Le pain se faisant rare dans l'assiette, voilà un des déclencheurs des récentes révoltes / révolutions dans le moyen-Orient. C'est nommer de manière simple un problème bien complexe et qui ne trouve finalement qu'assez peu sa cause dans les groupes / familles / clans dominant encore récemment ces pays.
Pourquoi le prix du blé, base de l'alimentation des pays pauvres, a-t-il doublé en une année ? Les dictateurs locaux ont-ils (eu) une part de responsabilité dans cette envolée ?
Eh bien non ! Evidemment, pour chaque dollar de ressource locale, la moitié disparaissait usuellement dans leur poche sans fond, mais le phénomène n'était pas nouveau et même assez traditionnel ; Je suis même certain que, vu la situation ambiante, certains potentats n'aient diminué leurs "prétentions" sur l'argent public, quitte même à mettre, la mort dans l'âme, la main à la poche afin de tenter de sauvegarder le contrôle de ce qui pouvait encore être contrôlé. L'Egypte a ainsi acheté récemment, à prix d'or, d'énormes quantités de blé Européen afin de poursuivre la politique dite de la "galette subventionnée".
Les envolées récentes des cours des céréales sont dues principalement à trois facteurs :
1) Une offre en baisse, suite aux nombreux phénomènes météorologiques de l'année écoulée qui ont décimé les récoltes
2) Une demande des pays émergents et des biocarburants en hausse
3) Une spéculation sur les prix, tirée par le "problème" du Dollar, de la politique monétaire déflationniste des USA, reprise partout ailleurs, engendrant des capitaux énormes à la recherche de plus-value faciles
Il est donc difficile de retrouver une cause locale à ces révoltes du pain, les pays se soulevant n'étant ni exportateurs, ni spéculateurs... Et voilà pourquoi Ben Ali, Moubarak, Kadhafi... et probablement d'autres trouvent leur sort bien injuste. Ce n'est pas que les révolutions soient injustes, bien au contraire, les dictateurs ayant assez profité de ressources qui devaient revenir au peuple, c'est que le "timing" de ces évenements dépasse largement leur responsabilité.
Et qui peut-on apercevoir derrière ces révolutions du pain, en coulisse, faisant semblant chaque jour de s'en étonner voire même de les encourager ?
L'Oncle Sam, les spéculateurs et leurs intermédiaires banquiers, fonds de pension et autres assureurs.. Qui avancent masqués, comme à leur habitude !
Et voilà pourquoi les dictateurs gesticulent, dénoncent et menacent les vrais responsables avant, n'écoutant que leur courage, de quitter le navire précipitamment. Il ne faut quand même pas tout perdre à force de trop avoir gagné !
Hélas, je suis prêt à parier que la fuite des responsables ne changera pas grand chose à la situation, ces derniers ayant pris soin de vider un peu plus les caisses de l'Etat pour remplir un peu plus les caisses de leur avion. Les spéculateurs sont, quant à eux, toujours fidèles à leur poste aussi tant que les politiques n'auront pas dressé de barrières infranchissables entre certains pans de l'économie sociale, dont les matières premières, et l'argent, la "dernière révolte du pain" ne sera qu'une utopie !