Avocat engagé dans la défense des sapeurs-pompiers, et pompier volontaire moi-même depuis 9 ans, j’ai vu, vécu et ressenti de l’intérieur ce que signifient le manque d’effectifs, les moyens insuffisants, la fatigue, l’usure, les risques, les répercussions sur la vie de famille. Enchaîner nuits blanches et travail, tomber d'épuisement, gérer le stress, les traumatismes, le plus souvent seul, et continuer quand même, parce que c'est un métier de passion.
Aujourd’hui, je lance cette pétition pour demander la création d’un fonds national d’intervention dédié au financement des SDIS. Ce fonds est indispensable pour garantir un service de sécurité civile à la hauteur des enjeux. Cette demande s’adresse directement au Ministre de l’Intérieur, seul à même d’impulser une réforme structurelle à l’échelle de l’État. Il est urgent d’agir : pour nos pompiers, pour leur sécurité, pour la nôtre.
🚨 Une sécurité civile à bout de souffle
Depuis plusieurs années, les pompiers et pompières de France font face à des défis de plus en plus lourds, qui compromettent leur mission essentielle de protection des personnes, des biens et de l’environnement.
Ces cinq dernières années, 150 centres de secours ont fermé, allongeant gravement les délais d’intervention, au risque de vies humaines (France Inter, Malaise chez les pompiers : multiplication des plaintes contre leur hiérarchie, 5 avril 2025).
Dans le même temps, 273 suicides ont été recensés en six ans parmi les pompiers et pompières (France Bleu, Ces suicides de pompiers qui ne sont pas officiellement recensés, 12 mars 2025). Ce chiffre alarmant, et sûrement en deçà de la réalité, témoigne d’un mal-être profond, aggravé par des conditions de travail éprouvantes et un manque de soutien psychologique.
Les violences envers les soldats du feu sont par ailleurs incessantes : des armes blanches aux tirs de mortiers, les agressions ont augmenté de 279% entre 2008 et 2018, passant de 899 à 3411 (Fondation IFRAP, Des statistiques d’agression des sapeurs-pompiers en trompe l’œil, 10 mai 2022).
Malgré les mesures prises, 4430 agressions de sapeurs-pompiers ont été déclarées en 2023, à l'origine de 1030 jours d'arrêt de travail (Ministère de l'intérieur, Les statistiques des SDIS, édition 2024). Et ces chiffres, déjà alarmants, ne reflètent qu’une partie de la réalité, de nombreuses agressions ne donnant lieu à aucun dépôt de plainte.
À ces violences s’ajoutent des accidents graves et une montée des contentieux liés à des faits de harcèlement, de discriminations, de mise en danger, …
Le suicide du caporal-chef Cyrille Minard, qui a conduit à la mise en examen pour homicide involontaire de l'ancien directeur du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de l'Isère, illustre tragiquement ces dérives (France info, Trois ans après le suicide d'un caporal-chef, des perquisitions menées dans les locaux des pompiers en Isère, 30 mai 2024).
Autre drame : celui de Gabian, où une mauvaise gestion opérationnelle a coûté la vie au caporal Jérémy Beier et blessé trois pompiers, entraînant la condamnation pénale du directeur départemental (France Bleu, Prison ferme pour l'ancien patron des pompiers de l'Hérault, huit ans après le drame de Gabian, 27 mars 2025).
Manque de moyens, allongement des délais d'interventions, flambée des contentieux, agressions croissantes, pic de suicides, accidents mortels, ...
Combien de drames faudra-t-il encore ?
Dans trop de départements, les ressources humaines, juridiques, psychologiques et matérielles, sont insuffisantes pour prévenir ces situations ou y répondre, alors même que l'activité opérationnelle augmente sans cesse, passant de 3,6 millions d'interventions en 2002 à 4,8 millions d'interventions en 2021.
