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Billet de blog 16 juillet 2019

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De Rugy quitte le Radeau de la Méduse

Et de huit ! En moins de deux ans et demi, huit ministres ont quitté le gouvernement. En jetant l'éponge, ou contraints et forcés par une batterie de casseroles révélées par les médias. Le capitaine est sur un un radeau, une partie de l'équipage est tombée à l'eau. On en reste médusé.

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Il aura tenu huit jours.

Le temps de la destruction d'un monde. Celui qui s'annonçait nouveau mais qui vieillit à vitesse supersonique au point de dépasser l'ancien. Une vraie caricature.

François de Rugy, désormais ex-ministre de l'Ecologie, était un expert en recyclage. Des indemnités de frais de mandat qui servent à financer une partie de sa cotisation chez EELV, il fallait y penser. Et les déduire de ses revenus déclarés, il fallait oser. Du grand art.

Il est vrai que l'exemple vient d'en haut. Après avoir fait sa pelote chez Rothschild, Macron n'a pas payé l'ISF. En toute légalité bien entendu. De Rugy n'a pas eu cette habileté élémentaire.

La coque du navire gouvernental a commencé à craquer en juin 2017, quelques semaines après l'intronisation du Chef. Richard Ferrand, ministre de la cohésion des territoires, est soupçonné de montages financiers et de conflit d'intérêts. Il démissionne. 

Très vite suivi par François Bayrou (Justice), Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Sylvie Goulard (ministre des Armées). Soupçonnés d'avoir mal affecté leurs assistants parlementaires européens. Peu de vagues politiques toutefois, c'est le Modem qui écope.

Malgré des sondages en berne, la presse porte Macron aux nues. Il marche sur l'eau. La tempête survient à l'automne. Quand Nicolas Hulot jette l'éponge. Le ministre de l'Ecologie en a ras l'éolienne d'avaler des couleuvres. De jouer la peinture verte. Il refuse d'en remettre une couche. 

On mettra une semaine à appeler de Rugy. Sur la seule qualification qu'il est encarté chez les Verts. Un fond de tiroir, en quelque sorte.

Et puis la brèche s'agrandit. Moins d'un mois plus tard, Gérard Collomb quitte le ministère de l'Intérieur. Ulcéré d'avoir été contraint de se ridiculiser devant la Commission d'enquête du Sénat lors de l'affaire Benalla. Obligé de dire qu'il n'était au courant de rien. Qu'il croyait que Benalla était de la police... Que fait la police ?

Une brèche dans laquelle s'engouffre aussitôt la ministre des Sports, Laura Flessel, rattrapée par une déclaration de revenus mal rédigée. Elle est remplacée fissa. Une vaguelette. Qui connaît le nom de la ministre des Sports ?

Il faudra au contraire quinze jours pour remplacer Gérard Collomb. Un suspens interminable qui fait couler beaucoup d'encre. Et le gagnant est... Christophe Castaner ! Choisi pour l'Intérieur car très proche de Macron. Tout autre aurait été dangereux. La confiance règne.

De surcroît les candidats ne se bousculent pas pour embarquer. Ce serait plutôt l'inverse. L'Elysée enregistre à ce jour dix-sept départs, dont Sylvain Fort, la plume normalienne de Macron, Ismaël Emelien, fidèle de la première heure devenu conseiller spécial... Les chaloupes se remplissent mais l'orchestre continue de jouer.

Qui aujourd'hui pour remplacer François de Rugy ? Les paris sont ouverts. Mais l'horizon bouché. Seuls les suicidaires ont envie de sortir par gros temps. Surtout avec un capitaine qui ignore la navigation et n'a pas de seconds car il veut à tout prix être le premier.

La traversée du quinquennat devient une vraie galère. L'hallucination des débuts s'est dissipée. Entouré de ministres de plus en plus falots, Macron apparaît pour ce qu'il est : isolé, sans ancrage politique, sans intelligence, dans tous les sens du terme. Sans envergure.

On en reste médusé.

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