Voici un billet juste pour le plaisir de partager une des belles voix du moment. Voici deux ans qu'Alela Diane a sorti son premier album "The Pirate's gospel" dont est tirée cette chanson "Tired foot". Un prochain album de cette chanteuse californienne de 25 ans est attendu pour le printemps.
My tired feet, my tired, tired feet My tired feet, my tired, tired feet My tired feet brought me to that red boat so still in foreign waters And although I’ve never been here, although I’ve never been here I know that here I’ve swam before, here I’ve swam before Soon I came, so soon I came Soon I came, so soon I came Soon I came to the silent place of choir voices In Excelsis Day on Where Jesus he keeps the street out Jesus he keeps the heat out Jesus he keeps the noise out And here, oh, here I’ve sung before Here, oh, here I’ve sung beforeI know that here I’ve sung before Here I’ve sat, I’ve run, I’ve walked, I’ve cried Oh! I’ve died, I’ve slept in till noon, and I’ve laughed, I’ve sighed
Here I’ve sung before…
Cette voix singulière n'est pas sans rappeler pour ceux qui la connaissent la chanteuse folk Natalie Merchant. Car c'est bien le folk qui inspire ses compositions ; mais une version West coast si on peut dire, influencée par la pop psychédélique californienne, moelleuse comme chez les Beach Boys.
Moins en prise, également, avec le fonds culturel et le contexte social - l'exode des campagnes appalachiennes vers des villes déshumanisantes et, plus tard, le déclin industriel de la rusted belt - qui marque de son empreinte l'univers du folk à l'Est, c'est une musique des pionniers, de ceux qui arrivant pour la première fois sur la nouvelle "Frontier", l'Océan Pacifique, déclarent comme illuminés :
Here I’ve swam before… / Ici, j'ai déjà nagé, autrefois...
En entendant ces paroles à forte résonance religieuse voire mystique, comment ne pas penser à la métaphore de l'Ancien Testament si présente durant la seconde moitié du 19e siècle chez les Pionniers. L'ombre de Moïse accompagne ceux qui débarquent entre le Massachusetts et la Virginie dans leur dure et incertaine traversée du continent américain vers la Terre promise, cette opulente Californie que l'on découvre soudain, au terme d'efforts surhumains, depuis les dernières crêtes de la Sierra Nevada.
Here I’ve sat, I’ve run, I’ve walked, I’ve cried / Ici je me suis assise, j'ai couru, j'ai marché, j'ai pleuré
Oh! I’ve died, I’ve slept in till noon, and I’ve laughed, I’ve sighed / Oh! j'y suis morte, j'ai dormi jusqu'à midi, et j'ai ri, j'ai poussé un soupir.
Here I’ve sung before…/ Ici, j'ai déjà chanté...
Voici encore une occasion pour souligner le remarquable travail effectué par la Blogothèque et ses "Concerts à emporter". Des Take away tournés en ville et en son réel... ces moments qui, parce que tout n'est pas maîtrisé comme en studio, réservent de miraculeuses surprises comme ces cloches de Notre-Dame qui semblent bénir le gospel d'Alela Diane.
Et pour tous ceux qui veulent retrouver cette histoire entrelacée avec des références bibliques, je recommande le western métaphorique de Michel Tournier : Eléazar ou La Source et le Buisson (Paris : Gallimard, 1996).
Cette fois-ci, merci à Christophe E. pour cette belle découverte.