La focalisation actuelle sur la pandémie ne doit pas occulter les inquiétudes de nombreux patients qui voient leurs traitements menacés par les décisions récentes du gouvernement en matière de santé. En effet, malgré une opposition massive des patients, nous assistons depuis l’année dernière au déremboursement progressif de l’homéopathie. De manière générale, les médecines complémentaires et intégratives font l’objet en France d’une campagne de désinformation de la part de certains médias et institutions.
Les mêmes voix qui s’élevaient contre le remboursement par l’assurance maladie obligatoire des médecines complémentaires dénoncent à présent la prise en charge des soins non conventionnels (tels que l’homéopathie, l’acupuncture ou l’ostéopathie) par les complémentaires santé au prétexte qu’ils n’auraient pas fait la preuve de leur efficacité. De telles prises de position sont non seulement en contradiction avec l’expérience des patients mais également avec les enjeux de santé publique actuels.
En effet, la surconsommation de médicaments n’est pas sans conséquence. Outre l’impact négatif sur notre santé, elle entraîne une contamination de l’environnement (Rapport « Médicaments et environnement » publié en 2019 par l’Académie de Pharmacie). Des résidus de substances médicamenteuses : antibiotiques, antalgiques, anti-inflammatoires, psychotropes et perturbateurs endocriniens, sont ainsi retrouvés en grande quantité dans les eaux souterraines et les eaux de surface. Contrairement aux médicaments de la médecine conventionnelle, les thérapeutiques des médecines complémentaires et intégratives sont des médecines écologiques et n’ont aucun effet délétère sur l’environnement. Elles permettent, de plus, de réduire la surconsommation de médicaments.
Pour les patients que nous sommes, usagers des médecines complémentaires et intégratives : journalistes, avocats, médecins et praticiens de santé, ouvriers, artistes, enseignants, salariés de tous bords, étudiants, retraités, faire entendre notre voix est devenu une urgence de santé publique.
D’abord parce que derrière ce débat, il y a nos expériences individuelles, trop souvent passées sous silence. Ensuite, parce que les critiques à l’égard de ces médecines sont souvent fallacieuses et ne correspondent pas à ce que nous vivons en tant que patients.
Un jour, il a été diagnostiqué, à nous-mêmes ou à nos proches, un cancer, une maladie auto-immune, une maladie chronique grave, incurable. Notre espérance de vie a été évaluée à quelques mois, quelques années. Certains d’entre nous ont même été découragés d’avoir des enfants, d’entreprendre des voyages, d’exercer telle ou telle profession… Nous avons refusé la perspective d’un avenir sans projets de vie et avons fait appel à l’homéopathie ou à la médecine anthroposophique en complément des traitements conventionnels. Beaucoup d’entre nous ont ainsi pu fonder une famille, concrétiser leurs aspirations professionnelles, conserver leur qualité de vie, dans la dignité.
En cas de cancer notamment, ces médecines complémentaires et intégratives nous ont permis de mieux supporter les traitements lourds. De manière générale, ces médecines rendent d’importants services au système de soins, tant en prévention qu’en traitement des pathologies. Elles participent à la baisse de l’antibiorésistance et à la diminution de la consommation de psychotropes, de corticoïdes et d’anti-inflammatoires. Elles offrent des solutions aux patients fragiles (femmes enceintes, enfants en bas âge et personnes âgées) ainsi qu’en cas d’absence de propositions thérapeutiques conventionnelles.
Ces médecines ne nous considèrent pas comme de simples machines à réparer. Elles ne se concentrent pas uniquement sur la maladie mais prennent en compte toute notre individualité. Avec ces médecines, nous devenons co-acteurs de notre santé et de nos traitements.
Nous ne sommes pas crédules, ni désespérés, ni miraculés. Nous sommes des patients informés qui voulons mettre toutes les chances de notre côté pour promouvoir ou recouvrer notre santé.
