Ni vainqueurs ni vaincus: tel est le discours officiel du gouvernement et des dirigeants syndicaux. Néanmoins le Canard enchainé racontait comment le gouvernement sablait le champagne au soir du 14 avril et rares sont les salarié.es qui peuvent en dire autant. Surtout après avoir perdu des jours ou des semaines de salaires !
Après la promulgation de la réforme des retraites les possibilités d'actions sont minces. Pour les plus déterminé.es il reste encore l'organisation de comités d'accueil lorsque Macron et ses acolytes se déplacent pour nous expliquer pourquoi ils nous dépouillent: "car c'est pour notre bien" !
En raison du battage médiatique et malgré la répression intensive, policière et judiciaire, ce type d'action est intéressant. Il permet de continuer à lutter (un peu) et de préparer le 1er mai qui malheureusement ne mettra pas davantage la "France à l'arrêt" que le 7 mars de pacotille.
Au passage on notera que la plupart des actions sont étroitement encadrées par des syndicats, ce qui laisse peu de place pour l'auto organisation des salarié.es. Or l'échec complet de la lutte contre la réforme des retraites montre clairement que nous avons commis deux erreurs:
- laisser autrui (des syndicalistes véreux) décider à notre place de ce qu'il fallait faire, où, quand et comment, et obéir aveuglément
- ne pas s'organiser de manière indépendante, ne pas se coordonner et ne pas décider démocratiquement des actions possibles
Pour ceux qui vont réfléchir aux causes de l'échec et aux moyens d'y remédier il faut rappeler cet axiome: sans des formes d'auto organisation des salarié.es qui permettent de décider démocratiquement, nous n'avons aucune chance de gagner. Ce principe a été vérifié depuis des siècles.
Etonnamment, surtout pour des anars (lol), notre principale arme ce n'est pas le pavé mais c'est le bulletin de vote (dans les AG !)
Avec cette méthode, l'efficacité du pavé qui vient ensuite est multiplié par mille. Derrière cette remarque "théorique" il y a la différence entre l'échec ou la victoire. Comme vient de le prouver le mouvement contre la réforme des retraites.
Pour limiter les dégâts il aurait été possible de constituer un réseau de comités de luttes, puisque même en cas d'échec l'existence d'une structure autonome reposant sur des groupes d'affinités locaux, des réseaux sociaux ou des sites internet, aurait permis de rebondir à la première opportunité.
Tandis que là l'avenir du mouvement social c'est une longue série de manifestations/mobilisations syndicales savamment calculées pour que les gens se démoralisent rapidement et se résignent à la retraite à 64 ans. Puis finalement les syndicats reprendront leurs "négociations" et on passera à autre chose.
Comme en 2010 on nous a fait le "coup de l'intersyndicale". Au moins il faudrait que la leçon serve pour la prochaine fois ?