L'intersyndicale propose de "mettre la France à l'arrêt" le 7 mars. Mais une journée de grève supplémentaire isolée n'a aucune chance de perturber le vote de la "réforme" des retraites.
Lors du mouvement social de 2010, contre la retraite à 62 ans, l'intersyndicale de 2010 nous a proposé neuf ( !) journées de grèves et de manifestations. Sans parvenir à bloquer la "réforme" des retraites qui portait l'âge de départ à 62 ans.
Une journée d'action isolée, même de très grande ampleur, ne perturbe en rien le gouvernement, ni le patronat, dès lors que le lendemain tout le monde se remet au travail.
L'intersyndicale s'est réunie récemment et a confirmé que le 7 mars serait une journée isolée. Communiqué de l'intersyndicale.
Et le 8 mars tout le monde se remet au travail.
Du bout des lèvres, l'intersyndicale soutient les "actions" en faveurs des droits des femmes le 8 mars, et soutient également les actions de la jeunesse le 9 mars. Par soutien il faut comprendre surtout un soutien moral. Mais pas question d'appeler à la grève reconductible.
D'ailleurs pour la CFDT les déclarations de Berger le 21 février sont particulièrement explicites: on ne bloque rien, pas de reconductible, pas de "bordel" (sic)
Et pour la CGT Martinez approuve Berger, en ajoutant hypocritement qu'il comprendrait si certaines fédérations voulaient aller plus loin, mais que la CGT n'appelle pas à un mouvement général au delà du 7 mars.
Sachant que la "réforme" des retraites va être votée assez rapidement dans les jours qui suivent, l'intersyndicale prépare un enterrement de première classe pour le mouvement social !
En effet dès que la "réforme" sera adoptée, les mêmes viendront nous dire que désormais la retraite à 64 ans c'est loi, et qu'une loi ne se conteste pas dans la rue.
D'ailleurs, toujours selon les mêmes, elle se conteste peu au Parlement. Puisque l'intersyndicale n'a pas cessé de critiquer "l'obstruction" de LFI contre la "réforme" des retraites.
Et là on comprend bien que le gouvernement et l'intersyndicale sont pressés que la loi soit voté et que les gens arrêtent de râler ...
Bref le 7 mars se présente comme une sixième journée d'actions sans lendemain. Et la baptiser "la France à l'arrêt" c'est une guignolade, et je suis charitable.
Même avec un plus grand nombre de grévistes tout le monde sait bien qu'un seul jour ne suffira pas à faire reculer Macron.
Et après les journées perdues en janvier et février, il n'est pas sur que les gens soient prêts à gaspiller une journée de plus sans le moindre espoir de victoire.
L'intersyndicale prépare méthodiquement notre défaite.
Alors même que le dernier sondage OpinionWay montre que près de 70% des gens estiment nécessaire de se mobiliser contre la "réforme".
La situation sociale est donc maintenant quasiment désespérée.
La seule chance de s'en sortir c'est d'organiser partout des AG pour étudier les possibilités d'actions à partir du 8 mars.
Ce n'est pas possible partout mais en démarrant par les "grands" secteurs que sont l'énergie, les transports, la fonction publique, la chimie ... il est possible d'amorcer un mouvement d'ampleur. Les hésitants ne tarderont pas à suivre.
En s'organisant localement, indépendamment des consignes de l'intersyndicale, et compte tenu du mécontentement populaire, nous avons la possibilité de construire un mouvement d'ensemble. Et de gagner en faisant reculer Macron.
On n'est pas sur de gagner, mais ne rien faire c'est être sur de perdre !
PS. Pour moi qui ait connu les magouilles de l'intersyndicale en 2010 et les années précédentes c'est un moment pénible. Le "bon sens" affirme pourtant que l'on peut tromper les gens un moment mais pas tromper tout le monde et tout le temps, ce serait bien que ce soit vérifié cette année :)
Et pour ceux qui manqueraient de motivation voir la dernière production du Comité INSEE