Le dos qui reste courbé debout ou assis, vous fait ressembler à un animal gelé en plein été.
Les cheveux ou ce qui en restent blanchissent jusqu’à même perdre cette teinte.
Vos vêtements deviennent trop grands, vos chaussures devenues trop petites, vous serrent les pieds déjà meurtris pars les longues marches oubliées.
La respiration bouscule le corps finissant et le fait bouger en le désordonnant.
Les mains se rencontrent enfin et se tiennent pour ne pas trembler et laisser apparaître aux autres leurs veines vides de sang, de vie.
Alors elles se croisent devant comme pour faire une prière qui n’aura jamais assez de force pour arriver à destination, faute de temps.
Le pourtour des yeux rougis, enflammés, par des regards en biais des autres jeunes rabougris est veiné comme les cerveaux de laboratoire.
Votre ancienne jeunesse est enfouie à l’intérieur de votre vieillesse. Il reste votre vieillesse insolente qui s’expose et fait honte aux vieux de demain.
On ne s’habitue pas aux nouveaux regards de l’autre, même avec le temps.
Vous avez sucé les caramels de votre enfance. Il ne vous reste entre les mains que leurs papiers froissés ou en boule comme vous.
Les pensées, dorment ou font la sieste de plus en plus longtemps. Les réveils les fatiguent, même au ralenti.
Il n’y a plus de bourgeons à éclore, mais plutôt des feuilles qui tombent lourdement sans grâce.
Les paroles échappent aux commandes et quittent leur circuit habituel pour aller se perdre dans l’oubli.
Bien sûr les vieux se secouent de temps en temps, mais retombent aussitôt comme une pâte sans levure.
Tous ces états que je décris arrivent seulement à ceux qui veulent rester coûte que coûte jeunes physiquement.
Il y a un nid pour la vieillesse et un nid pour la jeunesse.
Chacun doit respecter son âge s’il veut vivre jeune jusqu'au bout de sa vie !
2008.