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Billet de blog 21 décembre 2008

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Nkosi sikeleli Afrika

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

2008 a été une année difficile en Afrique australe. Des nuages obscurcissent le ciel de la nation Arc-en-Ciel depuis les violences xénophobes qui ont embrasé les townships en mai jusqu'à la scission de l'ANC suite à l'éviction du président Thabo Mbeki. Au Zimbabwe voisin, les élections présidentielles n'ont pas permis de sortir le pays de l'anomie dans lequel il s'enfonce depuis une dizaine d'année. Robert Mugabe n'est toujours pas prêt à quitter le pouvoir et le choléra qui s'est déclaré ces derniers mois ne peut être endigué en raison d'un système de santé totalement désorganisé.

Pour garder courage, on entonnera Nkosi Sikelel'i Afrika : Que Dieu bénisse l'Afrique.

Cet hymne composé en 1897 en langue Xhosa par Enoch Sontonga à Johannesbourg, sera repris par l'African National Congress fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire face à la domination blanche anglo-afrikaner. Cet hymne sera traduit dans plusieurs des très nombreuses langues de l'Afrique du Sud : Zoulou, Sotho, ... Il deviendra l'hymne des manifestations de protestation contre l'apartheid à l'exemple de la vidéo mise en exergue de ce billet et qui rassemble tout ce que le pays compte de musiciens : Myriam Makeba évidemment mais également le trompettiste Hugh Masekela, le groupe vocal masculin Ladysmith Black Mambazo et même Paul Simon qui les fit connaître grâce à son album Graceland, un des premiers succès mondiaux de la worldmusic, etc. Il deviendra l'hymne des indépendances ; une version en swahili (Mungu ibariki Afrika) sera adoptée par la Tanzanie pour son hymne national, ainsi qu'en Zambie (Stand and sing of Zambia, proud and free).

Depuis 1997, Nkosi... a été fondu avec l'ancien hymne "Die Stem van Suid Afrika " (l'appel de l'Afrique du Sud en afrikaner) dans le nouvel hymne national.

Si les années 1970 constituent pour l'Afrique du Sud un pic dans le combat contre l'apartheid - avec les émeutes de Soweto en 1976 - cette même décennie voit aboutir la guérilla pour l'indépendance de la Rhodésie qui deviendra le Zimbabwe en 1980 avec l'arrivée au pouvoir de Robert Mugabe. Ce combat est connu sous le nom de seconde Chimurenga, la lutte entre langue Shona. Le Chimuranga a eu son barde : Thomas Mapfumo qui composa de nombreux chants révolutionnaires appelant au renversement par la violence du gouvernement en place ("Mothers, send your sons to war").

Mapfumo (né en 1945) a créé un style, connu sous l'appellation de "Chimurenga music", à partir de la musique traditionnelle (avec la fameuse Mbira - un piano à pouce - et des percussions à base de calebasse ) et des apports occidentaux, notamment la guitare électrique. Aujourd'hui Mapfumo vit en exil aux Etats-Unis, son pays ne lui offrant plus les conditions pour y faire grandir en paix ses enfants. Si sa musique a un peu perdu de son rythme pulsé, marque l'urgence des années chimurenga, il reste toujours la même indignation contre l'oppression et la sonorité si apaisante de la mbira, comme dans cette chanson "Kuvarira Mukati" (souffrir en silence).

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