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Billet de blog 9 mars 2024

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L'arnaque des primes au mérite.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La question des primes est un vaste sujet social, et qui nous concerne tous et toutes, privé ou public.

Lors des augmentations de salaires le recours aux primes est parfois défendable par opposition aux augmentations en pourcentage.

En effet une augmentation de 1% dans une boite se traduit par 20 euros pour un ouvrier/employé et 50 euros pour un cadre.

Et si on précise que cette augmentation a été obtenue par une grève alors ceux qui n'ont pas fait grève touchent le double de ceux qui ont fait grève. Le patronat rigole et empoche les bénéfices :)
Dans ce cas particulier il faut évidemment préférer et exiger une augmentation uniforme, la même somme pour tout le monde. Pour des raisons de justice sociale élémentaire.

La situation est complètement différente quand le patronat entend recourir aux primes de mérite, soit disant pour récompenser ceux qui travaillent mieux mais en réalité pour s'éviter des augmentations de salaires générales.

D'abord un rapide calcul pour visualiser le mécanisme: supposons une boite de 1000 employé.es.

On supposera que le salaire moyen est de 1000 euros (disons qu'on est en Chine !), le patron dispose de deux solutions:

1 - Une augmentation générale de 5% pour tout le monde, soit 1000x5% = 50 euros par employé.

Au niveau de l'usine la dépense sera de 50x1000 = 50000 euros.

2 - Une prime au mérite pour les 200 employé.es "méritants" (20% de l'effectif total), soit une prime de 100 euros par employé.

La dépense totale est alors de 100x200 = 20000 euros.

Résultat: le patron économise 30000 euros de salaires (!) tout en affichant qu'il recherche la "justice sociale" (sic) et qu'il privilégie la "valeur travail" en récompensant - soit disant - ceux qui travaillent le plus.

La prime au mérite est donc une arnaque totale !

Maintenant elle repose sur un discours qui séduit une partie des travailleurs.es, ce qui les divise. En effet en distinguant les bons et les mauvais employé.es, le patron argue de la "justice" (de la part d'un exploiteur la notion de justice sociale est très particulière !).

On retrouve ce discours patronal dans les arguments national-socialistes du RN par exemple. Avec l'objectif de diviser les travailleur.ses entre les "bons" et les "mauvais", les "nationaux" et les "étrangers", la "classe moyenne" et les "cas sociaux", etc.

Sur la base de ce type d'argumentation on obtient une fracture parmi les salarié.es. 

Or les 20% "méritants" ont tendance à défendre bec et ongle le système de la prime au mérite puisqu'elle leur permet de toucher le double de ce qu'ils auraient obtenus par une simple augmentation générale de 5%.

Tandis que les 80% de perdants se retrouvent divisés et amputés d'une partie des effectifs en cas de grève.

Le système des primes au mérite est globalement désavantageux et doit être dénoncé chaque fois que c'est possible.

Surtout que la notion de "mérite" est très floue. Dans une entreprise, la plupart du temps, le patron privilégie la loyauté plutôt que la compétence. Si bien que l'employé.e méritant.e n'est pas forcément celui qui produit le meilleur travail.

Dans la pratique les critères de mérites sont tout sauf objectifs. Sont davantage méritants.tes les amateurs de délation, ceux qui ne font jamais grève, ceux qui ont des liens familiaux avec un cadre, etc. etc.

Tout jeune mon patron venait m'expliquer que cette année je n'aurais pas telle prime parce qu'il avait préféré la donner à une employée célibataire avec un enfant qui "en avait plus besoin". Trop social ! mais il omettait de préciser qu'il sortait avec elle :)

Bref la prime au mérite est non seulement arbitraire et globalement désavantageuse mais en plus elle divise et affaiblit les salarié.es.

Non aux primes au mérite !!

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