Contrairement à ce que certains pouvaient espérer, et pas seulement au gouvernement, le mouvement social s'est amplifié.
La destruction de notre système de retraite, puisque c'est de cela qu'il s'agit, est un gros morceau que la plupart des salarié.es ont du mal à avaler.
Mais, comme le remarquent finement les bourgeois, avec l'inflation il devient plus difficile de perdre des jours de travail. Et avec une intersyndicale si "compréhensive envers le pouvoir", la "réforme" des retraites est bien partie pour être adoptée.
En programmant deux manifestations consécutives, les directions syndicales sont quasiment sures d'obtenir deux résultats:
- L'assèchement financier progressif des manifestants puisque trois journées de salaires auront été perdues
- La certitude d'obtenir, pour l'une des manifestations, moins de monde que pour la précédente !
Le premier phénomène peut difficilement être combattu, sauf en donnant de nouvelles perspectives de lutte qui galvaniseraient les troupes. Et motiverait une "dépense" supplémentaire dans la lutte.
Ce que l'intersyndicale évite soigneusement: on défile, et point barre. Le gouvernement refuse de céder ? C'est qu'il est méchant, on n'y peut rien ! :) C'est la fatalité ... etc.
Le deuxième phénomène sert également à casser une éventuelle dynamique de lutte qui pourrait radicaliser le mouvement. Dès la première manifestation "décroissante" beaucoup de gens en concluront que "c'est foutu, les carottes sont cuites" !
Une fois la dynamique de la mobilisation affaiblie nous entrerons dans une spirale descendante. En 2010 il avait fallu pas moins de six très grandes grèves avant d'en arriver là. Il nous en reste encore trois avant que la loi ne soit votée et les gens définitivement découragés.
Et on peut compter sur la propagande bourgeoise pour accélérer ce phénomène à coups de "moins de grévistes", "les salarié.es se résignent", "des manifestations en baisse", etc.
Deux évènements pourraient annihiler ce processus mortifère ce serait:
- L'irruption de la jeunesse dans la rue, mais avec la multiplication des examens partiels et une répression omniprésente la chose n'est pas si simple.
- L'apparition de plusieurs grandes grèves reconductibles simultanément, ce qui donnerait un signal clair pour tous les secteurs qui hésitent ou qui sont dans la difficulté pour mobiliser.
Je pense que c'est une dernière chance. Soit on bloque le pays, soit notre retraite est massacrée.
Et je crois aussi que gouvernement et intersyndicale vont se surpasser pour essayer d'empêcher que cela arrive. Notamment en agissant secrètement pour dissuader les directions syndicales sectorielle de se coordonner (dans l'intérêt des travailleurs bien évidemment lol)
En attendant on va de nouveau se mobiliser le 7 février puis le samedi 11 pour montrer qu'on ne lâche rien.
Mais il y a un moment où il faudra dire les choses:
la lâcheté de l'intersyndicale qui refuse d'organiser le blocage du pays c'est une trahison !
Il n'y a pas d'autre mot pour désigner des manœuvres qui sauvent la peau de Macron au détriment de l'intérêt des salarié.es.
PS. Au fond, dans un autre registre, c'est la même démarche que le RN qui glapit contre la réforme mais refuse absolument toute action efficace. Il est vrai que dans le cas du RN favoriser l'échec social c'est pour être le bénéficiaire en 2027.