Les traitements dont nous parlons ne sont pas de simples remèdes de grand-mère. Il s’agit de thérapeutiques éprouvées et évaluées. La médecine anthroposophique, notamment, a fait l’objet de nombreuses études dont certaines publiées dans des revues scientifiques de renom. Notre texte intitulé « Non à l’exclusion des médecines complémentaires : le cri d’alarme de 534 patients », accessible sur le site de pétitions en ligne change.org (LIEN VERS LA PETITION), documente, références scientifiques à l’appui, le caractère indispensable des médecines complémentaires et intégratives dans notre système de santé.
Nous sommes très étonnés du dénigrement médiatique que subit la médecine anthroposophique (https://livre-blanc-medecine-anthroposophique.fr/) et qui conduit à une véritable désinformation. Nous avons été choqués de voir que, même dans les médias du service public, beaucoup de mensonges sont relayés, manifestement sans aucune vérification. La médecine anthroposophique est présentée comme une secte alors même qu’un jugement définitif a expressément ordonné son retrait du guide Santé et dérives sectaires de la Miviludes[1]. Elle est également régulièrement accusée à tort d’être anti-vaccin alors qu’elle considère la vaccination parmi les mesures préventives indispensables à la bonne santé.
Les médecines complémentaires et intégratives doivent rester un droit pour tous et ne pas devenir un luxe. Comme nous, chaque malade en France, riche ou pauvre, doit pouvoir accéder librement aux médecines complémentaires et intégratives de son choix. Et cela passe par le maintien du remboursement des traitements homéopathiques, dont, rappelons-le, le coût est minime pour la collectivité (environ 0,69% du budget de l’Assurance maladie) et le bénéfice majeur pour notre santé.
Signataires :
Hasna Louzé, avocate
Anja Vogel, journaliste
Françoise Schöller, journaliste réalisatrice
Georges Yoram Federmann, psychiatre
Robert Kempenich, médecin
Jacques Kopferschmitt, professeur émérite de la faculté de médecine de Strasbourg
Laurent Hincker, avocat
David Mardell, ancien haut fonctionnaire du Conseil de l’Europe
Yolaine Huet, secrétaire médicale
Clairette Huet, retraitée
Nathan Lewkowicz
Els Janssens, neurologue
Olivier Hubaud, médecin
Lucien Oulahbib, sociologue, politiste, auteur littéraire
Jean-Lionel Bagot, médecin
Charles Bentz, médecin
Marie-Laure Batard, dermatologue
Benoît Mullenbach, chef de projet
Patrick Depoers, médecin
Julien Eschermann,médecin
Hervé Barbeau, masseur kinésithérapeute
Thierry Pick, conférencier
Nathalie Stevens, pharmacienne
Christian Latriche, médecin
Patrick Aufrère, médecin
Edelmann Claudine, infirmière retraitée
Hernando Salcedo Fidalgo, médecin
Alain Roy, professeur émérite de l'Université
Samia Khennous, avocate
Justine Perez, étudiante éducatrice spécialisée
Ken Bruno, assistant d’édition
Claudine Laurent, secrétaire
Bernard Perez, responsable d’exploitation
Meryem Fechtane, assistante de langues
Cécile Karner, étudiante
Paul Gaillard, comédien
Hélène Morelli, comédienne
Georgette Dupont, retraitée
Thomas Mardell, comédien
Fadma Abouali, retraitée
Mohamed Louze, retraité
Arnaud Angibeaud, mécanicien
Maryse Messelis, enseignante retraitée
Michel Messelis, urbaniste retraité
Noïka Paradis, danseuse
Lyz Friedrich
Andréa-Iris Petit-Friedrich
Fabien Allait, assistant parlementaire
Charles Cohen, médecin
Barbara Johnson-Ferguson, traductrice
Franck Ledoux, médecin
Souad El Massnaoui, enseignante
Khaled Louze, ingénieur
Grégory Thuan Dit Dieudonne, avocat
Raymond Oster, retraité - ancien producteur à France 3 Alsace et Radio France
Alain Dreval, médecin spécialiste en gynécologie-obstétrique retraité
Tiffany Biet-Johnson, avocate
Déborah Diallo, avocate
Sophia Kugel, manipulatrice radio
Petra Kunze, ophtalmologue
Aurélie Choné, Maîtresse de conférences
[1] Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires