MACRON : dangers de la banalisation de l’extrême droite et diabolisation du NFP
PARTIE 1
Le Président Macron entretient la confusion et brouille les idées politiques. Contrairement à ce qu’il veut faire croire, le NFP n’est pas d’extrême gauche mais le RN est authentiquement d’extrême droite et représente un danger pour La République et la société.
E. Macron a renforcé le RN en banalisant ses idées. Il ne tient pas compte, pour La République et La Démocratie, des dangers et de la violence réels inhérents à l’extrême droite et diabolise la gauche sur fond de «Trahison des clercs ».
I Le NFP n’est pas d’extrême gauche, le RN est d’extrême droite
I 1 Le NFP n’est pas d’extrême gauche
Ø Intolérance et violence : pas d’équivalence extrême droite / extrême gauche
Un article de Johan Lepage (professeur de psychologie sociale) dans la revue universitaire The Conversation (1), nous éclaire sur le moindre danger représenté par l’extrême gauche par rapport à l’extrême droite :
« Plusieurs décennies de recherche en psychologie sociale montrent invariablement que plus les personnes sont de droite, plus elles sont intolérantes (par exemple, racisme, sexisme, homophobie, antisémitisme). À l’inverse, plus les personnes sont de gauche, plus elles sont tolérantes.
Cette différence entre les personnes de gauche et de droite s’observe jusqu’au phénomène de déshumanisation, un mécanisme psychologique par lequel des personnes sont perçues comme moins « humaines » et, par conséquent, ne sont pas pleinement prises en compte sur le plan moral.
Un système de « déshumanisation flagrante ... explique un large ensemble d’attitudes hostiles, notamment les préjugés racistes, le rejet du soutien aux personnes migrantes, la justification des injustices, le militarisme, le soutien à la torture, le soutien à des représailles violentes après une attaque, un moindre souci pour les victimes civiles d’un conflit quand elles appartiennent à un groupe de faible statut.
Les attitudes autoritaires, plus précisément l’autoritarisme de droite et l’orientation à la dominance sociale, sont les prédicteurs les plus robustes de la déshumanisation : plus les personnes ont des scores élevés aux échelles de mesure de ces attitudes, plus elles présentent une propension à la déshumanisation, une préférence pour la droite politique, et une inclination à la violence intergroupe.
Une récente étude montre que l’hostilité des personnes de droite envers les personnes de gauche est plus importante que l’hostilité des personnes de gauche envers les personnes de droite. L’hostilité la plus forte est observée chez les personnes d’extrême droite.
En 1954, Gordon Allport [ enseignant-chercheur en psychologie de la personnalité à Harvard ] a défini les préjugés comme une hostilité injustifiée qui se manifeste par la discrimination, l’exploitation, et des crimes de haine. Il n’y a pas de préjugés inoffensifs, les préjugés sont des réponses viscérales émotionnelles négatives provoquant des comportements hostiles ».
Vivienne Badaan et John T. Jost, chercheurs en psychologie sociale (l’une à l’université américaine de Beyrouth l’autre à l’université de New York), rappellent que, « dans cette tradition de la psychologie sociale, les préjugés sont un problème social sérieux qu’il convient d’analyser et de traiter».
Les psycho-sociologues mettent en exergue l’« Asymétrie dans les crimes de haine : Les crimes de haine sont des actes violents commis contre des personnes en raison de leur appartenance (réelle ou supposée) à un certain groupe social. Si l’intensité des préjugés est équivalente à gauche et à droite du continuum politique, les crimes de haine commis contre les minorités ethniques, religieuses et sexuelles (qui sont détestées de manière disproportionnée par les personnes de droite) devraient être aussi fréquents que les crimes de haine commis contre les groupes avantagés (que les personnes de gauche sont supposées détester de manière disproportionnée).
Vivienne Badaan et John T. Jost ont analysé les statistiques sur les crimes de haine commis aux États- Unis sur la période 1996-2018. Or, les données montrent que les crimes de haine contre les minorités sont beaucoup plus fréquents que les crimes de haine contre les groupes favorisés. Si l’on part du principe que les crimes de haine sont la conséquence directe de préjugés extrêmes, il apparaît que les individus de droite sont beaucoup plus enclins à des formes extrêmes de préjugés (infra-humanisation, déshumanisation animalistique, déshumanisation flagrante notamment) que les personnes de gauche...la recherche en neurosciences montre que les réponses neurophysiologiques d’empathie sont plus faibles chez les personnes de droite par rapport aux personnes de gauche. D’autres travaux soutiennent l’idée que l’empathie exerce une influence causale sur les attitudes autoritaires, le conservatisme et les préjugés intergroupes ».
« Dans leur ensemble, les travaux présentés dans cet article montrent qu’il n’y a aucune équivalence entre « les extrêmes ». Plus les personnes présentent un déficit d’empathie, un niveau élevé d’autoritarisme, de préjugés, de déshumanisation, de violence intergroupe, plus elles se situent à droite ; plus les personnes présentent un souci empathique, un niveau faible d’autoritarisme, de préjugés, de déshumanisation, de violence intergroupe, plus elles se situent à gauche. « Les extrêmes » s’opposent dans leur conception de la justice sociale, leur souci pour autrui, les non humains, et l’environnement.
Ces traits s’objectivent dans la surreprésentation de l’extrême droite dans les crimes de haine et le terrorisme (des années de plomb à aujourd’hui) ; et dans la surreprésentation de l’extrême gauche dans les initiatives de lutte pour la justice sociale, de solidarité envers les personnes les plus vulnérables (comme les personnes migrantes), les initiatives de défense des droits, des libertés, de l’environnement.
Une critique consiste à pointer les exactions commises au XXe siècle au nom de certaines idéologies de gauche. Toutefois la recherche en psychologie sociale suggère que cette violence soit le fait de personnes « de droite ».
« Par exemple, une série d’études menée en Union soviétique montre que plus les personnes ont un score élevé à l’échelle d’autoritarisme de droite, plus elles soutiennent le régime soviétique, rejettent les dissidents politiques, et sont intolérantes (sexisme, racisme, antisémitisme notamment).
Les résultats montrent également que les membres du parti communiste russe ont des scores plus élevés à l’échelle d’autoritarisme de droite que les membres des autres organisations ».
Selon Bob Altemeyer (chercheur en psychologie sociale à l’université du Manitoba), « l’alliance entre des leaders à forte orientation à la dominance sociale et des subordonnés autoritaires de droite représente une « union létale » car elle augmente fortement le risque de violence politique, les premiers appelant à l’action violente, les seconds passant à l’acte ».
Les régimes totalitaires, qu’ils se disent de droite ou de gauche, reposent tous sur la déshumanisation criminelle et l’autoritarisme.
Ø Le NFP appartient à la gauche et non à l’extrême gauche
Ce qui vaut ici pour l’extrême gauche vaut à fortiori pour la gauche.
Norberto Bobbio philosophe italien (1909-2004) considère l’égalité comme « étoile polaire de la gauche ». Spécialiste de la philosophie politique et du droit, il démontre que la démocratie implique la mise en œuvre effective des Droits de l’Homme et la recherche de la paix.
Dans son ouvrage de 1994 intitulé « Droite et Gauche » (2) il précise la distinction qui est toujours pertinente, « fondée sur un critère unique : «l’attitude qu’adoptent les hommes vivant en société face à l’idéal d’égalité qui est, avec la liberté et la paix, une des fins ultimes qu’ils se proposent d’atteindre et pour lesquelles ils sont prêts à se battre. L’égalité serait donc, en première approche, ce qui caractérise la gauche ».
Le philosophe et journaliste Roger-Pol Droit résume la pensée de N.Bobbio (3) : « La gauche n'a qu'une raison d'être, une "étoile Polaire": la réduction des inégalités. Elle voit d'abord ce que les hommes ont en commun. Ce qui sépare et hiérarchise les différences de fortune, de pouvoir, de culture peut toujours être réduit, voire supprimé, en tout cas surmonté. La droite, au contraire, souligne en premier lieu ce qui distingue les individus. Elle considère leurs inégalités comme naturelles, ou construites de si longue date qu'elles sont presque immuables. Même si elle peut juger injustes ou néfastes ces disparités, leur existence demeure à ses yeux globalement stimulante ».
L’égalité est la reconnaissance de droits sociaux à côté des libertés, valeur considérée elle aussi comme suprême et qui concerne la presse l’expression, l’association etc.
En cela la gauche se nourrit et défend les principes de liberté d’égalité et de fraternité issue de la révolution de 1789 contre l’absolutisme royal, et devise officielle de la République française depuis l'article 4 de la Constitution de 1848 (deuxième République).
« La gauche défend l’universalité des droits de l’Homme. Depuis 1945 que l’accès aux droits sociaux est une condition du respect des droits fondamentaux dus à n’importe quelle personne, quelle que soit sa nationalité. Les étrangers ont besoin d’accéder à des droits tels que les aides médicales ou au logement, sans lesquels ils se retrouveraient matériellement mis au ban et en situation de discrimination » (4).
Le NFP, Nouveau Front Populaire, est composé du PS du PC des Verts et de LFI qui ne sont pas qualifiés d’extrême gauche par le Conseil d’État. Cela ressort en effet de l’arrêt du 14 mars 2024 suite à recours du RN contre la circulaire du 16 août 2023 du ministre de l'intérieur relative à l'attribution des nuances politiques aux candidats aux élections sénatoriales 2023.
L’arrêt du Conseil d’État du 14 mars 2024 (5) précise que «en attribuant la nuance Gauche " aux formations politiques " Parti communiste français " et " La France insoumise", la circulaire ministérielle en cause ne méconnaît pas le principe d’égalité ».
Il résulte de cette décision qu’aucun des partis composant le NFP n’est d’extrême gauche mais de gauche.
I 2 Le RN est d’extrême droite : un danger pour La République et la société
Ø Les marqueurs de l’extrême droite
Le principal marqueur de l’extrême droite est « la remise en cause, voire la négation, du principe de l’égalité de nature entre les Hommes, pourtant fondamental en Occident, en faveur de la croyance en un déterminisme biologique qui toucherait toutes les dimensions de la personne humaine (ses qualités et ses défauts, ses capacités intellectuelles et physiques, etc.) »(6).
La notion de peuple lié par un même sang complète de présupposé d’inégalité des humains.
De plus, est mise en exergue une « opposition fondamentale entre un « nous » et un « eux », qui engendre une série de postures « anti » (anti-immigrés, antimusulmans, anti-Roms, antisémites, anticommuniste, antiélitistes, antimodernes, antimondialistes, etc.), et un nationalisme agressif ». Les tenants des idéologies d’extrême droite estiment que le peuple, soi-disant confronté à de nombreux ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur tramant de redoutables complots destinés à le détruire, devrait faire appel à un homme fort, ou à un État (quasi) dictatorial, seul capable de le protéger et de rétablir l’ordre ancestral bouleversé. Dans ce contexte, le recours à la violence est présenté comme légitime, alors que les principes et le mode de fonctionnement de la démocratie libérale sont récusés dans leur ensemble ».
Ø Origine du RN / FN et Algérie française
Le FN de Jean-Marie Le Pen, père de Marine présidente du RN, fut cofondé par Pierre Bousquet, ancien Waffen-SS au sein de la division Charlemagne, sur fond de relents vichystes et pétainistes persistants.
- La journaliste Linh-Lan Dao indique sur France Info le 13 juin 2024 : « Le Front national (FN), ancêtre du RN, a bien compté parmi ses premiers membres d'anciens soldats affiliés à l'armée allemande du IIIe Reich et des miliciens pétainistes ».
Ce parti trouve son inspiration notamment auprès de « L’Action française » (AF), mouvement politique français nationaliste et royaliste d'extrême-droite,« fondé par l’écrivain monarchiste Charles Maurras (1868-1952), antidreyfusard et antisémite notoire ».
