Une enfant de deux ans et demi reçoit une taxe d'habitation de 663 € Est il besoin d'ajouter un commentaire ? mdr
Au total près de 16500 enfants ont reçu une taxe d'habitation ces dernières semaines.
Légalement je pense que ce n'est pas forcément une anomalie de les taxer, puisque dans les familles riches (très) on peut trouver des montages juridiques qui créent des bébés millionnaires :)
Sérieusement, et fiscalement parlant, c'est évidemment une anomalie. Sauf à prouver qu'un bébé dispose à titre privatif d'une habitation, sans parents donc. Ce qui est impossible pour un mineur. Surtout avant 2 ans lol
Il s'agit donc d'un (gros) bug informatique. Dont j'ai du mal à imaginer qu'il soit possible: comment un programmeur peut créer un algorithme qui taxe un enfant et non ses parents ?
Même un enfant de 5 ans serait capable de comprendre le problème et de mettre une instruction "if <age> else <anomalie>".
L'explication du bug telle qu'elle est présentée par les syndicats, par exemple Solidaires, c'est la campagne forcenée menée en début d'année pour inciter les contribuables sur impots.gouv.fr à remplir le formulaire GMBI.
Formulaire dont le titre GMBI (Je gère mes biens immobiliers) est déjà tout un résumé de ce que deviennent les services publics: c'est l'usager qui doit faire le travail d'identification administrative des immeubles, de vérification des surfaces et d'attribution des locaux et des taxes.
On n'est plus très loin du moment ou l'éducation nationale demandera aux élèves d'apporter leur tabouret ou bien la police de faire payer les menottes aux mis en cause ... sans préjudice d'autres idées néolibérales toutes aussi baroques :)
Il s'agit partout de supprimer des emplois publics et de transférer la charge de travail sur les administrés. Entre la recherche de la rentabilité et le souci de rendre service au public, nos gouvernants néolibéraux ont choisi !
Ils ne font qu'imiter bêtement ce qui se pratique dans le privé, où les caissières sont supprimées et le client enregistre lui même ses articles.
Cerise sur le gâteau, la DGFIP n'a même pas fait un effort pour muscler son système informatique !
Tout a été programmé à l'économie. Et d'ailleurs il n'est même pas sur que des fonctionnaires aient réalisés GMBI, puisque l'externalisation de l'informatique frappe toutes les administrations.
De là à imaginer une ESN (ex SSI) privée qui a bâclé un projet sur un coin de table puis l'a fourgué à l'administration. Bâclé puisque le public paie moins et moins vite que les clients du privé, donc le service est moins bon forcément. (eh oui le public est toujours meilleur que le privé)
Il suffit d'aller sur le site officiel et d'explorer GMBI pour comprendre. Les locaux sont mal identifiés leurs caractéristiques sont fantaisistes et les explications minimales comme le "user friendly", trop cher sans doute.
Techniquement ils n'ont même pas fait l'effort de recouper les différents fichiers fiscaux pour assurer la cohérence d'ensemble.
Visiblement prendre des sous aux gens est considéré comme une tache de seconde zone. Quand on pense aux croisements de fichiers inouies réalisés par la police pour cibler les "déviants" ou par les services sociaux pour taper sur les pauvres. L'informatique à deux vitesses en quelque sorte !
Idem pour les emplois, 25000 emplois supprimés à la DGFIP les vingt dernières années cela ne peut rester sans conséquences. En gros les services fiscaux sont passés de 200000 emplois dans les années 80 à environ 100000 actuellement, sans que la législation fiscale soit simplifiée, c'est même tout à fait le contraire !
Tout est remplacé par une dématérialisation à l'arrache, qui bricole des solutions simplistes et qui laisse nombre d'usagers dans la galère.
Bref cet incident qui a fait rire la France entière, un peu moins ceux qui reçu une facture imaginaire, est le révélateur de la débâcle des services publics, un de plus !