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Billet de blog 5 août 2024

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Congo Brazzaville : Jean-Marie Michel Mokoko

Jean-Marie Michel Mokoko, général et ancien candidat à la présidentielle, est emprisonné depuis 2016 au Congo Brazzaville, accusé de « atteinte à la sûreté de l'État ». Son traitement inhumain et la détention prolongée malgré des problèmes de santé graves suscitent une indignation internationale. Ce rapport révèle les abus de pouvoir du régime de Sassou et appelle à sa libération immédiate.

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Illustration 1

L'ombre persistante de la répression politique plane sur le Congo-Brazzaville, illustrée de manière tragique par le destin de Jean-Marie Michel Mokoko. Héros militaire et ancien candidat à la présidentielle, le général Mokoko est devenu un symbole de la lutte contre le pouvoir autocratique de Denis Sassou-Nguesso. Ce rapport d'enquête examine les abus de pouvoir ayant conduit à l'emprisonnement et à la détention arbitraire d'un homme dont le seul crime est le désir de changement pour son pays, le Congo-Brazzaville.

Méthodologie :

Ce rapport s'appuie sur des témoignages, des documents judiciaires, et des déclarations publiques pour examiner les circonstances entourant l'arrestation, la détention, et le traitement de Jean-Marie Michel Mokoko. Les informations ont été collectées à travers des interviews avec des avocats, des rapports d'organisations de défense des droits humains, et des observations directes.

1. Un Parcours Militaire Brillant Entaché par la Répression

Jean-Marie Michel Mokoko, issu d'une famille modeste et formé à l'École militaire préparatoire Général-Leclerc de Brazzaville puis à Saint-Cyr, a gravi les échelons pour devenir un pilier de l'armée congolaise. Son parcours, de commandant de la Zone autonome de Brazzaville à chef d'état-major général, témoigne d’une carrière militaire exemplaire. Cependant, sa carrière s'est heurtée à un système politique oppressif.

1990 : Le général Mokoko se distingue en refusant d'ouvrir le feu sur des manifestants pacifiques lors des grèves de 1990, démontrant son aversion pour les pratiques répressives du régime.

1993 : Démissionne de son poste de chef d'état-major, Mokoko se réfugie en France, marquant le début de son exil politique.

2. L’Engagement Politique et la Répression Intense

En 2015, Le général Mokoko brise le silence imposé par son uniforme pour s’opposer à la révision constitutionnelle visant à prolonger le mandat de Sassou-Nguesso, qui totalise cette année 44 ans au pouvoir. Son engagement se renforce en 2016 lorsqu'il se présente à la présidentielle. Cette décision audacieuse lui vaut des accusations de « atteinte à la sûreté de l'État » et d’autres charges fallacieuses telles que.

2016 : Le général Mokoko est arrêté immédiatement après les élections pour « atteinte à la sûreté de l'État, port illégal d'armes et de munitions, trouble à l'ordre public ». Un procès expéditif conduit à une condamnation de 20 ans de réclusion criminelle.

2017 : André Okombi Salissa, un autre candidat à l’élection présidentielle de mars 2016, arrêté le 10 janvier 2017, est lui aussi détenu depuis lors. Le 18 avril 2018, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a jugé sa détention comme étant arbitraire.

2018 : Condamné à 20 ans de travaux forcés, son cas suscite une indignation croissante au niveau international. « Jean-Marie Michel Mokoko est arbitrairement détenu à la Maison d’arrêt de Brazzaville, sans raisons valables », estime Francis Mouketo, porte-parole du Mouvement pour agir (MPA), suivi d’une déclaration du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire qui, la même année, se prononce pour dénoncer les conditions arbitraires de la détention de M. Mokoko et appelle les autorités à le libérer immédiatement et sans conditions.

