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Billet de blog 31 janv. 2023

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Retraites: Deux avertissements sans frais c'est un de trop.

Maintenant il faut frapper !

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A la manifestation de Marseille d'une ampleur rarement égalée ces dernières décennies, le principal GO syndical a remercié tout le monde avec un: "Merci d'être venu et à la prochaine !".

Comme si la manifestation était un rendez festif qu'il importe de renouveler. Alors que la plupart des manifestants ont perdu un jour de salaire. Soit dit en passant ils étaient 40000 selon la police, 200000 selon le chiffre bidon des syndicats et sans doute quelque part autour de 50000-60000 dans la réalité.

La mobilisation continue donc sur les mêmes rails. Prochaine festivité un samedi, mardi ou jeudi selon des calculs tactiques et sordides tenus dans le secret de l'intersyndicale qui organise tranquillement un nouveau recul social.

Flashback.

Avant l'invention des "fake news" le mensonge organisé prenait aussi la forme du "storytelling" ("raconter des histoires") que l'on rencontre souvent dans la publicité. Pour vendre leur salade les publicitaires créent une histoire promotionnelle.

Exemple tiré des années 80: la scène se passe dans une colonie de vacances, la monitrice s'isole on l'entend téléphoner, puis elle revient radieuse, sourires ironiques des petits colons, elle a retrouvé son "chéri": moralité "le bonheur c'est simple comme un coup fil ... chez France Telecom !". Les Nuls l'avaient parodiée :)

L'intérêt du "storytelling" c'est de mobiliser les sentiments de ceux qui reçoivent l'histoire, plus précisément de mobiliser leurs émotions pour que le produit vendu évoque dans leur esprit des souvenirs agréables. Ce qui peut contribuer à augmenter les ventes.

Et aussi parce qu'en mobilisant leurs émotions on évite qu'il ne mobilisent leur intelligence et se mettent à réfléchir. Ils pourraient alors trouver que le produit qu'on leur fourgue n'a pas que des qualités. Ce qui est mauvais pour le commerce.

Cette histoire de "storytelling" m'est revenue à l'esprit en examinant la comédie que le gouvernement, les syndicats et les médias sont en train de nous jouer.

L'histoire est la suivante: le gouvernement se propose de "réformer" les retraites mais les syndicats résistent et organisent des manifestations. Et comme ces manifestations croissent en importance le gouvernement va modifier sa "réforme". Et finalement une "réforme" améliorée sera adoptée. Certes nos retraites auront été ratiboisées mais nous n'aurions pas tout perdu. Notre lutte a payé, enfin presque :)

Dans les faits, la "réforme" se compose de deux mesures toxiques que le gouvernement ne modifiera pas d'un iota, sauf cas de force majeure: le report de l'âge de départ à 64 ans et l'augmentation de la durée de cotisation. Ce sont elles qui dégradent nos retraites déjà amaigries.

La "victoire" (éventuelle !) de la mobilisation syndicale portera sur des modifications mineures des mesures d'accompagnement, dont la plupart ne bénéficieront pas vraiment aux salarié.es. Et comme elles sont portées par un PLFSSR certaines seront retoqués par le conseil constitutionnel. Par exemple l'index senior, la pénibilité, les carrières longues ... enfin tout ce qui n'est pas strictement financier.

L'histoire qu'on nous vend c'est du vent. La "réforme" ne sera pas modifiée par des manifestations successives. Et les modifications de façades ne seront même pas toutes appliquées. 

Après le 19 janvier, l'immense succès du 31 janvier appelle des mobilisations encore plus efficaces et non la répétition de manifestations rituelles dont l'exemple de 2010 a montré qu'elles ne mènent à rien.

Actuellement la majorité des salarié.es, de l'ordre de 70 à 80%, comprend qu'elle va être arnaquée. L'heure n'est plus à convaincre les hésitants, mais à chercher des moyens d'action efficace et il n'en existe qu'un: essayer de bloquer le pays. Et c'est possible.

Le rapport de forces est aussi de l'ordre de 80% contre 20% et "l'opinion publique" est de notre coté. Tous les clignotants sont au vert pour déclencher méthodiquement et calmement des actions de blocage efficaces et les moins couteuses possibles pour les salarié.es.

Au lieu de cela nous allons continuer à défiler, en jouant notre rôle dans la sinistre comédie qui est en cours. Le gouvernement va faire semblant de "bouger", les syndicats de "mobiliser" et la loi sera votée sans problème. Peut être même par le 49.3. L'alternative serait que le gouvernement soit censuré, pour le moment c'est peu probable.

Rien n'est encore joué, le rapport de force est en notre faveur, il manque juste l'impulsion.

Mais dans quelques semaines tout sera terminé. Cela mérite réflexion.

PS
Et pendant ce temps les "fake news" sont également de sortie. La mobilisation serait décroissante selon les chiffres syndicaux, car il y a moins de grévistes. Les médias insistent sur la démobilisation morale des salarié.es qui ont bien compris, selon des sondages bien orientés, que la "réforme" sera finalement adopté. Toute résistance est donc inutile. etc. 

Il faut reconnaître que pour ceux qui vécu 2010 les évènements de 2023 ne présagent rien de bon. Mais  on n'est pas obligé de rejouer un scénario perdant ! L'intersyndicale verrouille tout, est-il possible de s'en échapper ?  Suspense.

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