Durant la seconde guerre mondiale, on citera Darquier de Pellepoix, commissaire aux « Questions juives » qui a débuté sa carrière dans le sillage de l’Action française et y a trouvé ses soutiens. Ses violentes campagnes antisémites des années 1936-1939 ont constamment été soutenues par l’AF. Malgré cela, « alors même que ses conceptions antijuives sont appliquées et que ses disciples sont au pouvoir, L’AF dénonce régulièrement les insuffisances supposées de la législation antisémite ». Dix jours après le débarquement de Normandie, Charles Maurras serine encore que « la juiverie continue à étendre ses tentacules sur le monde » (6).
Maurras a dénoncé « des terroristes maquisards contre lesquels il faut répondre par une « légitime contre-terreur » (cf « Menaces juives » journal de L’AF 2 févier 1944 in Revue d’histoire moderne & contemporaine 2012/4). Quelques jours plus tard, le banquier Pierre Worms...est assassiné par la Milice ( 7 ).
La haine de l’extrême droite pour les Droits de l’Homme est allée jusqu’à un « fait d’arme » sordide, l’assassinat en 1944, du philosophe Victor Basch président et l'un des fondateurs de la Ligue française pour la Défense des Droits de l'Homme et du Citoyen, et de son épouse par la Milice de Lyon. Tous deux étaient âgés de 81 ans. Cet assassinat a été perpétré par Joseph Lécussan, ancien militant de l’AF passé par la Cagoule, le commissariat général aux questions juives, puis la Milice.
« La Cagoule» est une organisation clandestine paramilitaire d'extrême-droite, créée en 1936 désignée sous le nom de «Cagoule» car ses membres portent une cagoule lors de manifestations. Les organisateurs, notamment Eugène Deloncle et Jean Filiol, sont des anciens de l’action française de Charles Maurras. Les Cagoulards ont mené des actions terroristes, des meurtres et tentent de renverser le gouvernement du Front Populaire de Léon Blum, ce qui ressort du procès de cette officine qui s’est tenu après-guerre en 1948. (8).
Actuellement, c’est la question de l’influence de «l’ Algérie française » qui est cruciale pour comprendre l’idéologie et l’audience du parti lepéniste. L’historien Benjamin Stora y voit la source d’un imaginaire puissant contre les « indigènes ». C’est le terreau particulièrement profond de la haine des Arabes (cf l’historien Fabrice Riceputi - 9).
«Après1962, l’extrême droite a trouvé l’occasion de se débarrasser du stigmate de la collaboration, en trouvant un nouveau bouc émissaire idéal dans la figure de l’immigré arabe musulman .. appuyée pour cela sur une fraction de la société française qui a très mal vécu l’indépendance ...là où les pieds-noirs se sont installés en masse, cette matrice paraît incontestable. Aujourd’hui encore, outre l’espace francilien, les dégradations de lieux de culte musulmans se concentrent dans un triangle Toulouse-Lyon-Marseille...ce passé a fait l’objet de nombreuses controverses publiques mais n’a pas été véritablement purgé… le déni des crimes coloniaux ont imprégné les principales forces politiques de ce pays » (9) .
Ce n’est que dans années 1980 que Le FN, à la fin de la période économiquement faste des Trente Glorieuses, que la «préférence nationale » a désigné les personnes immigrées comme bouc émissaires de la crise économique.
Ce thème a été popularisé ensuite par le RN mais aussi repris par la droite. Cette stratégie politique s’est développée lors des élections municipales de mars 1983, portant le parti lepéniste à 11 % lors des élections européennes de 1984.
L’historien Laurent Joly montre que « Le RN est d’extrême droite à cause de sa focalisation sur l’identité et les immigrés ».
On notera également une étrange connexion d’E. Macron avec le royalisme tel que le laisse supposer sa déclaration retracée par le journal Politis. Ainsi, : « Alors ministre de l’économie, Emmanuel Macron avait surpris en déclarant en juillet 2015, dans un entretien à l’hebdomadaire le 1 : « La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple n’a pas voulu la mort (…). ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction » (9 bis).
