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Billet de blog 16 août 2025

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A propos du 10 septembre.

Les prémisses d'une action de masse anti capitaliste ?

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La génèse.

Selon l'enquête du Monde, c'est le 21 mai 2025 qu'un site internet d'extrême droite propose de "tout bloquer le 10 septembre 2025".

Mais c'est seulement vers juillet 2025 que la multiplication des appels sur les réseaux sociaux booste l'appel initial, avec notamment une vidéo virale sur Tiktok le 11 juillet. 

Apparemment c'est la conjonction de plusieurs facteurs qui explique l'amplification du mouvement du 10 septembre.

- l'appel initial d'origine extrême droite a été fortement relayé sur les réseaux sociaux

- le 15 juillet Bayrou annonce son grand plan anti social qui joue le rôle de chiffon rouge

- ensuite des éléments de gauche, de gauche radicale, puis des syndicats ont rejoint cet appel


Pour l'anecdote un site européen le CESS analyse le lancement du 10 septembre comme une opération de déstabilisation possiblement initiée depuis l'étranger. Mais le plus probable c'est qu'il s'agit d'une initiative d'un groupe facho pour créer une situation chaotique à la rentrée 2025, avec l'idée qu'une situation de crise sociale favoriserait l'arrivée au pouvoir du RN.

L'évolution.

Le phénomène rappelle celui des gilets jaunes. En janvier 2017 le RN avait fait le forcing, sans succès, sur la limitation à 80 kms/h avant de rebondir en milieu d'année sur l'antifiscal et sur la taxe carburant. Ce qui avait conduit aux gilets jaunes. Puis ensuite à un vrai mouvement social que le RN a désapprouvé aussitôt.

En 2025 l'appel à tout bloquer le 10 septembre provenait également de l'extrême droite. Mais en juillet l'appel initial a été repris massivement par des personnes de gauche. Maintenant la plupart des groupes d'extrême droite ne soutiennent plus le 10 septembre et/ou en disent du mal en insinuant que le mouvement est récupéré par les syndicats et les partis de gauche.

Les revendications.

En gros on trouve trois sortes de messages sur les réseaux sociaux:


- des actions de protestation symboliques

  • ne pas sortir et rester chez soi
  • ne pas consommer, ne rien acheter
  • retirer l'argent des banques

- des revendications d'extrême droite

  • - anti élites
  • - anti Etat
  • - anti fiscal

- des revendications sociales

  • contre le plan Bayrou
  • contre l'année blanche, la suppression des congés
  • abrogation de la loi retraites de 2023

Les deux premières catégories sont clairement des messages téléguidés. Pour la première catégorie on dirait la prose de Retailleau "surtout n'allez pas manifester". A ce sujet il n'est pas impossible que le gouvernement ait lancé une opération de guerre informationnelle en créant des sites factices et/ou en inondant les autres de messages douteux.
Et la seconde catégorie provient clairement du RN et des partis connexes.

Mais après le plan Bayrou présenté en juillet le mouvement du 10 septembre a basculé vers la gauche, la plupart des sites et des groupes contiennent maintenant une majorité de messages de revendications sociales.

La webographie.

En cherchant sur Facebook avec "10 septembre" on trouve quelques dizaines de groupes, parmi ceux qui sont les plus fréquentés:

Ensemble on bloque tout

Le groupe qui semble numériquement le plus important avec 21500 abonnés sur Facebook, mais le groupe a été crée en 2021. 

Indignons nous.

Le groupe comprend 3000 membres sur Facebook et un site Telegram organisé par région. Il dispose également d'un site internet. Le groupe est encore peu nombreux mais très bien organisé. Le groupe a été crée en juillet 2025. Par ailleurs c'est le groupe que j'ai rejoint.

10 septembre

Plus de 7000 membres, crée le 24 juillet 2025.


Les syndicats.

Les syndicats ont lancé une pétition contre le projet de budget de Bayrou, actuellement elle dépasse les 300000 signatures. Le nombre relativement faible provient surement de la période de vacances, ou d'un manque de motivation des syndicats et des syndiqués.

On sait également que les syndicats ne veulent pas rééditer l'erreur de 2018 quand ils ont boycotté les gilets jaunes. Leur position commune sera connue le 1er septembre à l'issue d'une réunion intersyndicale. Ils ont au moins trois possibilités:


- l'intersyndicale adopte la date du 10 septembre avec l'idée de faire des manifestations bien cadrées, avec l'aide de la police, et de neutraliser la mobilisation populaire en journées saute mouton dont la prochaine arrivera dans un mois.


- l'intersyndicale peut aussi se diviser entre syndicats participants au 10 septembre et syndicats réfractaires comme l'UNSA, et dans ce cas la division syndicale est censée affaiblir un mouvement social non souhaité


- enfin l'intersyndicale peut adopter une attitude radicale et refuser de soutenir le 10 septembre tout en laissant à chaque fédération le choix de la conduite à tenir


La position syndicale adoptée le 1er décembre sera probablement choisie en tenant compte de l'estimation de l'ampleur de la mobilisation. Si elle parait massive, l'intersyndicale n'aura d'autre choix que l'unité afin de prendre le contrôle des évènements.

