Le texte qui suit n'est pas de moi mais il résume tellement bien la situation que je ne ferais pas mieux. Donc je ne citerais que des extraits accompagnés de mes commentaires. En fait l'arnaque est tellement grosse que les commentaires sont presque superflus !
La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles Catherine VAUTRIN a assuré en fin de semaine dernière que patronat et syndicats auront toute latitude pour tenter d'amender la réforme des retraites de 2023, qui avait fait passer de 62 à 64 ans l'âge légal de départ, lors de négociations qui débuteront jeudi.
"Nous avons décidé de ne pas interférer", a-t-elle déclaré à "La Tribune Dimanche", promettant que le gouvernement allait "donner une feuille blanche aux partenaires sociaux". "Cela va se décliner très concrètement : nous ne serons pas présents pendant les négociations afin de laisser aux partenaires sociaux une totale liberté dans les échanges et les idées", a promis la ministre. Mme VAUTRIN indique qu'ils auront jusqu'à "début juin" pour s'entendre.
La négociation confrontera syndicats et patronat, le gouvernement restant "neutre", c'est à dire pro patronat comme on va le voir ci après.
Mais les discussions s'annoncent ardues, tant les positions sont antagonistes. Pour les syndicats, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. Le patronat exclut, lui, toute augmentation de sa contribution financière. "La balle est dans leur camp", a insisté la ministre, réitérant à plusieurs reprises son souhait de ne pas préempter les négociations. Elle s'est ainsi gardée de prendre position sur plusieurs pistes circulant dans les débats – capitalisation, indexation de l'âge de départ sur l'espérance de vie et plus grande contribution demandée aux retraités actuels. "Notre seul objectif est de trouver les moyens d'aller vers l'équilibre financier", a-t-elle affirmé. Dans un rapport sur l'état financier du système de retraites devant servir de base aux travaux des partenaires sociaux, la Cour des comptes a évoqué un tableau "préoccupant", mais a évalué le déficit à une quinzaine de milliards d'euros en 2035, loin de la cinquantaine de milliards avancée par le Premier ministre François BAYROU.
En fait pour rétablir l'équilibre financier il faudrait en finir avec les exonérations permanentes de cotisations patronales. Ces cadeaux injustifiés aux capitalistes font un trou de 90 milliards chaque année dans les caisses de la Sécu. Mais ce n'est pas du tout à l'ordre du jour, ni pour le patronat ni pour le gouvernement qui va marteler:
Le gouvernement défend l'âge de départ à 64 ans En fin de semaine, les membres du gouvernement se sont succédé pour défendre l'âge de départ à 64 ans, tout en proposant des mesures annexes pour combler le déficit du système. Dès vendredi, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Eric LOMBARD a balayé l'hypothèse d'abroger la réforme de 2023 et de revenir aux 62 ans, jugeant que la France n'en avait "absolument pas les moyens". Ce retour en arrière "est extrêmement coûteux et on n'en a absolument pas les moyens, donc c'est non", a-t-il dit sur RTL. Jugeant "assez illogique" que le niveau de vie des retraités soit, "en moyenne, supérieur au niveau de vie des salariés", M. LOMBARD a déclaré être "plutôt" partisan d'une contribution accrue des retraités à l'effort financier en faveur du système de retraites.
Hier, la ministre du Travail et de l'Emploi Astrid PANOSYAN-BOUVET a appelé à regarder "l'ensemble des leviers aujourd'hui" : la mesure d'âge, la durée de cotisation et la sous-indexation des retraites par rapport à l'inflation. Tout en expliquant que "dans un monde où il y a une espérance de vie en bonne santé" qui augmente, "il y a la nécessité de travailler plus longtemps, notamment pour aussi augmenter le taux d'emploi de nos seniors", sans y intégrer les carrières pénibles. Elle a aussi estimé que l'introduction d'une dose de capitalisation dans le système "doit faire partie des sujets en discussion", regrettant que cette idée notamment avancée par la CPME soit "taboue dans les discussions sociales". "On a 15 millions de Français aujourd'hui qui font de la capitalisation, (...) ce n'est absolument pas tabou pour les Français" et "ça doit faire partie des sujets de discussion", a-t-elle considéré. Un deuxième rapport de la Cour des Comptes attendu pour avril portera sur "les conséquences des régimes de retraite sur l'emploi et la compétitivité", a-t-elle rappelé.
Son collègue Laurent SAINT-MARTIN, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, a été plus direct, estimant que revenir sur l'âge de départ à la retraite à 64 ans pourrait être "une erreur très grave". "Si c'est pour déséquilibrer plus encore le système de retraite, je pense que c'est une erreur très grave (...) pour nos propres finances publiques, pour le refinancement de notre dette", a-t-il déclaré hier sur LCI. "Il nous faut faire des choix budgétaires courageux et ces choix budgétaires courageux, c'est de simplement savoir financer et équilibrer un système de protection sociale. Et donc ça passe par des réformes qui sont celles notamment de notre assurance retraite et certainement pas revenir en arrière", a ajouté le ministre.
