L'armée sri-lankaise semble avoir lancé, depuis quelques semaines, l'assaut final contre les Tigres Tamouls. Ce mouvement de rébellion lancé au Nord et à l'Est du pays, dès 1972 - un des plus longs conflits en Asie - , par des indépendantistes en quête d'autodétermination vis-à-vis du gouvernement cinghalais a provoqué la mort de plus de 70 000 personnes avec un regain des combats depuis 2005.
A l'autre bout de la terre, dans une autre île - la Grande Bretagne - , une chanteuse d'origine sri lankaise soulève l'enthousiasme de très nombreux fans et tout particulièrement de Caroline que je remercie ici pour m'avoir permis cette belle découverte musicale. Mathangi "Maya" Arulpragasam , AKA M.I.A., est une artiste protéïforme : auteure, chanteuse, graphiste, vidéaste, designeuse, productrice de disques. Elle assure une sorte de synthèse des sons de cette Babel musicale qu'est Londres grâce à la venue d'émigrés de tous horizons ; sa musique allie le hip hop, le dancehall jamaïcain, l'électro, mais aussi les musiques traditionnelles tamouls.
M.I.A. est une chanteuse engagée. Elle le doit probablement à son expérience personnelle. Tout bébé, elle et sa famille rentre à Sri Lanka pour suivre le père qui devient un membre influent de l'organisation étudiante de soutien aux indépendantistes tamouls. Il s'en suit de nombreuses pérégrinations liées aux violences croissantes que connaît l'île et un exil vers l'Inde puis le retour en Grande-Bretagne. Elle y acquiert une formation artistique dans le domaine des arts visuels tout en s'intéressant au mouvement hip hop. En 2003, elle sort son premier album en autoproduction : le flashy Galang (voir video ci dessous). Les paroles de ses chansons lui valent d'être censurée par certaines chaînes musicales et les relations de sa famille avec le mouvement des Tigres Tamouls sont probablement à l'origine d'un refus de visa pour une tournée aux USA.
En postant un nouveau morceau en 2007 sur Youtube avec le titre "Bird flu" - grippe aviaire - MIA a certainement voulu frappé les esprits en empruntant un "buzzword" comme on les appelle outre-Manche , un de ces mots qui font parler d'eux dans l'actualité. Bird flu c'est la métaphore de cette chanson qui doit faire un malheur : "This beat gon kill everyone". Effectivement, elle nous invite à un trip tribal où les tambours indiens de la tradition tamoule le disputent aux éclaboussures sonores d'un sampling de gloussement de poule, probablement une première dans la musique électro! Les paroles de cette chanson sont largement autobiographiques : MIA ne se laissera pas amadouer par les "majors" et le business-branding qui entoure les stars internationales du hip hop. Elle continuera à produire ses "petits plats" musicaux épicés dans sa cuisine, traduction bien approximative de "stable" dans les lyrics, étable, pour rimer avec "I'm stable"...
Bonus track pour le plaisir de ces images vitaminées : Galang
http://fr.youtube.com/watch?v=BkTOsOUbDko