Dans son discours sur l’état de l’Union, la présidente von der Leyen a reconnu la crise sociale en Europe et la nécessité d’une compétitivité équitable – mais sans l’autonomisation économique et politique des Roms, l’économie et la démocratie européennes resteront incomplètes, a averti la Roma Foundation for Europe (RFE).
Tout en saluant la Loi sur les emplois de qualité, la Stratégie européenne de lutte contre la pauvreté et les nouveaux dispositifs sur l’accessibilité et le coût de la vie comme des engagements importants, la RFE a prévenu que leur succès dépendra de leur capacité à atteindre ceux qui sont le plus exclus du travail et de la sécurité.
« L’exclusion économique n’est pas une question de minorité mais une menace pour les fondements mêmes du projet européen », a déclaré Neda Korunovska, vice-présidente pour l’analyse et les résultats de la Roma Foundation for Europe.
Comme le montre le récent rapport de la RFE, le coût économique de la marginalisation des Roms est immense. « Atteindre la parité en matière d’emploi pourrait générer jusqu’à 10 milliards d’euros de PIB supplémentaire chaque année dans l’UE. Rien qu’en Roumanie, la parité produirait 10,3 milliards d’euros de PIB par an, soit une augmentation de 2,3 %. En Bulgarie, le gain serait de 1,95 milliard d’euros (2,07 % du PIB), et en Slovaquie de 3,49 milliards d’euros (plus de 10 % du PIB) », a-t-elle ajouté.
Pour combler ces écarts, la RFE recommande que :
La Loi sur les emplois de qualité crée de véritables passerelles vers un emploi formel et décent. Aujourd’hui, seuls 43 % des adultes roms ont un emploi, et à peine 28 % des femmes roms. Réduire cet écart est crucial si l’Europe veut réellement être compétitive et ne pas se priver du talent de sa minorité la plus jeune et la plus dynamique.
De plus, la Stratégie européenne de lutte contre la pauvreté répond à un besoin pressant. 56 % des jeunes Roms ne sont ni en formation, ni en emploi, ni en études – soit près de cinq fois la moyenne européenne de 11,7 %. Sans une action ambitieuse en matière de formation et de suppression des barrières structurelles à l’emploi, l’Europe ne pourra pas atteindre ses objectifs de réduction de la pauvreté.
Par ailleurs, les mesures sur l’accessibilité et le coût de la vie doivent être pensées en tenant compte de ménages comme les familles roms. Dans le sondage de la RFE réalisé en 2024, les Roms ont identifié le coût de la vie (21 %) et le chômage (11 %) comme leurs principales préoccupations.
La RFE salue également l’annonce de la création d’un Centre européen pour la résilience démocratique. Pour les Roms, les élections ont trop souvent signifié pressions, intimidations et désormais désinformation, alors même qu’ils figurent parmi les plus fervents partisans de l’UE. Pour être crédible, ce Centre devra donner la priorité à ceux qui continuent de croire en l’Europe même lorsque celle-ci les déçoit, et renforcer leurs voix.