2019 : Parfait Mabiala Hojeij, sympathisant du mouvement d’opposition Incarner l’Espoir, est incarcéré depuis son arrestation le 23 novembre 2019 à Pointe-Noire. Trois autres sympathisants du mouvement, Franck Donald Saboukoulou, Guil Ossebi Miangué et Rolf Meldry Dissavouloud, ont été arrêtés entre le 13 et le 17 décembre 2019 à Brazzaville. Ils ont été inculpés d’atteinte à la sécurité de l’État et sont détenus illégalement, les délais de la détention provisoire prévus par le droit congolais ayant été dépassés depuis plusieurs mois.

3. Une Détention Arbitraire et des Violations des Droits de l’Homme

La détention de celui que la population surnomme J3M, tenu éloigné de la vie politique parce que populaire et difficile à contrôler, est marquée par des conditions inhumaines et une procédure judiciaire entachée d'arbitraire. En 2020, son état de santé se détériore et il est transféré en Turquie pour des soins. À son retour, il est interné à l'hôpital militaire.

2023 : Le général Mokoko est réintégré à la maison d’arrêt de Brazzaville malgré des conditions médicales non résolues. Son avocat, Me Yvon Eric Ibouanga, dénonce cette décision comme une mesure injuste et non conforme aux normes humanitaires.

4. La Réaction Internationale et la Pression Diplomatique

La détention du général Mokoko a attiré l'attention des défenseurs des droits humains, de la communauté internationale et même de la France. Jean-Yves Le Drian a exprimé ses préoccupations à Denis Sassou-Nguesso, soulignant les pressions exercées pour obtenir la libération du général Mokoko.

2015 : Lors de la visite de Sassou-Nguesso en France, Le Drian aurait demandé la libération du général Mokoko sans qu’aucune action concrète n'ait été menée en ce sens par la machine totalitaire du régime de Sassou. L’homme politique français, Louis Aliot, ex-compagnon de Marine Le Pen et maire de Perpignan depuis 2020, assure faire partie depuis des années des défenseurs de cette Afrique « abandonnée aux criminels et aux trafiquants, cautionnés par une élite française. C'est cela que les jeunes africains dénoncent aujourd'hui. Et quand on voit ce qui se passe au Mali, au Niger, au Burkina-Faso, et dans d'autres pays, il est temps d'envoyer un autre message », souligne-t-il à la délégation du MPA présente à Perpignan.

Depuis sa cellule, le général Jean-Marie Michel Mokoko brise le silence avec une lettre poignante : « je me suis heurté à la machine totalitaire. Cette machine, via ses émissaires congolais et ses complices étrangers, a essayé en vain de me faire plier en exigeant de moi la reconnaissance des résultats que le monde entier savait avoir été grossièrement truqués. Face à mon refus, la dictature a ensuite entrepris de m’intimider, d’arrêter et de torturer mes compagnons, de dépenser des fortunes avec des consultants et des complices étrangers pour me diaboliser. Aujourd’hui, il ne me reste que mon honneur. »

5. Conséquences et Recommandations

Le cas de Jean-Marie Michel Mokoko illustre la répression politique sévère au Congo-Brazzaville et les violations des droits humains associées. Les répercussions de son emprisonnement sont profondes, affectant non seulement sa vie, mais aussi l’état de la démocratie dans le pays.

Appel à l’Action :

  • Libération Immédiate : Exiger la libération immédiate du général Mokoko et mettre fin à sa détention arbitraire.
  • Enquête Internationale : Lancer une enquête indépendante pour examiner les conditions de sa détention et les violations des droits humains.
  • Soutien aux Défenseurs des Droits : Renforcer le soutien aux organisations qui luttent pour les droits du général Mokoko et pour des réformes démocratiques au Congo-Brazzaville.

Conclusion :

Le sort de Jean-Marie Michel Mokoko est emblématique des abus de pouvoir au Congo-Brazzaville et des défis auxquels fait face la démocratie congolaise. Il est impératif que la communauté internationale intensifie ses efforts pour mettre fin à la répression politique et garantir la libération des prisonniers politiques, réaffirmant ainsi son engagement en faveur des droits humains et de la justice.

Congo-Brazzaville : Jean-Marie Michel Mokoko (Extrait du Rapport d’Enquête)

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