Un entrefilet du Canard enchainé de cette semaine donne à réfléchir.

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Le héros de cette histoire n'est pas Bardella - lui c'est le méchant - mais c'est Emmanuel Macron (pas vraiment le gentil non plus !)
Qu'est ce qu'il nous raconte ?
Afin de punir la Russie dirigée par un consortium de maffieux des services secrets et de riches affairistes, les états occidentaux - et par ailleurs concurrents en affaires - ont décidé de saisir les avoirs des oligarques russes.
Bateaux, propriétés, avoirs financiers ont été saisis en France. Il s'agit d'une saisie conservatoire, les biens sont inutilisables mais leurs propriétaires en conservent la propriété. D'où l'expression "gelés selon le droit international".
Les avoirs saisis seront entièrement restitués à leur propriétaire (on l'espère sans indemnisation !) lorsque la guerre en Ukraine sera terminée. Certes ce n'est peut être pas pour tout de suite.
Mais en tout état de cause les oligarques ne perdront pas leurs propriétés.
Car, comme l'explique Macron: on ne peut pas toucher impunément aux biens des capitalistes !
En effet si l'on apprend que la France s'est réellement approprié les biens (fort mal acquis en général) qui appartiennent aux millionnaires russes, alors les autres grandes fortunes vont hésiter à investir en France.
Les capitaux pourraient même fuir le pays, préventivement, en provoquant des dégâts économiques et sociaux majeurs.
Ce qui m'amène à formuler deux remarques qui me paraissent importantes pour les gens de gauche (dont je suis):
1 - La menace est réelle seulement parce que notre économie repose sur le marché mondial des capitaux.
Si tous les capitaux désertaient la France mais que le système économique était celui disons des années 60. Alors le service public assurerait toujours les services essentiels et l'Etat investirait massivement pour combler les "trous" dans la raquette économique.
Le pays arriverait à peu près à "joindre les deux bouts" comme on dit pour les ménages pauvres.
Or depuis les années 70 l'Etat entreprend de tout privatiser et de confier au "marché" (des capitalistes) les fonctions essentielles de la société.
De plus les organismes et les traités internationaux et européens "verrouillent" toutes possibilités d'échapper à la loi de la finance.
En d'autres termes les gouvernements dits "libéraux" nous ont livrés pieds et poings liés aux grandes fortunes mondiales.
C'est même la principale fonction de l'Europe actuelle (à changer de fond en comble !)
2 - La remarque suivante c'est que le changement social devient alors beaucoup plus compliqué.
Imaginons un pays qui déciderait - rêvons un peu - de doubler le salaire minimum, porter la retraite à 60 ans et imposer les gros profits, alors on verrait se coaliser toutes les puissances mondiales de l'argent et leur relais politiques.
Avec l'objectif, sans doute rapidement atteint, de ruiner le pays trop "socialiste" à leur yeux.
D'ailleurs peu importe le niveau de ce "socialisme", c'est la simple menace d'une baisse des profits qui provoquerait une guerre économique (voire plus !) contre le pays fautif.
L'exemple de la Grèce a donné un avant gout de ce type de situation.
De fait on pourrait dire qu'il existe une internationale capitaliste avec mêmes ses temples éphémères (Davos etc.) et ses prêtres (les économistes et politiciens libéraux).
Tandis que, en même temps, les internationales de travailleurs.ses sont pourchassées férocement dans la quasi totalité des pays.
Pas fous ! Si tous les salarié.es et exploité.es du monde se réunissaient ce sera grave, sacré Marx :)
Bref en une seule phrase Macron a résumé un raisonnement et un état de fait dont on n'est peut être pas toujours conscient.