Depuis plusieurs semaines, la colère gronde chez les usagers réguliers du train dont je fais partie. En cause, les retards répétés. Guillaume Pepy, le directeur de la SNCF, a tenté de désamorcer le malaise croissant. Il propose un plan de rénovation sur 12 lignes particulièrement mal en point.
Me permettrai-je de suggérer à la société nationale un plan de choc : passer en boucle dans les gares la très belle samba "Trem das onze". L'effet est garanti surtout dans la version qu'en donne Gal Costa.
Le "Train de onze heures" est un standard brésilien que l'on doit au sambiste Adoniran Barbosa (1912-1982), originaire de Sao Paolo.
Là où la version d'Adoniran est tonique à l'image de la capitale économique et industrielle du pays, Gal Costa livrait en 1973 une interprétation toute en langueur. A croire que les trains ne vont pas au même rythme à Rio où Gal Costa a posé ses valises dans les années 1960. C'est que la samba a entretemps rencontré Joao Gilberto et sa bossa nova. Autant dire qu'aucun train ne peut y résister.
Il est question d'un dernier train à ne pas rater, au risque de devoir attendre le prochain train le lendemain et d'inquiéter plus que de raison sa maman dont on est le fils unique. Cas de force majeure, vous en conviendrez. Pourtant, avec Gal Costa, on a vraiment l'impression que l'amoureux fait durer la minute de plus qu'il s'interdit de prendre.
Un bon conseil aux lecteurs de Mediapart et futurs usagers de la SNCF : téléchargez la version de Gal Costa et dès que le panneau affichant le départ des trains annonce un retard, ne tardez pas à passer le morceau sur votre bal(l)adeur. Et chantez à tue tête dans la gare aux courants d'air : Não posso ficar, Não posso ficar ... je ne peux pas rester, je ne peux pas rester!