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Billet de blog 20 janvier 2009

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Obama et l'Afrique : les griots ... et les autres

Voici le jour tant attendu par des millions de citoyens ... africains.

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Voici le jour tant attendu par des millions de citoyens ... africains.

Le moment qui scelle les retrouvailles entre l'Afrique et l'Amérique noire. Pourtant, qui est Obama? un afro-américain? mais il ne compte pas d'esclave parmi son ascendance. Un fils d'émigré, puisque son père est kenyan? Mais en fait ce dernier a très vite quitté le domicile familial et Barack a été élevé par sa "grannie", blanche, à Hawai. En fait, ce qui est bien avec le nouveau président, c'est que tout le monde peut le faire sien... un bien public mondial en quelque sorte... enfin tant que durera l'état de grâce.

Tout le monde chante les louanges du 44ème président des USA : un orchestre de mariachi pousse un "Viva Obama" sur un air endiablé de cumbia, le flow déterminé des chanteurs de Rap ou encore les accents graves et de révolte du griot rocker Bruce Springsteen. Et dire que The Boss, c'est son surnom, a été très critique vis à vis de Georges W. Bush alors même que celui-ci avait utilisé sa chanson "Born in the USA" (une critique de la guerre du Vietnam visiblement pas comprise... cela en dit long sur la culture du personnage) pendant sa campagne de 1988 : pas reconnaissant pour un sou, Bruce! Barack a également son griot américano-kenyan, comme lui : c'est le groupe Extra Golden.

Ce groupe s'est formé à Nairobi en 2004 autour d'une rencontre amicale entre le rock et le benga, un genre musical contemporain au Kenya, électrifiant les rythmes traditionnels. Les riffs des guitares de ce groupe ont très rapidement rencontré le succès et Extra Golden a été rapidement lancé sur la scène américaine où ils se produisent régulièrement. L'été dernier, ils sont allé de leur soutien au candidat Obama avec cette chanson entraînante.

En Afrique, et plus généralement dans le "monde noir" - avec beaucoup de guillemets -, les intellectuels se demandent quels changements peut entraîner l'élection d'un président noir à la Maison Blanche.

Grace au réseau des amis, en l'occurrence Patrick à Lubumbashi et Alain à Bruxelles - qu'ils en soient remerciés -, voici deux contributions.

La première est de Mia Couto, un écrivain mozambicain. Mia Couto est né de parents portugais établis dans cette ancienne colonie lusophone. Il est donc blanc, quel joli effet miroir par rapport à Barack Obama. Son oeuvre, reconnue maintenant dans le monde entier, est influencée par le réalisme magique sud-américain.

La seconde contribution présentée dans ce billet est de l'écrivain antillais Raphaël Confiant. Né en Martinique, l'auteur de la Savane des pétrifications est un ardent soutien de la créolité (Bernabé J., Chamoiseau P., Confiant R. , L'éloge de la créolité, essai, 1989) tant dans sa dimension culturelle, car il écrit dans les langues française et créole, que dans sa dimension politique par son soutien, notamment, au mouvement des Indigènes de la république.

Voici donc deux textes qui interrogent le retentissement de cette élection dans l'espace américano-africain (pour ne pas employer le terme connoté d'afro-américain) sur deux registres qui se rejoignent parfois mais qui s'éloignent également dans leur critique d'une attente de l'homme providentiel. Pour R. Confiant, l'Empire américain reste un empire dont il ne faut rien attendre tandis que M. Couto appelle les Africains à la lutte pour créer sur le continent noir les conditions d'un événement comme celui que vient de connaître les Etats-Unis.

A vous donc de vous faire une opinion et peut-être de verser de nouvelles pièces (y compris musicales) au dossier.

Raphael Confiant :

Mia Couto :

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