Ø Le RN est d‘extrême droite : autoritarisme racisme domination sans empathie
Le Rassemblement national est un danger pour notre société en ce qu’il est un parti d’extrême droite prônant une idéologie raciste, antisémite et suprémaciste.
Les tentatives de dissimulation de son idéologie par ce parti à des fins électoralistes ont été déjouées par le Conseil d’État. Comme indiqué plus haut, la haute juridiction a rejeté le 14 mars 2024, la requête du RN visant à ne plus être classé à « l’extrême droite » dans la circulaire ministérielle attribuant par l’Etat, des nuances politiques aux candidats aux élections pour la répartition des résultats entre les différents blocs.
Cet arrêt précise d’ailleurs que « en rattachant la nuance politique " Rassemblement national " au bloc de clivages " extrême droite ", la circulaire attaquée ne méconnaît pas le principe de sincérité du scrutin, que l'attribution d'une nuance politique différente de l'étiquette politique n'affecte pas, et n'est pas entachée d'aucune erreur manifeste d'appréciation. Elle ne méconnaît pas davantage, en tout état de cause, le principe d'égalité en procédant à un tel rattachement, tout en attribuant la nuance " Gauche " aux formations politiques " Parti communiste français " et " La France insoumise ".
Selon Johan Lepage, enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’Université Grenoble Alpes), « Certains individus ont-ils un penchant pour l’autoritarisme ? » (10) : « Les sociétés humaines produisent des inégalités particulièrement marquées. Une conséquence de la sévérité, du partage inéquitable des ressources et de l’oppression dans les sociétés humaines est un niveau élevé de conflit entre des forces sociales qui accentuent la hiérarchie, comme le racisme ou le sexisme, et d’autres qui atténuent la hiérarchie, comme le socialisme ou le féminisme ».
J. Lepage cite le biologiste américain Robert Sapolsky, qui enseigne la neurologie à la prestigieuse université californienne de Stanford, et selon lequel :« rien dans la socialité animale n’implique une forme de domination aussi agressive que l’invention humaine de la pauvreté ».
Selon les travaux d’enquête du philosophe et sociologue Theodor W. Adorno, dans le but de la compréhension de la montée du nazisme dans l’Allemagne des années 1930 : « une personnalité autoritaire est marquée par le conformisme, la soumission à l’autorité, l’hostilité, l’agression, superstition, rigidité mentale, attrait pour l’exercice du pouvoir, cynisme, croyance en un monde dangereux. Ces tendances sont provoquées par une vulnérabilité émotionnelle héritée d’une éducation parentale punitive ».
« Les personnes autoritaires ont une sensibilité religieuse, traditionaliste et conservatrice. Elles valorisent le contrôle social et soutiennent le droit des autorités à utiliser la force contre les personnes dont le comportement constituerait une menace pour la sécurité et l’ordre ; elles ont davantage tendance à promouvoir l’utilisation de la violence par les institutions (par exemple, le recours à la peine de mort), par les forces de sécurité, et par des individus privés (lynchage notamment) ».
«Les personnes à forte dominance sociale ont un faible souci pour l’équité et le bien-être d’autrui. Elles valorisent la compétition et soutiennent le droit de leur groupe à exercer une domination sur les autres groupes ; elles ont davantage tendance à prendre des décisions contraires à l’éthique, à enfreindre la loi, à utiliser l’intimidation, le harcèlement voire l’agression pour atteindre leurs objectifs ».
Avec l’autoritarisme de droite, l’orientation à la dominance est le prédicteur le plus robuste d’un large ensemble de phénomènes politiques : racisme, sexisme, homophobie, persécution ethnique, conservatisme politique, soutien à la peine de mort, militarisme, nationalisme. Un aspect commun substantiel à ces deux attitudes autoritaires est l’agressivité contre les groupes subordonnés ».
