La Lozère était un département traditionnellement à droite, la conjonction d'une forte population agricole et le poids de l'Eglise catholique entrainait mécaniquement un vote à droite. Pour être plus précis le Nord, agricole et catholique, était très à droite tandis que le Sud, protestant, penchait plutôt à gauche. Néanmoins le département était un bastion de la droite.
Le changement de sociologie de la population et l'affaiblissement de l'Eglise se traduisent par un changement électoral au début du 21ème siècle.
En 2011 le poste de sénateur devient socialiste, et le reste encore en 2024.
Puis en 2015 le conseil départemental passe à gauche avec l'élection de sa présidente Sophie Pantel (PS), réélue en 2021.
A la faveur de la vague électorale antifasciste en 2024 c'est le poste de député, tenu par un baron local douteux ex LR puis "indépendant" macroniste, qui revient à la gauche, représentée par Sophie Pantel. A la suite d'une erreur tactique: le baron local mis en cause pour des affaires "à la Fillon" s'est maintenu dans une triangulaire avec le RN et le PS-NFP dans une conjoncture permettant à la gauche de l'emporter.
La loi sur le cumul des mandats imposant la démission du poste de présidente du conseil départemental, un nouveau président a été élu le 9 aout. Provoquant un "séisme" local.
Le représentant quasi officiel de Macron en Lozère est le maire de Mende, Laurent Suau, ex PS rallié à Macron, qui s'était engagé à laisser élire le successeur (vaguement homme de paille) désigné par Sophie Pantel pour le conseil départemental.
Il faut maintenant considérer la situation du conseil départemental: le rapport des forces était initialement de 16 pour la gauche contre 10 pour la droite. Mais le camp de gauche s'est fracturé entre la gauche PS PCF EELV et la gauche à tendance macroniste.
Or le 9 aout, à la surprise générale - et reniant la parole donnée (un traitre !) - le PS macroniste Laurent Suau s'est présenté pour être élu président du conseil départemental.
Et il a été élu en faisant alliance avec la droite ! Huffington France3 Midi Libre
Et en faisant l'apologie de la méthode, proposant qu'elle soit adoptée nationalement. Ce qui suppose un éclatement du NFP entre une composante qui va rejoindre les macronistes et une composante NFP. Il semble que Carole Delga, présidente de la région Occitanie, soit également de son avis.
Bref le département de la Lozère est désormais aux mains de Macron et de ses sbires.
Ajoutons que si le coup politique a réussi, sur le plan économique et social ce sera probablement une catastrophe. La gestion de la mairie de Mende très critiquée donne un exemple de ce qui pourrait arriver. Sans parler des grands projets en cours (musées des Bondons ou de Pont de Montvert par exemple) et d'autres engagements qui pourraient être menacés.
La morale de cette histoire - outre que c'est mal de trahir - c'est que les prochaines élections municipales de 2026 acteront la fracture du NFP, ce qui ne présage rien de bon pour 2027. Le (mauvais) exemple de la Lozère est instructif.