Le budget de l'Etat est déficitaire parce que depuis 40 ans les gouvernements et accessoirement les collectivités locales puisent, "quoiqu'il en coute", dans les caisses publiques pour offrir au patronat des cadeaux fiscaux, des exonérations de cotisations sociales et des subventions. IRES MDP Humanité
Avec un humour involontaire, les économistes nomment cette générosité sans limites la "politique de l'offre". Le terme "ruissellement" conviendrait également :)
Combien cela nous coûte, personne ne le sait vraiment tant les méthodes pour transférer gracieusement l'argent public dans les poches privées sont innombrables. Même les rapports officiels sont incomplets.
On dispose néanmoins d'un rapport récent de l'IGF qui donne approximativement une idée des masses financières. Le montant des aides aux entreprises est évalué à "environ" 92 Milliards d'euros. Mais cette somme ne tient pas compte des exonérations de cotisations sociales, soit environ 90 milliards de plus si on s'en tient à une ancienne évaluation de la Cour des comptes le détail se trouve également dans l'annexe 4 (ex-5) du PLFSS.
Au total les "cadeaux" au patronat frôlent les 200 milliards d'euros chaque année, au minimum.
Pour le fun on consultera un site qui liste 2249 aides financières publiques aux entreprises (sic !) :)
D'un autre coté, mais toujours du coté des nantis, depuis les années 80 la fiscalité des particuliers comporte plusieurs centaines de "niches fiscales" dont une grande partie "adoucit" l'impôt des plus riches. On trouvera une liste, je n'ose pas dire complète, dans une annexe du PLF 2024 qui n'est même pas entièrement chiffrée !
Certaines réductions d'impôts ne sont pas contestables, comme l'abattement de 10% sur les petites pensions, mais la plupart des réductions et crédits d'impôts profitent surtout aux plus riches. Par exemple la "flat tax", le taux d'imposition réduit à 12,8% pour les dividendes des capitalistes au lieu du taux normal du barème de l'impôt sur le revenu ( max 45%). Cout estimé de cette petite douceur fiscale au moins 3 milliards d'euros par an. (selon les années)
On peut, et on devrait, mener une évaluation précise des cadeaux fiscaux qui bénéficient aux hauts revenus. Un document de la Cour des comptes en évalue quelques unes mais il ne semble pas exister un tableau général complet et à jour. En attendant il est raisonnable de considérer que les riches particuliers bénéficient chaque année de plusieurs dizaines de milliards de réductions d'impôts.
Si l'on compare le montant total de ces cadeaux au patronat et aux plus riches, qui sont souvent les mêmes, avec les revenus de l'Etat, soit 536 milliards, on comprend bien que cette situation est intenable. On ne peut pas équilibrer le budget en même temps que l'on réduit sans cesse les recettes. Et d'ailleurs en Angleterre les "marchés" ont sanctionné le gouvernement conservateur qui voulait multiplier les cadeaux pour les nantis. Même les capitalistes s'inquiètent ! Cf MDP
En conséquence, si nous voulons éviter de ressembler bientôt à la Grèce ou à l'Italie, il faut stopper net ce gaspillage d'argent public.
Je n'ai pas la place ni le temps n'analyser les centaines de dispositifs "cadeaux", mais la majorité de ceux qui profitent aux nantis ne s'accompagnent d'aucune contrepartie vérifiable. Sauf du baratin économico-politique pour nous dire que les ultra riches vont quitter la France si on les taxe trop, et donc pour quelques dizaines de personnes il faut ruiner la France ? mdr
Pourtant Macron et de son gouvernement souhaitent poursuivre la politique absurde de "tout pour les riches". Le gouvernement de Barnier va donc présenter un budget qui ne modifie que très marginalement l'inégale répartition de la charge fiscale.
Comme la population commence à comprendre l'arnaque, ce gouvernement va faire semblant de faire payer les riches. Le journal Le Monde a publié quelques mesures envisagées dans le PLF:
- une taxe temporaire sur les grands groupes, ils sont environ 300, censée rapporter 8 milliards, mais qui s'appliquera seulement s'ils sont bénéficiaires
- une taxe sur les rachats d'actions par les entreprises, ce qui correspond à une distribution de valeur, mais son produit est estimé à 200 millions, une goutte d'eau
- l'écotaxe sur les véhicules pourrait être modifiée et rapporter 300 millions
- et pour la frime, les locations Airnb seraient pénalisées ... par une réintégration des amortissements déduits en cas de cession produisant une plus value, mesure non chiffrée tellement elle est ridicule :)
- il est proposé également la non revalorisation du barème de l'impôt sur le revenu, qui rapporterait 2.7 milliards mais qui frapperait l'ensemble des contribuables, soit 50% des ménages.
Ces mesures seront présentés comme la preuve d'une justice fiscale, et affoleront sans doute tous les commentateurs bien pensants pendant des semaines. Surtout si pour faire de la communication le gouvernement allonge cette courte liste par une série de mini taxations inoffensives, sans enjeu financier mais avec des titre ronflants !
Devant cette longue liste, le contribuable moyen aura l'impression que le grand soir est arrivé et que Barnier, ce crypto communiste (lol), est en train de faire rendre gorge aux riches. Bien évidemment il n'en sera rien.
Par contre des mesures moins médiatiques vont sabrer dans les dépenses socialement utiles. Le document sur les dépenses plafonds montre déjà que le Ministère du travail perdra 2.3 milliards, celui de la recherche 600 millions, et même l'agriculture. Mais surtout les économies sur la sécurité sociale ne vont pas tarder à suivre dans la prochaine LFSS.
En réalité il suffirait de supprimer une partie des cadeaux offerts au patronat et aux catégories (très) aisées pour trouver rapidement quelques dizaines de milliards.
Un exemple parmi cent, la TVA réduite accordée aux restaurateurs et qui augmente sans coup férir leur chiffre d'affaire dans la même proportion, ce qui nous coute pas loin de 10 milliards sans que les prix aient baissés ou que les salaires des employé.es soient augmentés.
Ou encore la suppression de l'ISF, un impôt tellement étriqué qu'il laissait de coté un grand nombre d'ultra riches, et qui rapportait près de 4 ou 5 milliards. Et supprimé par pur dogmatisme (et pour remercier les copains qui ont fait élire le président Macron !)
Bref il est possible de rétablir le budget (global) de la France à un niveau raisonnable en récupérant quelques dizaines de milliards en supprimant quelques une des plus grosses niches fiscales et sociales.
Vers la suppression de toutes niches fiscales et sociales.
Et dans la rue le 1er octobre pour l'exiger !!
PS.
Cela stabilisera aussi la dette du pays. Mais réduire la dette est ce que c'est vraiment l'objectif de ce gouvernement ?
Puisque plus la dette augmente, plus les marchés financiers font des affaires, et justement ce gouvernement est très ami des "marchés". Le néolibéralisme a mis en place une "arnaque à la dette". L'Etat "donne" 200 milliards aux capitalistes, lesquels les prêtent à l'Etat, lequel leur verse des intérêts. Et ca dure depuis des dizaines d'années, sauf que l'Etat est ruiné, maintenant il faut arrêter avant de tuer la bête !

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