Voilà une pensée fugace et très futile qui a traversé mon esprit et qui me ramène aujourd'hui à mon blog musical : pourquoi faut-il que les garçons s'en aillent par trois dans les chansons?
Bien sûr, j'aurais dû me souvenir du tube du barde breton Alan Stivell : Tri Martelod. Il est question de trois marins qui jettent l'ancre de retour de Terre-Neuve et croisent une jeune demoiselle près d'un moulin alors qu'ils s'étaient promis de ne jamais se marier... et la chanson se termine sur cette pirouette invitant l'auditeur à imaginer la chute de l'histoire :
Echu eo ma jañson, (tra la la, la di ga dra)
Echu eo ma jañson, an hini 'oar 'c'hontinui
An hini 'oar 'c'hontinui, an hini 'oar 'c'hontinui
Et ma chanson est terminée, que celui qui sait la continue...
Poursuivons donc. Avec Aznavour, nous apprenons que la jeune fille s'appelle Mademoiselle Blanche. Près du moulin, elle était assise sur le gazon. Mais nous ne pouvons que constater que le pacte entre les garçons semble se fissurer. Et les mots doux s'envolent tandis que le plus hardi continue sa route.
Remercions la Télé Suisse Romande, de nous livrer le dénouement de l'histoire avec Monique Morelli (si si) sur des paroles de Mac Orlan et une musique de Lino Leonardi.
http://archives.tsr.ch/player/chanson-morelli
Nous avons bien confirmation que la donzelle était près d'un moulin. Cependant foin de terre celtique; nous nous égarons en Seine-et-Marne, sur le Petit Morin, tandis que Blanche semble également répondre au prénom de Margot. Sommes-nous encore certains d'avoir à faire à des Terre-Neuvas? Ne seraient-ce pas plutôt des Compagnons du Tour de France? Et le garçon qui continue sa route après avoir conté fleurette à Blanche-Margot pourquoi est-il si pressé?
A peine arrivé à Toulon, le voilà embarqué de force pour une expédition en Chine. Mauvaise pêche : la morue salée a laissé place à l'esturgeon du Yang Tsé.
Il est étonnant d'entendre combien les morceaux du répertoire populaire s'enroulent les uns dans les autres pour écrire l'histoire de ces jeunes hommes aux semelles de vent. Mais le mystère reste entier. Pourquoi les garçons s'en vont par trois sur les routes de la chanson?
Clin d'oeil à C... le grand amateur du répertoire d'Aristide Bruant et consorts.