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Billet de blog 13 juin 2023

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En défense de l'assistanat.

Un combat négligé mais essentiel.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Selon le Larousse l'un des deux sens du mot "assistanat" est: "Fait d'être assisté, d'être secouru par des organismes publics ou privés." Le mot existe depuis 1962 et désigne à l'origine la fonction de celui qui aide. Pour désigner l'aidé on utilisait "assisté".

Néanmoins la droite et l'extrême droite utilisent ce mot pour stigmatiser une partie de la population, évidemment pas la plus riche. Avec un double objectif:

  • D'une part dénigrer et lutter contre toutes les formes de solidarité sociale
  • D'autre part monter une partie de la population contre l'autre

Ces deux objectifs politiques majeurs devraient ébranler ceux qui se disent de "gauche", or c'est le contraire qui se passe.

On se souvient des sorties de Roussel contre "l'assistanat": un communiste qui se bat contre la solidarité sociale ! Et il n'est pas le seul.

Maintenant il faut voir pourquoi le combat en "défense de l'assistanat" est vital.

1 - Sur la question de la solidarité sociale, les détracteurs de l'assistanat visent uniquement les mesures sociales qui concerne la partie de la population la plus pauvre. L'assistanat des riches, au moins aussi important que l'aide sociale, est hors de leur propos. Si on aide un riche c'est qu'il le mérite  lol

D'abord essayer d'isoler les assistés est stupide, car presque tout le monde est assisté !  Soit en touchant des allocations familiales, la prime d'activité, ou même une prime pour la rénovation d'un logement ou pour l'achat d'une voiture, etc.

Certes la droite et l'extrême droite focalisent sur les plus faibles qui reçoivent le RSA, l'APL, l'allocation parent isolé, ...

Mais justement là on est cœur de la solidarité sociale. Pour faire société (le gros mot chez les libéraux) il est nécessaire d'aider ceux qui en ont besoin. D'ailleurs pas seulement financièrement.

Derrière les attaques c'est le système social qui est visé, après la suppression des maigres aides accordées aux plus pauvres, ce sera le tour de toutes les autres aides sociales, la sécurité sociale en fait partie. Elle est d'ailleurs gravement attaquée depuis 1945.

Bref c'est un problème sociétal de fond. Quelle société voulons nous. La loi de la jungle généralisée ou une organisation sociale plus rationnelle.

2 - Sur la question de l'exclusion d'une partie de la population, il faudrait être naïf pour ne pas se rendre compte que la droite et l'extrême droite pratiquent la politique du "diviser pour régner".

Comme pour l'immigration il s'agit d'isoler une partie de la population par des campagnes de haine qui débouchent sur des actions discriminatoires, violentes ou non. Le but est limpide: diviser la masse des travailleurs en deux camps opposés. Fracturer la possible unité des travailleurs contre leurs exploiteurs. Essentiel pour maintenir la domination de la bourgeoisie.

Ainsi après la seconde guerre a été inventée la notion de "cadre": salarié privilégié qui se distingue du travailleur ordinaire. Même quand la distinction est difficile. Par exemple dans la CGC on trouve surtout le petit encadrement, pas si éloigné du travailleur de base.

L'invention de la "classe moyenne" joue le même rôle: diviser la population alors même que cette différence artificielle est particulièrement fragile. Il n'est pas si rare de passer de "moyen" à "exclu" et réciproquement.

Cette "classe moyenne", qui est en réalité un mix de couches sociales très diverses, est le cœur de cible de la droite dans la campagne contre l'assistanat. En infusant l'idée fausse qu'ils sont différents des "plus démunis", on construit une catégorie de gens qui sont prêts à suivre toutes les politiques régressives pour affirmer leur statut de "moyens" !

Objectivement des travailleurs exploités, ils se pensent subjectivement comme une classe d'élite et bataillent pour améliorer l'exploitation patronale. Ce raisonnement idiot peut à la rigueur être recevable pour certaines couches sociales (petits artisans, commerçants) mais pour la masse des salarié.es c'est une arnaque !

Enfin il faut considérer l'argument massue de la droite et de l'extrême droite: la fraude sociale, que dans un bel élan de confusionnisme la bourgeoisie assimile à la fraude fiscale cent fois plus importante et bénéficiant légalement d'une large immunité.

Que des fraudeurs aux allocations existent c'est certains, personnellement j'en ai rencontré. Mais les fraudeurs d'importance sont surtout des voyous professionnels ou même des bourgeois qui dépouillent les bénéficiaires d'aide (APL), etc.
Mais la fraude est tellement marginale que même en recrutant des centaines de "contrôleurs", qui seraient plus utiles chez le fisc, et même en utilisant des procédures abusives voire illégales, et même en comptant comme fraude les erreurs de déclaration, la fraude sociale reste minime. Pour 2021 c'est 309 millions à comparer aux 13 milliards de fraude fiscale.

Aujourd'hui l'assistanat est utilisé comme une machine de guerre politique pour réduire les acquis sociaux et pour diviser les salarié.es.

A mon avis cela mériterait un effort général, unitaire et systématique. 

Si pour c'est défendre les acquis sociaux et lutter contre les manœuvres patronales de division des salarié.es, alors il faut défendre l'assistanat, comme ils disent.

Les quelques fraudeurs aux allocations nous voleront toujours moins que le patronat qui se gave sur notre dos.

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