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Conseiller municipal de Guingamp. Ancien secrétaire général de la Confédération européenne des petites villes. Jeune leader politique local 2022 du Comité européen des Régions

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Billet de blog 1 octobre 2025

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De l'audace pour refonder la gauche française

En dix ans, le macronisme est à bout de souffle. L’extrême droite progresse. La gauche française, elle, se divise morcelée et inaudible. En Europe, elle s'isole. Les trains passent, les gens se lassent. À quai, on perd en masse. Je ne peux m'y résoudre. Par Tugdual Le Lay, Conseiller Municipal et d’Agglomération à Guingamp.

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Il y a eu la taxe robot, le revenu universel... L’audace d’ouvrir de beaux débats sur l’Europe, le travail, la place du capital, la redistribution – des richesses ou du temps libéré. Un élan qui obligeait à anticiper, à penser large, utile, pour aujourd’hui et demain. On a proposé un Printemps européen, premier parti pan-européen avec Yanis Varoufakis, Elly Schlein ou Agneszka Bak. Depuis 2017, j’ai beaucoup donné à Gauche, avec Génération·s. J’y ai cru, sans lâcher, avec conviction. J’y ai porté des campagnes, une vision. 

Je me suis engagé pour ça : porter des idées, peser pleinement dans le débat, défendre l'Etat de droit, aider les gens, répondre concrètement aux grands défis de notre temps.

Dix ans de macronisme, le système est à bout de souffle. Il s’affranchit des urnes, passe en force ou se succède à lui-même. Plus il perd, plus il nomme des proches. « Pas d’alternative, sans moi c’est pire » entend-on dire. Comme si la situation actuelle ne venait pas de leurs choix passés. Comme s’ils allaient changer. L’extrême droite progresse, non parce qu’elle convainc, mais pour que l’abandon et l’ignorance qui blessent, cessent.

La gauche française, elle, se divise ; morcelée, inaudible. En Europe, elle s'isole. Plus la France se droitise, plus la gauche se divise et moins elle compte. Plus elle se compte, plus elle se parle à elle-même et moins elle se voit. Les trains passent, les gens se lassent. À quai, on perd en masse. Je ne peux m'y résoudre.

Génération·s n’y échappe pas : replié sur ses luttes internes, le parti a abandonné le champ européen en ne se présentant pas au dernier scrutin, autant qu’il a abandonné la représentativité de territoires ruraux – singulièrement en Bretagne, pourtant terre de gauche viscéralement européenne. Comme tant d’autres camarades avant moi et non des moindres, je constate : les slogans unitaires ne suffisent plus. L'Histoire ne s’écrit pas dans les cercles fermés. Elle peut y naître, souvent elle y meurt recroquevillée. Alors je prends mes responsabilités. À cette direction nationale et ce parti que je quitte, merci.

Je continuerai au service de mes convictions européennes et de gauche, ancrées en ruralité : justice sociale, service public de proximité, urgence climatique et libertés.

Je crois en cette gauche utile, de gouvernement, profondément ouverte et enracinée. En ce vent frais. En cette audace qui m'a fait m’engager. Je crois en la gauche qui assume, qui a le courage de s’extraire de ses cercles, de parler aux gens où ils sont, d’où qu’ils soient. Qui s’appuie sur ses élus, militants, travailleurs, intellectuels, fonctionnaires ou patrons. Une gauche qui sait ce qu’elle a à dire. Qui se fait entendre pour changer la vie des gens. Concrètement.

Ici, comme ailleurs, on crève du manque d’Europe politique ou de services publics, de santé, de logement abordable, d’emploi local non délocalisable. On rêve de protection, de grande décentralisation, de sauvegarde d’un patrimoine matériel et immatériel, de droit – y compris fiscal – à l’expérimentation. Pas d’égalité réelle sans équité constatée. L’espoir ? Un contrat social et citoyen : chacun contribue à hauteur de ce qu’il doit, selon ses moyens.

Je n’oublie rien – ni de l’espoir suscité, ni des camarades croisés. Je continuerai fidèle à mes convictions, ma terre et ses valeurs. L’espace que le Macronisme laisse vacant ne restera pas vide longtemps : la gauche de gouvernement rassemblée doit l’emporter pour éviter la droite extrême, décomplexée. Sortir de l’entre-soi, de nos divisions internes. Arrêter de ne se parler qu’à nous-mêmes. Pour changer. Pour redevenir cet espoir et cette audace ; ce vent frais. Un souffle d’avenir qui assume et qui inspire.

Tugdual LE LAY

Conseiller Municipal et d’Agglomération à Guingamp (Bretagne)

Ancien membre du Bureau national de Génération·s, Président du Collectif national, responsable Europe et référent en Bretagne

Ancien Secrétaire général de la Confédération européenne des petites villes

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