La situation est connue : l'Inspection générale de l'administration a souligné dans son rapport d'octobre 2022 que le système de financement est "à bout de souffle", appelant à la création d'un fonds d'intervention national pour les SDIS, permettant de rétablir l’effort de l’Etat pour l’aide à l’investissement (IGA, Rapport sur le financement des services départementaux d'incendie et de secours : réalisations - défis - perspectives, page 80).
À cela s'ajoutent les fautes, individuelles ou structurelles, qui mettent en péril non seulement les agents, mais les fondements mêmes du service public.
Pourtant, la mobilisation existe.
Certains Services départementaux d'incendie et de secours ont systématisé les plaintes et la mise en place de la protection fonctionnelle à chaque agression, pour mieux protéger leurs soldats du feu.
D'autres syndicats, tel que le Syndicat des Sapeurs-Pompiers Volontaires de France, accompagnent des centaines de pompiers et pompières victimes de harcèlement moral et sexuel, d'agressions, … Ainsi qu'en témoigne son secrétaire général, Bruno Ménard, acculé par les sollicitations croissantes.
Des lanceurs d'alerte, tel que l'Adjudant-chef Brahim Ouared Bida dans le SDIS 62, bravent les menaces de mort pour dénoncer de multiples manquements aux devoir de probité (Mediapart, Des pompiers sonnent l’alarme sur le racisme décomplexé dans leurs rangs, 17 mars 2025).
Institutions, syndicats, pompiers de tous grades se mobilisent - soutenons-les.
Il ne s’agit pas d’un constat de défaite, mais d’un appel lucide à repenser un modèle qui ne tient plus. Pour un modèle plus juste, éthique, résilient.
Demandons une réforme globale de la sécurité civile, à commencer par la création d'un fonds national d’intervention pour les SDIS, afin de garantir un financement pérenne, piloté à l’échelle de l’État, pour répondre aux urgences opérationnelles, humaines et matérielles.
🎯 Ce fonds permettrait, comme le souligne l'Inspection générale de l'administration, de redonner souffle et sens à notre modèle de sécurité civile, en engageant concrètement des mesures pour :
- Renforcer les moyens humains, matériels, juridiques, psychologiques ;
- Sécuriser les interventions ;
- Combattre le harcèlement, les discriminations, les atteintes à la probité, ...
✅ Ce que permettra votre signature
Si cette pétition aboutit, les SDIS disposeront enfin d’un fonds national dédié, capable de financer les véhicules, équipements et ressources humaines indispensables. Cela veut dire, concrètement :
- Des engins opérationnels en bon état,
- Des tenues décontaminées pour réduire le risque de cancers,
- Des gilets pare-lames pour protéger les pompiers agressés,
- Plus de de psychologues et de juristes pour accompagner les pompiers et les SDIS face aux chocs, aux conflits ou aux violences,
- Des moyens d’enquêter sérieusement quand il y a des fautes ou des drames, ...
C’est la condition pour travailler en sécurité, restaurer la confiance, et éviter qu’un nouveau drame comme celui de Gabian ne se reproduise. Et reconnaître la valeur du métier et redonner de la dignité à celles et ceux qui s’engagent au péril de leur santé.
⚠️ Et si rien ne change ?
Sans ce fonds, les mêmes causes produiront les mêmes effets :
- Des interventions risquées avec du matériel défaillant,
- Des soldats du feu exposés, seuls, sans accompagnement,
- De nouveaux suicides, de nouveaux morts au feu,
- De nombreux cancers professionnels,
- Des services publics désorganisés, jusqu’à l’épuisement total.
🖊️ Appel à l’action
👉 Signez la pétition pour exiger une réforme de la sécurité civile
📣 Partagez-la largement autour de vous, dans vos réseaux, dans vos casernes, auprès de vos élus
🎙️ Interpelez les décideurs : votre voix compte pour celles et ceux qui n’ont plus la force de crier
➡️ https://www.change.org/pompiers-et-pompières-en-souffrance