En laissant Cartola à Rio-de-Janeiro , il vous faudra monter vers le Nordeste pour espérer "choper" le courant des Caraïbes qui vous entrainera dans le golfe du Mexique. De là vous pourrez vous laisser porter par le Gulf Stream et avec un peu de chance échouer sur l'archipel dénudé des Féroé, un confetti de glaces et de rocs au Nord de l'Ecosse. On surfe sur le Net comme on se laisse conduire par la dérive des courants marins.
Ce soir, grâce à un article de Roland Gauron sur les Transmusicales de Rennes (du 3 au 6 décembre) , j'ai découvert un groupe plutôt étrange originaire des Iles Féroé : ORKA. Ces musiciens ont fabriqué leurs instruments par une nuit de Noël dans une ferme, à partir d'objets recyclés... Rien de très nouveau me diront mes amis férus de musique industrielle (ils se reconnaîtront) et de me citer les Allemands au nom impossible , les Einstürzende Neubauten. Mais leur son est vraiment original.
Ils viendront à Rennes avec les titres de leur album "Livandi Oyda" , "le désert en vie", belle métaphore pour le paysage de ces îles que l'on qualifie parfois paresseusement de "désolé. Mais pour vous donner un avant goût, mon choix se portera sur magnifique film d'animation réalisé par un Canadien Paul Whittington, sur lequel Orka a posé leur titre Í mínum æðrum, remixé par Deadverse.
Du coup, à contre-courant, vous remontez vers Deadverse, et un dénommé Dälek probablement installé à New York et qui produit une musique inclassable, entre hip-hop, punk, metal, house tendance Détroit et tout ce que vous voudrez. Ecoutez ce puissant flow (encore une métaphore marine empruntée par la musique).
Et puis, comme il y en aura toujours qui regretteront d'avoir quitté les douceurs amères des tropiques, nous écouterons le plus bahianais des Cariocas (ou l'inverse) : Dorival Caymmi , né à Salvador de Bahia en 1914 mais dont toute la carrière se déroula à Rio où il est mort l'été dernier.
Nous voici donc revenu au point de départ, à moins que nous nous soyons entre temps noyés dans un océan de musique :
qu'il est doux de mourir en mer, dit la chanson... E doce morrer no mar.