Un article des Echos (en accès libre) dévoile les premiers plans des syndicats pour "s'opposer" à la "réforme" des retraites. Et ce n'est pas rassurant.
Le communiqué des syndicats propose une éventuelle date de mobilisation en janvier. Suivant le même protocole qui a fait échouer les précédentes mobilisations contre les "réformes" de la retraite.
"Les organisations syndicales et de jeunesse ont d’ores et déjà décidé de se revoir le jour même des annonces gouvernementales. Elles réaffirment leur détermination à construire ensemble les mobilisations passant en particulier par une première date de mobilisation unitaire avec grèves et manifestations en janvier si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet."
D'abord il ne faut pas se tromper: l'unité syndicale apparente n'a pas pour but d'impulser le mouvement de protestation mais de le neutraliser. Aucun syndicat, pas même le syndicat patronal CFDT, ne peut se permettre de soutenir ouvertement la "réforme" de la retraite à 65 ans.
Les directions syndicales sont donc contraintes de "lutter" contre la réforme. Mais elles vont le faire à leur manière. En tergiversant, en s'alignant systématiquement sur les syndicats les moins combatifs, et surtout en refusant d'affronter le pouvoir politique. Il n'est même pas sur qu'elles réalisent l'unité avec les mouvements de jeunesse !
La journaliste des Echos fait judicieusement observer qu'en 2010 de telles mobilisations syndicales avaient échouées après avoir rassemblé un million de manifestants. Elle aurait également pu mentionner les deux millions de manifestants de 2003.
Pour 2023 il n'est même pas certain que l'appel syndical réunisse un million de manifestants tellement les gens sont habitués à ne voir que des "barouds d'honneur" lorsqu'il s'agit de lutter contre le néolibéralisme. Après tellement d'échecs.
Or cette semaine il a suffit d'une coordination nationale, le Collectif CNA, pour paralyser la plupart des grandes lignes SNCF du 2 au 5 décembre. En revanche le mouvement de grève "officiel" de la CGT le 7 septembre n'a pas causé de grandes perturbations.
J'y vois la preuve que beaucoup de salarié(es) ont compris. La manifestation traine savates rituelle ne marchera pas. Pour obtenir un résultat il faut paralyser le pays de toutes les façons possibles.
Et surtout il faut s'organiser en regroupant syndiqués et non syndiqués. Le plus simple serait de constituer des comités unitaires. Surtout avec l'appui des militants syndicaux qui devront choisir entre défendre la retraite ou obéir aux consignes fantaisistes des directions.
Les taches sont multiples. Les manifestations syndicales seront attaquées par des provocateurs et réprimées sauvagement par les policiers qui les ont envoyés ! Sans l'organisation de services d'ordre, il ne sera pas possible de manifester en 2023.
Mais la manifestation n'est que la première étape, ensuite il faudra paralyser le pays par des grèves de protestation. Si la grève se généralise elle proviendra des grandes entreprises, mais pour "tenir" elle devra s'étendre aux petites entreprises où la grève est difficile. Cela s'organise.
Il faut aussi prévoir de répondre à la propagande du gouvernement. Les retraites ne sont en difficulté que parce que leurs financements sont coupés. Une campagne massive contre les exonérations de cotisations sociales est indispensable.
Pour toutes ces taches il n'existe actuellement aucune structure officielle qui soit en mesure de les supporter. Et d'ailleurs si elle existait elle tomberait sous le coup des lois soit disant "anti terroristes" qui criminalisent le mouvement social. Cf les agents d'EDF embastillés par la DGSI comme des terroristes.
C'est seulement l'auto organisation démocratique des salarié(es), s'appuyant sur le réseau des militants syndicaux et politiques les moins sectaires, qui peut conduire une lutte efficace contre la "réforme".
Il existe un tel ras le bol dans la population que le processus de mobilisation massive, coordonné nationalement mais décentralisé dans des comités locaux, me parait faisable sur ce coup là.
A suivre.
PS. Que faut il penser de la réforme des retraites ? Par curiosité, j'ai demandé en français à mon IA préférée (GPT3 sur https://chat.openai.com/chat) et voilà sa réponse (sic):
Question: Pourquoi ne faut il pas réformer le système de retraite par répartition en France ?
Réponse: Il n'est pas recommandé de réformer le système de retraite par répartition en France pour plusieurs raisons. Tout d'abord, ce système est considéré comme équitable, car il assure une retraite décente à tous les travailleurs, quel que soit leur niveau de revenu. En outre, il a fait ses preuves en termes de durabilité financière, car il repose sur un mécanisme de financement par cotisations sociales qui garantit un financement à long terme des prestations de retraite. Enfin, il est largement apprécié par les Français, qui y voient une protection contre la pauvreté à la retraite et une garantie de solidarité intergénérationnelle. En résumé, il est difficile de voir en quoi une réforme du système de retraite par répartition pourrait apporter des avantages suffisants pour justifier les changements potentiellement coûteux et controversés qu'elle entraînerait.
Je ne saurais pas dire mieux :)