ses rêves les plus fous saint Paul, grand contempteur du corps des femmes, n'aurait pas imaginé une telle réalisation. Plus besoin de se livrer à un acte dégoûtant !

Dans la foulée, la paternité passe à la trappe. Le complexe d'Oedipe devient une construction purement symbolique, éthérée, fondée sur le sexe des anges. Et qu'on ne renvoie pas aux enfants "naturels"  élevés par des couples de femmes. Ils le vivent très bien, mais eux, ils ont une présence masculine dans les parages.

Quant aux femmes seules ainsi "comblées", elles pouvaient certes adopter, ce qui est déjà une aberration. Mais pourquoi la société doit-elle payer deux fois : d'abord pour leur rembourser la PMA (ce qui n'est pas le cas pour l'adoption), ensuite pour verser des aides "parent isolé" à une personne qui fait ce choix de vie ? Force est de reconnaître que la question n'a jamais été posée pour l'adoption par un célibataire, femme ou homme.

Y aura-t-il pénurie de gamètes ? Les CECOS (Centres d'étude et de conservation des oeufs et du sperme humains) ont commencé à tirer la sonnette d'alarme. Les couples médicalement infertiles risquent d'attendre encore plus longtemps. Ou de devoir aller à l'étranger. Sont-ils d'accord pour cette PMA universelle ? On pourrait leur poser la question.

Enfin, on voit d'ici la discussion quand l'enfant, à l'âge des interrogations, demande comment il a été conçu. Des voix s'opposent à la mention de la PMA pour les couples de femmes au motif que cela n'est pas obligatoire pour les hétérosexuels. Ça va devenir acrobatique d'expliquer comment on fait les bébés... 

Prochaine étape : la reconnaissance des mères porteuses, pudiquement baptisées Gestation pour autrui (GPA), pour effacer toute image de femme. Pour établir les droits des homosexuels(les) il aurait suffi d'améliorer le PACS. En 2012, les culs-bénis de la Manif pour Tous avaient crié au loup : le mariage n'est qu'un début, le but c'est l'ouverture aux homosexuel(le)s de toutes les techniques de procréation via l'égalité des droits. Le gouvernement avait juré ses grands dieux que non, ça n'avait rien à voir avec la PMA. Aujourd'hui l'argument avancé est celui de l'égalité des droits...

En 2019, le gouvernement jure ses grands dieux que non, la PMA n'a rien à voir avec la GPA. Mais s'apprête, sans aucun débat, à reconnaître la filiation des enfants nés de GPA l'étranger. Il y est sommé par la Cour européenne des droits de l'homme. Une façon de faire aux peuples un enfant dans le dos. Prochaine étape donc : la légalisation de la GPA au nom de l'égalité des droits. Sur injonction probable de la Cour européenne des droits de l'homme.

Bref, cette universalisation annoncée de la PMA est une boîte de Pandore, dont on se rappelle qu'elle fut présentée comme un cadeau. Attention à l'ouverture.

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