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Billet de blog 28 novembre 2022

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Chine: Le mouvement des "Feuilles blanches".

我们要自由、平等、民主、法治。 Wǒmen yào zìyóu, píngděng, mínzhǔ, fǎzhì "Nous voulons la liberté, l'égalité, la démocratie, et une constitution."

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Le mouvement de protestation des "feuilles blanches" en Chine qui touche beaucoup de grandes villes me fait penser à celui des "gilets jaunes".

Les évènements de l'usine Apple Foxconn, le 23 novembre, concernaient plutôt des ouvriers (200000 !). Cf Les Echos.

Maintenant - et indépendamment - c'est le tour de la classe moyenne de se révolter. Comme pour les "gilets jaunes", la crise économique est en cause provoquant un sentiment de déclassement parmi ces couches sociales.

Elles ont bénéficié de la nouvelle économie capitaliste depuis des dizaines d'années. Elles pouvaient s'habituer à l'absence de libertés tant qu'elles en profitaient. Mais récemment la crise économique a changé la donne.

L'arrivée du Covid et l'application imbécile des mesures anti Covid a servi de déclencheur. Le prétexte initial est l'incendie de Urumqi qui a fait 10 morts prétendument parce que les mesures Covid ont freiné les secours. Comme le relate Le Monde:

"Après l’incendie, jeudi, les habitants d’Urumqi ont bravé par milliers un confi­nement de plus de trois mois et se sont massés dans les rues pour protester. Avec succès : ils ont obtenu le déconfinement des quartiers les moins touchés de la ville. Depuis, des protestations ont eu lieu dans les universités de Nankin, Pékin, Shanghaï, et dans des quartiers de Wuhan, de Chon­gqing, de Chengdu, et de Lanzhou où la foule a détruit des kiosques de tests Covid."

Les manifestations se sont produites dans une douzaine de villes au moins et la répression a été très variable, les images montrent des fourgons embarquant les manifestants, d'autres montrent la police impassible. Pas de yeux crevés cependant, en tout cas pas en public, les chinois n'ont pas encore inventé le concept de "préfet Lallemand".

A noter que l'autre moitié de la Chine, celle des pauvres, n'a pas encore bougé. Le mouvement de protestation est donc minoritaire mais il constitue la base sociale du régime de Xi Jin Ping d'où son importance politique.

Le gouvernement chinois n'a plus d'autre choix que de supprimer les mesures anti Covid les plus stupides. La ligne politique officielle reste la lutte zéro Covid, ce qui est logique. En 2020 la Chine est le seul pays à avoir adopté des mesures efficaces contre l'épidémie, limitant le nombre des morts. Ce fut un succès mondial, c'est ensuite que tout a dérapé !

Car le pays a raté sa politique de vaccination générale, même si 90% de la population est vaccinée il reste un nombre considérable de personnes âgées non vaccinées, peut être 30% des plus de 60 ans.

Sur 1,4 milliards de chinois continentaux la population des plus de 60 ans représente 12% selon Wikipedia (ou 18% selon une autre source), ce qui fait près de 180 millions de personnes. Soit 30%x180 millions = 54 millions de personnes à risque.

Si le gouvernement chinois abandonne complètement les mesures anti Covid, dans le pire des cas, et si l'on suppose une mortalité de 0.5% (observé lors de la première vague) le nombre des morts pourrait atteindre 270000. Ce qui est une prévision optimiste.

Dès lors on comprend pourquoi Xi Jin Ping s'accroche à sa stratégie zéro Covid. Pourtant il n'a plus le choix s'il veut éviter une crise politique, il devra abandonner toutes les méthodes stupides de privation de liberté. Le port du masque et l'interdiction des regroupements suffisent largement à réduire les risques à un niveau acceptable.

Et il va falloir  traquer les "vieux" qui ne sont pas suffisamment protégés, mais pour traquer la population on lui fait confiance !

Par contre refuser de bouger serait suicidaire et conduirait rapidement à un nouveau Tian An Men dont, à  l'heure d'internet, le résultat n'est pas forcément garanti. A suivre donc.

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