Le choix de la villégiature de l'impératrice Eugénie pour le G7 qui se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août est lourd de symboles. Pour les sept pays les plus industrialisés de la planète, les fastes du Second Empire, bien sûr, et surtout le casino. Il n'y a pas mieux que le voisinage de ce temple de la roulette et du baccarat pour une réunion internationale destinée à consolider une économie de casino. Mais c'est sans doute involontaire.
Sur le fond, quoi de moins imprévisible qu'un sommet international ?
Tout commence avec un programme suffisamment flou : ici la lutte contre les inégalités, mais aussi les tensions internationales et le changement climatique. Comme personne ne sera d'accord, on a décidé d'emblée qu'il n'y aura pas de déclaration finale. Cette fois c'est clair.
Sur la taxe GAFA, Trump montrera les dents. Macron reculera en arborant son sourire le plus charmeur : 3% du chiffre d'affaires réalisé en France par ces géants americains du numérique, c'est trop ? On enlève les outre-mer du calcul. Encore trop ? 1,75% et on n'en parle plus, Donald vous reprendrez bien de ce camembert fermier ?
A table, Angela Merkel n'en finira pas de tripoter sa règle d'or. Signe qu'elle n'a aucune intention de relancer son économie, et surtout pas d'investir. Nein ! Même si le pays est au bord de la récession. Parole d'évangélique : le dogme, c'est sacré, il faut garder la foi.
Rigolard, Boris Johnson répètera que oui, le 31 octobre le Brexit sera effectif. L'Angleterre n'a jamais capitulé devant personne. Pas comme certains, suivez mon regard. Et puis nous, les GAFA on les aime bien, n'est-ce pas, Donald ? On va même leur dérouler le tapis rouge.
Président du Conseil démissionnaire, l'Italien Giuseppe Conte, réclamera un plan européen sur les flux migratoires, dont il sait qu'il ne verra jamais le jour. Histoire de ne pas trop parler du soutien italien aux Nouvelles routes de la Soie. Au cas où Trump aurait oublié...
Gageons que le Japonais Shinzo Abe n'évoquera pas publiquement l'affaire Nissan, ce serait aussi grossier que de se moucher avec la nappe. Il tentera de tailler des croupières économiques à la Chine. Les absents ont toujours tort.
Pour le Canada, Justin Trudeau vantera les bienfaits du CETA pour le commerce mondial. Sept ans de négociations avec la Commission européenne, c'est forcément un excellent accord. Et puis le boeuf aux farines animales, c'est très goûteux avec le camembert fermier.
Quant à la dizaine d'invités non membres du Club des 7 : Espagne, Inde, Afrique du Sud, Australie, Égypte, Sénégal, Rwanda, Chili, bon courage pour trouver, en trois jours, l'occasion d'en placer une. Encore une initiative macronienne, à l'image du "débat" avec les 64 intellectuels qui avait causé beaucoup de frustrations.
L'ombre de la Russie planera une nouvelle fois sur le G7. Viré de la bande pour cause d'annexion de la Crimée en 2014, l'ours russe continue d'hiberner. Il se sait incontournable dans la guerre en Syrie et le nucléaire iranien. Et la Crimée n'est-elle pas le berceau de la vieille Russie, celle de Kiev ?
Au final tout ce beau monde se congratulera mutuellement : c'était un bon Sommet, très fructueux. Des avancées importantes. Une organisation impeccable. Le camembert fermier était très bon. C'était quoi, au fait, ce truc à Urrugne, Hendaye et Irun, sans doute des banlieues de Biarritz ? Un contre-sommet? Quelle prétention ! Encore une provocation des séparatistes basques. Une réunion de gueux qui ne savent plus rester à leur place. Une fois rentrés, on va leur montrer qui est le maître.