touriste

Abonné·e de Mediapart

293 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 mars 2023

touriste

Abonné·e de Mediapart

Retraites: 2010-2023, même méthode, même résultat.

L'intersyndicale de 2010 avait réussi à canaliser le mouvement social, l'intersyndicale de 2023 a récidivé.

touriste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La manifestation du 28 à Marseille était loin d'être ridicule mais il y avait moins de monde que le 23 mars.

Le trajet de la manifestation s'étalait sur 2 kms et en comptant 10 à 15 manifestants.es par mètre linéaire on aboutit à environ 30000 manifestants. En raison des mouvements divers, dans et autour du cortège, la science du comptage de manifestants ne fournit que des approximations.

En comparaison la manifestation du 23 mars devait rassembler dans les 50000 manifestants.

Pour les syndicats qui utilisent une méthode très spéciale, la manifestation faisait 180000 contre 280000 le 23 mars. Pour apprécier cet humour syndical il faut savoir que tout Marseille c'est 870000 habitants donc 280000 c'est 32% de la population totale de la ville ! lol

Bref après le rebond du 23 mars, pour cause de 49.3 et de crise politique, les gens sont un peu fatigués de perdre de l'argent en manifestations improductives. Il reste bien des mouvements spontanés, comme ces centaines de manifestants occupant la gare St Charles après la manifestation plan plan du 28, mais ils sont encore minoritaires et le pouvoir dispose de tous les outils policiers et judiciaires pour les massacrer.

Le gouvernement et l'intersyndicale sont en train de gagner leur pari: épuiser financièrement et psychologiquement les manifestants en les baladant dans une série de temps forts qui ne gênent guère le pouvoir. Et surtout en évitant l'auto organisation des salarié.es qui pourrait déboucher sur un mouvement de grève générale. Le blocage du pays étant le seul évènement qui pourrait vraiment faire reculer le pouvoir.

L'argument selon lequel "les gens n'ont pas les moyens de faire grève" n'a absolument pas empêché l'intersyndicale de faire perdre une semaine de salaire à tout le monde. A comparer avec ce qui serait arrivé si tous ensemble on avait fait sept jours de grève consécutifs.

Comme en 2010 la première partie du plan de démobilisation populaire a parfaitement fonctionné. Les manifestants sont découragés par leur impuissance à faire bouger le gouvernement et les grèves sectorielles isolées commencent à régresser. Et la jeunesse soumise à une répression insensée, cf les deux morts à Ste Soline, s'est mobilisée trop tardivement.

Tandis que pendant que nous défilons une fois par semaine la loi sur la réforme des retraites à été adoptée - laborieusement - par une droite politique pulvérisée ! Ce gros grain de sable de la crise politique rend néanmoins très délicate l'action démobilisatrice de l'intersyndicale. Le sursaut de la manifestation du 23 en est la preuve !

Nous entrons dans la phase de fin de conflit. L'intersyndicale et le gouvernement sont en train de chercher frénétiquement l'os à ronger à jeter aux salarié.es, qui permettrait de terminer rapidement le mouvement social.

Tout cela sans trop entamer le crédit des directions syndicales, "qui se sont battues jusqu'au bout" mais qui "hélas ont été victimes de la situation sociale défavorable" et autres conneries servant "d'éléments de langage" pour justifier leur compromissions.

La guignolade de la "médiation" de Berger et le foutage de gueule de la "rencontre" avec le premier ministre posent les premiers jalons. 

Macron ne bougera pas d'un poil et la retraite à 64 ans est désormais actée. La durée de cotisation à 43 ans également.
Mais imperturbable dans sa stupidité, le communiqué de l'intersyndicale du 28 mars appelle à une nouvelle manifestation isolée le 6 avril ! Clairement ils espèrent que cette fois la masse des manifestant.es va se décourager et se ranger avec résignation derrière la pseudo négociation de l'intersyndicale. Au pire il suffira de deux ou trois "temps forts" en avril pour clore définitivement le mouvement.

Et si les syndicats montrent clairement leur division en allant négocier, ce sera l'éclatement de fait de l'intersyndicale. Ce qui accélèrera encore la démobilisation.

Gouvernement et intersyndicale vont nous amuser quelques temps avec les recours constitutionnels qui vont sabrer dans le texte de loi les mesures les plus favorables, comme l'index senior, tout en conservant intégralement le coeur de la réforme !

Et nous balader pendant un an ou deux avec le fameux RIP dont il suffit d'étudier le mécanisme pour comprendre qu'il a été conçu pour ne pas pouvoir être appliqué.

Il semble donc que nous avons de nouveau perdu une immense bataille sociale, comme tant d'autres depuis trente ans.

Pour gagner il faudrait que la masse des salarié.es et des militants syndicaux de base échappe à l'emprise des directions syndicales qui sont pour la plupart pourries jusqu'à la moelle et qui font partie des outils à disposition de la bourgeoisie contre les salarié.es.

Pour cela il n'y a qu'un outil efficace c'est l'auto organisation des salarié.es.

Sur la base de collectifs largement unitaires et fonctionnant démocratiquement.

Ceux qui proposent des raccourcis faciles mentent, s'organiser démocratiquement c'est toujours très compliqué !

Dans ce domaine "la route est droite mais la pente est raide"  :)

PS
Quand on analyse les sondages depuis janvier on constate que tout le monde ou presque est contre la réforme des retraites mais que tout le monde pense qu'elle sera adoptée malgré la mobilisation de l'intersyndicale. C'est étonnant comment les gens sont clairvoyants !
Mais il faut dire qu'ils ont l'expérience de 2003, 2010, 2016 ... 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.