Tsipras à Moscou ; il suffit de lire les commentaires du Monde pour voir combien tout le monde en veut à Tsipras pour son rapprochement avec la Russie. On peut comprendre de telles réactions du citoyen qui a peur de l'ogre russe. On conviendra des penchants autoritaires et belliqueux inacceptables de Poutine, et de la préoccupation de voir l'UE divisée face à son dérangeant voisin.
Mais n'est-il pas naïf d'imaginer la Grèce se complaire dans l'isolement ? Au moment même où elle sent profondément la strangulation de la zone Euro, qui lui demande de cracher le cash qu'elle n'a pas, et d'approfondir l'austérité calamiteuse, comment peut-on être surpris de voir Tsipras chercher des soutiens ailleurs ? Sans même être un soutien de poids, ni même univoque, à la puissance russe, c'est aussi et surtout un pieds de nez et un avertissmeent à Bruxelles : si vous ne souhaitez pas être plus avenant dans la négociation, nous sommes en mesure de saborder la symphonie européenne et de nous trouver de nouveaux partenaires. (Oui, j'ai découvert qu'en grec, "accord" se dit "symphonia" ; ça pourrait être beau, n'est-ce pas ?)
Condamner la visite de Tsipras à Moscou, c'est se tromper de responsable. Si l'Union Européenne souhaitait vraiment être une force diplomatique et géopolitique, il lui faudrait être unie. Si elle voulait être unie, avoir l'aval des pays membres, il n'est pas recommandé de se donner à l'égard de ses périphéries toutes les apparences d'une puissance coloniale.