Le journal Le Parisien publie (dans un article payant) la déclaration de Borne qui définit assez nettement le projet de "réforme" des retraites. Le projet définitif sera présenté le 15 décembre, avant même la fin des travaux de "concertation" bidon engagés avec les syndicats !
Les éléments de la réforme étaient très prévisibles puisqu'annoncés depuis des mois:
- L'âge de départ à la retraite est porté de 62 ans à 65 ans en 2031, pour les personnes nées après le 2ème semestre 1961.
- Les régimes spéciaux sont supprimés pour les agents recrutés à partir de 2023
- Les "carrières longues" pourraient bénéficier d'une (hypothétique) réduction de 2 à 4 ans
- La pénibilité sera prise en compte selon les critères défendus par le MEDEF, en fait l'invalidité !
- La retraite minimum sera à 85% du smic, uniquement pour les "carrières complètes"
Tout le reste semble relever du baratin compassionnel pour faire passer la pilule. Notamment sur le problème des personnes âgées sans emploi. Ou encore sur le report à 64 ans à condition de cotiser davantage d'année.
Et la loi sera votée en 2023 et appliquée à partir de juillet 2023
L'argumentation dont nous allons bénéficier 24H sur 24h dans la plupart des médias et pendant des mois reste toujours aussi indigente:
"L'espérance de vie augmente": ce qui est factuellement faux, l'INSEE indique une stagnation de l'espérance de vie qui a débuté bien avant le Covid, au moins vers 2014. Et rien n'indique que les choses s'arrangeront avec le travail forcé au delà de 62 ans, la ruine presque totale du système de santé public, et maintenant - en plus - avec des risques sur l'eau potable et l'énergie.
"Le retraite sera déficitaire": or pour ces deux dernières années notre système de retraite est bénéficiaire, et les prévisionnistes qui prévoient le pire n'avaient rien vu de ces deux années bénéficiaires, et d'autre part la société ne fonde pas sur une vision comptable mais sur des choix politiques, de préférence démocratiques.
Etc. Cf les argumentaires (argu-menteurs) de 2019 et des trente dernières années.
Le déroulé des évènements à venir dans les prochains mois est prévisible, surtout depuis qu'on a fait une répétition générale en 2019:
- Une campagne d'intoxication massive dans la plupart des grands médias
- Quelques grandes manifestations symboliques organisées par les syndicats
- Un processus parlementaire qui votera la loi sans encombre avec le 49.3 ou LR
Rien de bien nouveau et notre système de retraite sera réduit à la portion congrue pour les travailleurs(ses). Pire, les bourgeois les plus cyniques débattent déjà de l'usage qu'ils feront avec l'argent économisé sur nos retraites :)
De plus, les méthodes de luttes efficaces seront soigneusement ignorées - ou combattues - par les syndicats et les partis, notamment:
- La constitution partout de comité locaux unitaires de mobilisation pour la défense des retraites
- La préparation et l'organisation d'une grève générale qui ferait plier le gouvernement
La situation sociale semble donc désespérée mais il y a peut être une solution qui n'a pas été tentée. Plutôt que de limiter les actions à une contestation de la "réforme", il serait efficace de proposer également un projet alternatif.
Déjà ce serait davantage mobilisateur, la nouveauté de la démarche provoquerait un regain d'intérêt des travailleurs(ses) qui se battraient non seulement pour défendre leurs acquis dans un combat qui semble perdu d'avance, mais qui lutteront pour les augmenter.
Est ce que c'est possible ? A mon avis oui. Je vois au moins une proposition qui renverserait la table. Elle se base sur les déclarations de Borne (et des autres !) qui envisagent toutes les possibilités sauf l'augmentation des cotisations sociales.
Prenons les au mot ! Pour "sauver les retraites" il n'est même pas nécessaire d'augmenter les cotisations sociales, il suffit simplement de supprimer toutes les exonérations de cotisations sociales et autres niches sociales !
Est ce que cela fait beaucoup d'argent ? Oh que oui !!
Selon un fameux rapport de la Cour des Comptes les exonérations et les niches représentent près de 90 milliards d'euros par an !
Avec une petite partie de cette somme on peut "sauver les retraites" pour le siècle à venir. Nonobstant les arguments massues des "économistes" qui nous prouveront que c'est la ruine du pays, comme en 1936 ils prévoyaient que les congés payés étaient abs-ol-ument impossibles.
On peut développer davantage cette argumentation "économiste", bien que dans cette affaire le problème de fond c'est surtout un choix de société. Augmenter les dividendes pour les plus riches ou assurer une fin de vie convenable pour les personnes âgées.