Je signale le post de Laurent Brun (CGT) sur Facebook dans lequel il analyse le 10 septembre. Tout d'abord il commence par dénigrer un mouvement spontané et qui n'a aucune chance d'obtenir des résultats, à l'exemple des gilets jaunes. Il note aussi que les slogans seraient populistes anti Etat et anti fiscal et non dirigé contre le patronat. Et une diatribe contre ceux qui veulent pas de chefs et faire des AG.
Clairement il est pas enthousiaste. Mais réaliste il propose d'observer et de voir venir pour envisager la "présence" de la CGT si le mouvement prend de l'ampleur. Afin de proposer sa solution, recruter pour la CGT. Son analyse montre bien le mode de fonctionnement d'un bureaucrate syndical.


Néanmoins de nombreux syndicats ont rejoint le mouvement du 10 septembre, notamment la CGT chimie, commerces, éducation. FO n'appelle pas à la grève mais à lancé un préavis du 1/9 au 30/11 pour couvrir d'éventuels grévistes.

Les partis politiques.

Les partis de gauche LFI et même PS restent en retrait tout en étant plutôt favorables au mouvement social, qui en principe fait partie de leur programme d'action politique !  L'extrême gauche "raisonnable" soutient le 10 septembre. On trouvera une liste d'organisations qui approuvent la mobilisation dans une tribune de Regards.
Le RN se tient en retrait également. Mais à l'exception de quelques éléments le parti voit négativement un mouvement qui vise les milliardaires et le patronat.


La situation politique globale est celle d'une longue suite de défaites des salarié.es: libertés, Sécu, Code du travail, retraites, etc. Depuis le début du 21ème siècle les capitalistes ont multiplié les batailles antisociales qui avaient débutées dans les années 90. Dans ce contexte la mobilisation du 10 septembre sera l'occasion de relever la tête, ou de recevoir un coup de bâton supplémentaire.

L'enjeu social est énorme. D'autant que le gouvernement a fait le choix de la répression sauvage. L'achat de 90 blindés anti émeutes est significatif de leur état d'esprit.

Il n'est même pas sur que les manifestations pépères syndicales soient à l'abri des violences. On peut présager  le retour des blackblocs et de leurs casseurs adjoints, des policiers habillés en noir. Heureusement ce point est pris en considération par les mouvements actuels qui ont vécus les violences anti écolos, anti jeunes, racistes, etc.

Conclusion.
La conclusion c'est que je ne sais pas combien il y aura de manifestants et/ou grévistes le 10 septembre. 
On peut néanmoins supposer qu'ils seront nombreux. La question traditionnelle du chiffre aura un sens particulier cette fois.
En dessous de 2 millions de participants le gouvernement aura beau jeu de nier l'ampleur de la mobilisation, aidé par ses compteurs d'élites et avec l'appui des grands médias. Lesquels d'ailleurs commencent leur campagne de désinformation anti 10 septembre. 
Au delà de 2 ou 3 millions la journée de mobilisation pourrait être le début d'une mobilisation plus importante. Les hésitants pourraient être tenté de rejoindre la masse. Ce qui pose la question du 11 septembre, pour lequel il y aura lutte entre deux options:

- l'option syndicale avec un arrêt immédiat du mouvement pour casser sa dynamique, tout en imposant un calendrier de journées ponctuelles de grève ou de manifestation inoffensives.


- l'option radicale qui consiste à utiliser la journée de mobilisation pour organiser partout des AG et mettre en place des coordinations démocratiques (délégués élus et révocables, élections non truquées, etc.) afin de donner une suite combative au mouvement
Cette deuxième option devrait être discutée dans le calme dans les groupes, le calme signifiant que l'on a tous le même objectif et les divergences éventuelles ne doivent jamais le faire oublier !
Dans l'immédiat un seul mot d'ordre, faire venir le maximum de gens le 10 septembre, à vos tracts, prêts ...


Mobilisation générale !

Tous et toutes dans la rue le 10 septembre !

PS. Et zut ! On se décarcasse à écrire un billet de blog et l'actualité change tout le temps lol


Désormais LFI se rallie au mouvement du 10 septembre:


« Nous demandons à tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action pour en finir avec le gouvernement Bayrou de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite », encouragent les « insoumis »
Le Monde

Ci joint l'article de La Tribune au format pdf.
Concrètement on peut imaginer que les GA (groupes d'action locaux) vont rejoindre les comités de mobilisation, ce qui va considérablement amplifier une mobilisation déjà bien engagée.
Et si les syndicats se constituent en intersyndicale, Bayrou peut commencer à faire sa valise !  (ou une prière à Lourdes mais sans garantie lol)

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