Bref, un gouvernement qui est totalement neutre, mais qui reprend, en mobilisant énergiquement plusieurs ministres, la position du patronat. Notamment concernant la retraite à 64 ans imposée en 2023.
Un avis partagé par le président du Medef Patrick MARTIN, qui imagine même augmenter l'âge de départ. "A minima, préservons l'âge légal de départ à 64 ans. Si l'on était réaliste, il faudrait peut-être même le pousser un peu plus loin", a-t-il soutenu dans les pages du "Journal du Dimanche". "Si l'on veut, dans la durée, assurer des pensions de retraite au même niveau qu'aujourd'hui, et donc préserver le niveau de vie des retraités, il n'y a pas 50 solutions : soit on augmente les cotisations des entreprises comme des salariés – pour nous, c'est non – (...) soit on augmente la durée de cotisation", insiste-t-il. Le président du Medef a dénoncé une "myopie collective" et jugé "incompréhensible" le choix de revenir sur la réforme des retraites, qui "avait été digérée bon gré mal gré par l'opinion selon lui. Le dirigeant a aussi insisté sur la nécessité d'une "unité du monde patronal" sur le sujet, quelques jours après que son homologue de la CPME Amir REZA-TOFIGHI s'est déclaré prêt à envisager un retour au départ à la retraite à 63 ans, à condition que cette mesure s'assortisse d'une indexation automatique de l'âge de départ sur l'espérance de vie. "Lorsqu'on fait des propositions, il faut pouvoir les évaluer précisément. A ce jour, les experts du Medef et les économistes n'ont pas trouvé de meilleure solution que celle du report de la borne d'âge", a répondu M. MARTIN.
CQFD. :)
Mais ce n'est pas tout. Ces braves gens nous suggèrent tout un panel de solutions qui ont toutes un point commun: les salarié.es vont morfler grave ! Et pour le coup il faut s'attarder sur les "solutions" qui vont probablement émerger de cette "négociation".
- - Généraliser la retraite par capitalisation, d'abord en complément de la retraite par répartition. Puis au fur et à mesure du déclin organisé de celle ci, la remplacer par de la capitalisation. Nos retraites dépendront alors de la bonne santé des "marchés" financiers. Cf 2008.
- - Taxer les retraité.es, selon le refrain bien connu, ce sont des privilégié.es. Ce qui revient à diminuer massivement le montant des retraites.
- - Augmenter la durée de cotisation des salarié.es, pour les obliger à partir plus tard à la retraite. Donc partir après 64 ans.
- - Indexer les retraites sur l'espérance de vie. Ce qui est stupide car l'espérance de vie stagne depuis une dizaine d'année. Détail qui n'a pas échappé au ministre qui précise: "dans un monde où il y a une espérance de vie en bonne santé qui augmente, il y a la nécessité de travailler plus longtemps". Et là grosse arnaque !
En effet, pour les salarié.es l'espérance de vie en bonne santé c'est très différent de l'espérance de vie tout court. D'abord en soi l'expression n'a aucun sens si l'on ne précise pas à partir de quel âge on mesure l'espérance de vie en bonne santé.
De plus, statistiquement, un cadre vit sept ans de plus qu'un ouvrier. Alors le temps de vie en bonne santé après 70 ans n'a aucun intérêt si vous êtes mort avant.
C'est donc particulièrement cynique de réduire la retraite d'un ouvrier ou d'un précaire au motif que s'il avait pu vivre plus longtemps alors son espérance de vie en bonne santé aurait augmenté !
De tout cela il s'ensuit donc que la "négociation" en cours jeudi est programmée pour dézinguer les retraites.
Maizalors puisque l'arnaque est flagrante, pourquoi les syndicats se précipitent !? Elément de réponse:
Du côté des syndicats, la CFDT n'a pas formellement évoqué la question d'une abrogation de la réforme. Interrogée samedi sur d'éventuelles divergences au niveau des syndicats, la secrétaire générale de la CGT Sophie BINET a assuré que "le front syndical continue à se parler". "L'ensemble des organisations syndicales considère qu'il faut revenir sur les 64 ans", a-t-elle soutenu.
On peut en déduire qu'ils y vont en ordre dispersé, sans revendications concertées et sans plan d'action. Et avec un acharnement revendicatif disons modéré. Ils ne font même pas de la suppression de la réforme de 2023 un préalable.
Je vous laisse deviner ce qui sortira de cette "négociation" ...