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Billet de blog 14 octobre 2024

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La cohésion sociale, clé du parcours européen de la Moldavie

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

D'Ana REVENCO, Directrice du Centre de Communication Stratégique et de Lutte contre la Désinformation 

Le 20 octobre, les moldaves se prononceront lors d’un référendum sur leur future adhésion à l’Union européenne. Un vote en faveur du « oui » modifiera la constitution de la Moldavie, mais ce référendum a une portée bien plus profonde. C’est le moment pour le peuple moldave de décider s’il considère son pays comme faisant partie de la famille européenne. La légitimité du parcours européen de la Moldavie reposera sur cette décision, faisant de ce vote un point crucial dans l’histoire de la nation.

Ce référendum ne se déroule pas en vase clos. Le contexte dans lequel il a lieu le rend particulièrement significatif. Partout en Europe, la confiance dans le projet européen vacille. Les récentes élections régionales en Allemagne illustrent comment les voix extrémistes ont gagné du terrain dans de nombreux pays, soulevant des questions sur l’avenir de l’unité européenne. Dans le même temps, la Moldavie reste un champ de bataille pour la machine de manipulation russe, avec des efforts visant à saper les valeurs démocratiques et à affaiblir les liens de la Moldavie avec l’Europe.

Dans un environnement aussi tendu, un vote en faveur du « oui » lors de ce référendum enverrait un message fort – un signal que les valeurs de démocratie, de liberté et d’unité sont toujours vivantes. Cela montrerait que, malgré les pressions extérieures, la Moldavie reste ferme dans son engagement envers l’Europe.

L’un des principaux défis auxquelles la Moldavie est confrontée à l’approche du scrutin est la menace de manipulation et d’ingérence des informations étrangères (FIMI). Au Centre de Communication Stratégique, nous reconnaissons que la désinformation n’est qu’une partie d’une stratégie plus large utilisée par la Russie pour déstabiliser les ambitions européennes de la Moldavie. Cette stratégie va au-delà des « fake news » et englobe toute une série de tactiques destinées à éroder la confiance dans l'avenir européen de la Moldavie – semant le doute, présentant des demi-vérités et manipulant les faits.

Cette ingérence étrangère ne se limite pas à influencer le référendum lui-même. L’objectif est d’affaiblir la cohésion sociale nécessaire pour naviguer dans le processus complexe de l’intégration européenne. Le chemin de la Moldavie vers l’Europe ne s’arrêtera pas avec ce vote – l’intégration européenne nécessite des années de travail acharné, de décisions difficiles et de changements significatifs. Le pays aura besoin d’une forte unité sociale pour rester sur la bonne voie. C’est pourquoi l’ingérence étrangère est si dangereuse – elle sape les fondements mêmes sur lesquels repose l’avenir de la Moldavie.

La lutte contre la menace de manipulation et d’ingérence des informations étrangères  (FIMI) fait partie d’un combat plus large et continu pour protéger la démocratie. À une époque de communication instantanée et de guerre numérique, les menaces contre la démocratie ont évolué. Il ne s’agit plus seulement de propagande évidente, mais de manipulations subtiles visant à affaiblir les liens qui maintiennent les sociétés unies. Cela rend la défense de la démocratie un défi permanent, nécessitant une adaptation constante.

L’une des principales innovations dans notre lutte contre la FIMI a été le renforcement de la communication et de la coopération entre l’État, les médias indépendants et la société civile. Nous appelons cela une approche « globale de la société ». L’État, à lui seul, ne peut contrer efficacement la manipulation subtile et la désinformation ; il a besoin de l’aide d’autres voix crédibles. Les médias et la société civile jouent des rôles essentiels dans la formation de l’opinion publique et la construction de la confiance. Sans leur implication, nos efforts seraient limités.

Cette collaboration est essentielle, car la confiance dans le gouvernement s’est érodée au fil du temps. L’État peut fournir les faits, mais ce sont les médias et la société civile qui peuvent faire en sorte que ces faits résonnent auprès du public. Il s'agit de créer un front uni pour contrer les forces de désinformation qui sèment la discorde.

Même avec la meilleure stratégie de communication, rétablir la confiance dans les institutions démocratiques de la Moldavie sera un chemin long et difficile. Les réponses ne sont pas nouvelles – ce sont les mêmes principes qui ont toujours soutenu la démocratie : transparence, honnêteté et un système judiciaire solide.

Le référendum en Moldavie est bien plus qu’un simple vote sur l’intégration Européenne. C’est un test de la résilience et de l’unité du pays face aux pressions extérieures. C’est une occasion pour le peuple moldave de montrer au monde qu’il est attaché aux valeurs de démocratie, de liberté et d’unité européenne. Le chemin à venir sera difficile, mais la Moldavie peut surmonter les défis et assurer sa place en Europe.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.