«L’orientation à la dominance sociale est quant à elle associée à un déficit d’empathie, comme le montre notamment une étude basée sur l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) publiée par Joan Chiao [ professeur en neurosciences à l’université d’Harvard-directrice de l’International Cultural Neuroscience Consortium] et ses collègues. L’IRMf permet d’enregistrer l’activité du cerveau pendant qu’une tâche est réalisée. Chez les participants ayant des scores élevés à l’échelle d’orientation à la dominance sociale, les chercheurs ont observé une réponse plus faible à la détresse d’autrui au niveau de régions cérébrales importantes pour l’empathie». (« L’IRMf » pour fonctionnelle, permet de mesurer l'activité cérébrale dans différentes régions et d'identifier les communications – on parle de connectivités fonctionnelles).
Ces éléments illustrent les mécanismes psycho-sociaux fondement de l’extrême droite.
Ø Utilisation et justification de la violence
Selon le Huffington post du 9 juillet 2024 (11), « Après les législatives le site d’extrême droite « réseau libre » appelle à tuer des parlementaires de gauche / Manuel Bompard, Alexis Corbière, Rachel Keke, Ian Brossat et l’avocat Yassine Bouzrou figurent notamment sur cette liste de Réseau Libre.
Mise en ligne ce lundi 8 juillet [2024], la publication, intitulée « Laissez les 95 % de connards crever, mais faites-vous plaisir ! », est accompagnée d’une illustration d’un homme au visage dissimulé, utilisant un sniper. Le texte appelle à « attaquer régulièrement » des « cibles qui assument leur statut d’ennemis », comme « des avocats, journalistes, associatifs et politicards de second ordre », peut-on lire sur ce site d’extrême- droite hébergé en Russie.
Le texte invite à les tuer pour « se protéger ». Il détaille même les méthodes possibles : « arme à feu, couteau de cuisine, arbalète, voire un manche de pioche ».
« On a une petite vie bien rangée en apparence (…) et régulièrement on chope un ennemi et on le neutralise une bonne fois pour toutes. Avec toute la haine qu’il nous inspire. On le massacre et on le laisse bien en vue pour qu’il serve d’exemple. Une vengeance et un plaisir énorme », est-il écrit dans ce texte.
En dessous de ce message, les adresses de plusieurs personnalités de gauche de premier plan ont été révélées avec cette consigne : « on chope l’ennemi et on le neutralise une bonne fois pour toutes ».
« La semaine précédente, le site avait déjà suscité beaucoup de réactions en publiant une liste d’une centaine d’avocats à éliminer. Il était reproché à ces « pourritures » et à ces « vermines en robe noire » d’avoir signé une tribune dans Marianne appelant à faire barrage au Rassemblement national, au nom de la fidélité aux « principes du droit, des libertés fondamentales et des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité ».
La profession s’était rapidement mobilisée pour soutenir les avocats concernés, et le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, avait fermement condamné ces menaces. Le bâtonnier de Paris, Pierre Hoffman, avait aussitôt déposé une plainte.
Face à ce nouvel appel à la haine ce lundi, l’association des avocats pénalistes a réitéré son « soutien inconditionnel aux confrères menacés ». « On aurait pu croire que la campagne achevée, les sinistres enragés regagneraient leur tanière. Mais les ignobles appels au meurtre d’avocats continuent, avec en outre la révélation de leur adresse personnelle ».
Ces faits ne semblent pas avoir entraîné de condamnation du président Macron ou de la présidente de l’assemblée nationale alors que sont visés notamment des élus de La république et des avocats (Madame Braun-Pivet étant d’ailleurs une ancienne avocate).
Plus récemment, dans le journal Le Parisien du 23 juillet 2023 (12), la militante écologiste Camille Étienne indique porter plainte contre le site d’ultradroite « Réseau libre » après des menaces de mort.
Elle est désignée « cible à abattre d’une balle dans la nuque » par le site, encore aux côtés de plusieurs avocats, politiques et journalistes. « Mon adresse tourne sur des boucles WhatsApp », écrit-elle, « disant avoir déjà reçu une « lettre de menace » sur son paillasson ».
Pour l’heure on ne connaît pas l’identité des personnes se cachant derrière ce réseau, le parquet national antiterroriste étant saisi de l’affaire.