Les expériences de retour du port de l'uniforme dans nos écoles présentent une constante: les parents devront payer. Tôt ou tard.
Lors de l'expérimentation - et dans l'administration toute expérience est une réussite, mêmes les désastres - les uniformes seront gratuits.
Dès qu'ils deviendront obligatoires les parents devront payer. Au moins 200 euros. Pour la bonne raison que l'Etat ne "gaspillera" pas le cout de plusieurs millions de tenues à 200 euros pièces, soit près du milliard d'euros !
J'espère qu'ils n'auront pas le front de présenter cela comme une "mesure sociale". 200 euros pour avoir le droit de fréquenter l'école c'est une charge non négligeable pour une bonne partie des familles, à multiplier par le nombre d'enfants !
De plus l'uniforme sera genré. Pantalon pour le garçon, jupe pour la fille. (ils n'ont pas osé le rose et le bleu lol)
On ne sait pas trop si la fille aura droit au pantalon, mais comme on revient au 19ème siècle en matière sociale il se pourrait que le port du pantalon redevienne interdit aux filles !
Evidemment on nous présente cela comme une mesure "d'égalité", mais fortement discriminante quand même.
Quand à mettre sur le même pied d'égalité l'élève qui vient à l'école en BMW, détenteur d'accessoires qui valent un SMIC, et qui raconte ses vacances aux Baléares ... et l'élève qui les a passées au point de deal de son quartier, on est sur le bidonnage complet.
Un uniforme n'a jamais caché longtemps les disparités sociales. Même l'attitude du professeur entre le "fils" de et "les autres" ...
De toutes façons les fils de bourgeois ont leur propre écoles différentes de celle du peuple.
En revanche ce que permet l'uniforme c'est de caporaliser l'enseignement: je ne veux voir qu'une seule tête et qu'un seul blouson !
On n'y fait guère attention mais les incidents qui surgissent parfois à l'école ont pour support (ou pour origine) le retour de l'autoritarisme.
Un phénomène amplifié par la modification de l'origine sociale des enseignants.
Dans les années 50 l'instituteur était recruté en Ecole normale niveau BEPC BAC, accessible aux enfants des couches sociales "moins favorisées". De nos jours l'instituteur a fait Bac + 5, donc une plus forte proportion de rejetons de CSP+, un autre milieu donc.
D'ailleurs à ce niveau de diplôme il est plus payant de faire autre chose, ce qui explique le manque d'enseignants.
Le changement de catégorie sociale des professeurs s'est accompagné de la montée des "problèmes". Lesquels surviennent surtout avec des élèves CSP-. Résultat de l'opposition entre culture populaire et injonctions "bourgeoises", en fait une opposition de classe.
Dans ce contexte le retour de l'uniforme, un terme militaire, c'est une tentative de "mater" les enfants des classes populaires.
Par ailleurs on se doute que dans les lycées privés, au contraire, l'uniforme est un signe distinctif. C'est l'appartenance à une élite (celle qui peut payer l'école privée). Dans ces établissements l'uniforme n'est pas tant imposé que revendiqué !
Mater les élèves du public est devenu le principal discours de Attal. Accompagné par l'allègement des études pour fournir rapidement de la main d'œuvre au patronat. Et une main d'œuvre habituée à l'uniforme serait le gage de salarié.es plus dociles.
Bref le retour de l'uniforme est un signe de plus d'une douteuse transformation de la société.
Après le blouson uniforme, la chemise brune ? Les jalons sont posés !